Installer des bornes de recharge peut ne rien coûter aux copropriétés, mais ça ne va pas durer
D’ici cinq ans les autorités estiment que le nombre de véhicules électriques en circulation va quadrupler en France. Il apparaît urgent d’équiper les immeubles en bornes de recharges, d’autant qu’il est possible de le faire pour zéro euro.
« Je roule en électrique et il m’est indispensable de disposer d’une borne de recharge à domicile ». Comme Sylvain Grataloup, président de l’UNPI (association de défense des propriétaires), « la majorité des propriétaires rechargent leurs voitures hybrides et électriques à domicile » selon ENGIE.
Avec de sérieuses variations que l’on habite en maison ou en immeuble. « 90 % des conducteurs habitant une maison individuelle » rechargent leur véhicule à domicile contre « 53 % des automobilistes résidant en appartement » détaille l’énergéticien. L’habitat collectif, manquant sérieusement d’infrastructures.
Les copropriétés sous équipées
Selon le dernier baromètre national sur la recharge en résidentiel collectif diffusé par l’AVERE ce 5 novembre 2024, la France ne compte que 9 988 immeubles équipés d’une infrastructure de recharge. Soit moins de 4 % du parc immobilier collectif national. Le total atteint péniblement les 12 % en y incluant les 32 051 autres copropriétés en attente d’installation. Le niveau d’équipement « progresse de 8,77 % depuis le deuxième trimestre 2024 » tempère l’AVERE. Reste que 88 % du parc résidentiel collectif de dispose d’aucune borne de recharge. Ce qui représente 237 000 immeubles sur l’ensemble de l’Hexagone et près de 8 millions de places de stationnements en copropriété. Un sérieux frein à l’électrification du parc automobile. Alors même que la recharge à domicile revient entre deux et trois fois moins cher que sur une borne publique.
Des propriétaires frileux
Oui, mais voilà, « aborder la question d’équiper un parking d’immeuble en bornes » revient à ouvrir la boîte de pandore souligne Olivier Princivalle, président de la FNAIM du Grand Paris. « Il faut informer, lever les craintes, et souvent concilier des points de vue très différents entre ceux qui ont une voiture électrique et ceux qui ont une thermique, ou pas de voiture du tout et qui disent ne pas vouloir payer pour les autres » rappelle Sylvain Grataloup.
Avec l’électrique il faut changer de paradigme. Les acteurs de l’immobilier sont unanimes. « L’habitat doit répondre à de nouvelles normes environnementales, mais aussi sociales. Les copropriétés doivent être en phase avec cette transition » explique Sylvain Grataloup. Et de prendre l’exemple de la rénovation énergétique des logements devenue indispensable pour valoriser la valeur de son logement. Il en est de même avec l’équipement des parkings en bornes électriques. « Cela permet de conserver l’attractivité d’un bien ». Une réflexion qui se heurte aux questions de financement.
Des aides aux infrastructures jusqu’en 2027
Le tarif moyen d’une borne électrique en immeuble collectif est de 3 500 €, travaux compris. Toutefois, le prix d’installation d’une borne de recharge pour véhicule électrique en copropriété varie fortement selon l’option choisie (individuelle ou collective/partagée) et l’état de l’installation électrique dans le garage ou sur le parking (distance du tableau général, nécessité de procéder à une remise aux normes, etc.).
Si les travaux sont engagés directement par la copropriété, l’investissement est généralement élevé, mais les propriétaires peuvent bénéficier dans le cadre d’une installation effectuée dans le cadre du programme ADVENIR piloté par l’AVERE, d’une subvention de 50 % des coûts d’infrastructure et jusqu’à 3 000 € pour les travaux de voirie en extérieur. Certaines collectivités territoriales (communes, départements et régions) mettent en place leurs propres aides cumulables avec celles prévues par l’État.
Le principe d'utilisateur payeur
Si la copropriété engage elle-même les frais d’infrastructure, elle dispose d’une borne électrique sans abonnement. Autrement dit, les utilisateurs n’auront à payer leurs consommations. Une solution très avantageuse sur le long terme. L’autre solution consiste à faire appel à un tiers, c’est-à-dire une entreprise spécialisée qui prend à ses frais les travaux et devient propriétaire de l’infrastructure pour une certaine période. Charge aux utilisateurs de lui payer un abonnement en plus du prix fixé du kWh. Dans ce dernier cas, le reste à charge est nul pour l’ensemble de la copropriété puisqu’elle ne paye pas l’installation de l’infrastructure. Au final, le coût porte uniquement sur les utilisateurs. Et comme le préconise la FNAIM « tant que ça ne coûte rien, il faut y aller ». L’arrêt des aides est prévu en 2027. Autant dire demain, quand on sait qu’entre la demande et l’acceptation du dossier plusieurs mois peuvent s’écouler.
« L’aide pour l’aménagement des parkings collectifs extérieurs va être renforcée » Ludovic Coutant, responsable du programme Advenir chez AVERE France,
« Le programme Advenir a annoncé le 3 juillet dernier une revalorisation de sa surprime versée pour l’aménagement des habitats collectifs dont les stationnements sont en surface, de 3 000 €, le plafond va bientôt passer à 5 000 €. Cela va permettre d'accompagner encore davantage les surcoûts induits par les parkings extérieurs. Nous avons également lancé des réflexions technologiques qui permettront d'optimiser encore les coûts notamment ceux induits par la création de tranchées. Il y a des acteurs qui ont des technologies qui permettent de faire des simples saignées, il existe aussi des systèmes de goulotte métallique qui sont plus économiques que les tranchées. Encore faut-il que ces solutions la filière se forment à les utiliser qu'on garantisse un même niveau de robustesse, de sécurité et de qualité. C'est tout le travail que nous sommes est en train de faire. Nous n’avons pour l’heure aucun calendrier fixé pour la mise en place de ces nouvelles technologies ».
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