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Interview exclusive – Voitures-radar conduites par des privés : le ministère répond à nos questions (vidéo)

Dans Pratique / Radars

Stéphanie Fontaine , mis à jour

Lors de leur présentation à Évreux (Eure) la semaine dernière, Caradisiac est monté à bord de ces nouveaux mobiles-mobiles en compagnie du délégué interministériel à la Sécurité routière. Un moment propice pour engager la discussion… Mais Emmanuel Barbe n'avait, semble-t-il, aucune envie de répondre à certaines de nos questions. Voici notre interview dans son intégralité.

Interview exclusive – Voitures-radar conduites par des privés : le ministère répond à nos questions (vidéo)

C'est en Normandie, dans le département de l'Eure qu'à lieu actuellement l'expérimentation de six nouvelles voitures-radar. Selon la Sécurité routière, ces nouveaux radars mobiles-mobiles sont, contrairement à ceux qui sont actuellement en service, capables de fonctionner en toute autonomie, sans intervention humaine.

La présence des deux gendarmes ou policiers à bord jusque-là nécessaire pour le bon fonctionnement du système ne serait plus utile, et plus rien n'empêcherait donc le ministère de l'Intérieur de confier leur conduite à des sociétés privées. Le seul objectif de la présentation de ces nouveautés à la presse, vendredi dernier (24 février), à la Préfecture d'Évreux, était donc de démontrer que leur chauffeur n'avait rien d'autre à faire que de les conduire.

Pour nous en convaincre, nous avons tous été invités à monter quelques kilomètres à bord de l'une des trois voitures-radar présentées - toutes des nouvelles Peugeot 308, de couleur foncée. Caradisiac a profité de ce moment privilégié pour questionner le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe, qui n'était apparemment pas disposé à répondre à toutes nos questions.

Voici en exclusivité notre interview dans son intégralité, que l'on vous propose de découvrir en cinq séquences vidéo.

 

Monsieur Barbe, quel est le cadre de cette expérimentation ? Y a-t-il eu un marché public de lancé ?

Lors de cette journée de présentation, on nous a notamment laissé entendre que la société Fareco, qui vend ces mobiles-mobiles à l'État depuis 2012, avait été reconduite à la fin de son contrat initial (à l'été 2016) pour un an… Mais impossible d'en savoir plus ! Emmanuel Barbe s'est contenté de nous répondre que, bien sûr, un marché public avait été lancé, et que bien sûr "toutes les règles" avaient été respectées ! Pour le détail, il "ne "[se souvient] pas" !

 

Objectif quasi unique de Monsieur Barbe : nous convaincre que ces nouvelles voitures-radar peuvent flasher en toute autonomie

C'est la raison pour laquelle nous avons été invités à monter à bord de ces nouveautés. À l’intérieur, le délégué interministériel à la Sécurité routière avait ainsi à cœur de montrer que nous n'avions accès à aucune donnée, que le chauffeur ne pouvait donc pas se rendre compte du nombre de verbalisations potentiellement dressées en cours d'utilisation.

 

Combien de PV ont-ils été dressés en 2016 via les 383 mobiles-mobiles en service ?

À cette question non plus, le délégué interministériel à la Sécurité routière n'avait apparemment aucune envie de répondre. Il s'est donc contenté de rester vague, en évoquant quelque "2 millions" de flashs. Mais, comme on le sait, tous les déclenchements des radars automatiques - quels qu'ils soient - ne se transforment pas en avis de contravention. Un nombre non négligeable de clichés part ainsi à la poubelle (photos floues ou mal cadrées, deux-roues pris de face, etc.).

 

Les approximations de Monsieur Barbe suffisent toutefois à confirmer en partie nos propres estimations, soit que les voitures-radar ont dû générer quelque 1,5 million de PV l'an dernier.

 

Raison supplémentaire pour la Sécurité routière d'accepter ces nouvelles voitures-radar : leur soi-disant marge de tolérance particulièrement élevée… "Faux !", répond Caradisiac

Dixit Emmanuel Barbe, la tolérance des mobiles-mobiles est au moins de 10 km/h… En clair, ceux qui se font prendre sont de toute façon très au-dessus de la vitesse limite. Sauf que c'est loin d'être toujours vrai, méfiez-vous ! Même si ce n'est pas systématique - ni prévisible -, il est tout à fait possible de se faire flasher pour un seul kilomètre/heure de trop par les radars automatiques, quels qu'ils soient !

 

Comme l'a révélé Caradisiac, il y a déjà quelques années, cette marge d'erreurs - de 10 km/h jusqu'à 100 km/h et de 10 % à une vitesse supérieure en ce qui concerne les radars mobiles - n'est aucunement une marge de tolérance appliquée au bénéfice des conducteurs. Il s'agit "d'erreurs maximales tolérées", des "EMT", appliquées aux radars. Ces EMT varient en fait d'un instrument à un autre. Et quand un radar est utilisé à poste fixe, les EMT sont par exemple abaissées à 5 km/h ou à 5 % en fonction de la vitesse à laquelle roulent les véhicules contrôlés.

Et dans les deux cas, il ne s'agit aucunement d'une tolérance ! Cela veut simplement dire que les radars, lors de leur vérification annuelle, seront considérés comme aptes pour le service dès lors qu'ils ne se tromperont pas davantage que les EMT à respecter. Pour les mobiles, ceux-ci ont donc le droit de se tromper jusqu'à 10 km/h de plus quand le véhicule contrôlé roule à une vitesse inférieure ou égale à 100 km/h, et jusqu'à 10 % de plus pour une vitesse supérieure.

Pour prendre un exemple très concret, si une voiture  roule à 91 km/h sur une Nationale limitée à 90 km/h, le radar mobile-mobile a le droit de la voir à… 101 km/h ! Attention, ce n'est aucunement systématique. De fait, rien ne permet de savoir de combien le radar s'est éventuellement trompé au moment du contrôle.

La seule chose que l'on peut affirmer - si l'on part du principe que le radar ne dysfonctionne pas, qu'il est correctement utilisé et installé - c'est que s'il s'est déclenché, c'est bien que le véhicule flashé roulait au minimum 1 km/h trop vite par rapport à la vitesse autorisée ! Point.

 

Quand la Sécurité routière pense-t-elle pouvoir choisir la ou les sociétés privées à qui sera confiée la conduite de ces nouvelles voitures radars ?

Emmanuel Barbe n'a là non plus donné aucune information précise, se contentant d'assurer qu'aucun marché ne serait lancé tant que la nouvelle conception de ces voitures-radar n'aurait pas été validée et qu'on ne serait pas certain de leur bon fonctionnement. Concrètement, faut-il en déduire qu'il compte patienter jusqu'à leur homologation ? Mystère… Réponse au plus tard dans quelques mois.

 

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