Formule E - Interview de Jean-Eric Vergne, l'autre champion Français du week-end
Pierre-Olivier Marie , mis à jour
Le vent de folie qui souffle autour de la victoire des bleus a éclipsé l'autre fait d'armes du sport français le week-end dernier: à New York, Jean-Eric Vergne a en effet remporté le Championnat de Formule E. Il a accordé une interview à Caradisiac.
La Formule E, compétition internationale de monoplaces électriques, prend une place de plus en plus importante dans le monde des sports mécaniques. Parce qu'elle se court en ville, parce que le niveau de performances y est toujours plus relevé, et parce que le spectacle offre souvent de belles bagarres. Les constructeurs ne s'y trompent pas, qui à partir de la saison prochaine (la cinquième) seront de plus en plus nombreux à l'investir, à l'image de Porsche, Mercedes, BMW ou Nissan qui vont ainsi rejoindre Audi, Jaguar ou DS (Renault laissant sa place à Nissan).
Un succès croissant, donc, et qui est marqué cette année par la réussite du pilote français Jean-Eric Vergne, pilote de l'écurie franco-chinoise Techeetah, qui a remporté le titre de champion de Formule E à l'issue de la première des deux courses courues à New York. Une forme de consécration pour cet ancien de la Formule 1, engagé très tôt en FE, et qui poursuit l'aventure au sein de la même écurie l'an prochain. Notez au passage que celle-ci finit vice-championne du classement des équipes, malgré des moyens plus limités que ses concurrentes soutenues par tel ou tel constructeur.
Caradisiac: Que représente ce titre pour vous ?
Jean-Eric Vergne C’est le plus grand succès de ma carrière. C’est une saison que je sentais bien mais ça restait très difficile dans la mesure où nous n’avions pas la meilleure voiture cette année. Mais on a su ne pas faire d’erreur. Et a chaque fois que j’avais une opportunité de gagner ou de marquer de points je suis parvenu à la faire, sans rien laisser au hasard. C’est aussi mon expérience en sport auto qui m’a permis d’y parvenir, qu’il s’agisse de la F1, du Mans. Et en FE, qui est une discipline jeune, on apprend tout le temps.
Qu’est-ce qui fait le sel de cette discipline ?
La Formule E est une voiture peut être plus difficile à rouler qu’une LMP ou une F1. Il y a moins de grip, les freinages sont plus compliqués, et les circuits urbains sont bosselés avec des murs partout. A la moindre erreur on tape le mur, il y a donc pas mal de stress. De même, les groupes qualificatifs sont très durs. Ce samedi à New York, je suis passé à une seconde du drapeau à damier pour pouvoir faire mon tour! Quant à la course c’est différent. C’est très stratégique parce qu’on doit en même temps économiser de l’énergie et aller le plus vite possible avec celle qu’on sauvegarde. Donc la compétition elle-même est très difficile.
Comment la Formule E va-t-elle évoluer l'an prochain?
L’image de la FE va changer puisqu’à partir de l’an prochain on aura de nouvelles voitures, et surtout une seule voiture par course. Celle-ci aura 25% de puissance en plus et le double d’autonomie. C’est un step énorme !
Vous restez chez Techeetah l’an prochain ?
Je serai dans la même équipe l’an prochain.
"Un laboratoire pour la voiture de Monsieur Tout-le-monde"
Qu’apporte la Formule E à la mobilité électrique ?
Une des raisons du succès de la Formule E est qu’elle se court dans certaines des plus grandes villes du monde. De plus en plus de gens sont donc amenés à s’y intéresser. C’est le championnat qui compte le plus grand nombre de constructeurs, et pas les moindres. Porsche arrive, de même que Mercedes. Citons aussi les français DS et Renault, impliqués depuis le début dans la discipline. Et il y a Nissan, BMW, Jaguar Audi…
C’est surtout un laboratoire technologique pour les voitures électriques de Monsieur Tout-le-monde, quand la Formule 1 sert surtout de laboratoire pour les voitures de l’élite, des modèles inaccessibles. Enfin, regardez ce qu’il se passe à Paris : c’est une ville où l’on déclare la guerre à l’automobile, mais où dans le même temps on organise une course de FE. C’est bien qu’il se passe quelque chose avec cette discipline, qui va dans le sens de l’histoire.
Revenons à ce dernier week-end new yorkais. Vous avez été couronné à l’issue de la première course, le samedi, mais ne sembliez pas en avoir complètement conscience...
En fait je le savais mais je n’en avais pas la confirmation. Et je n’osais pas regarder les panneaux et les écrans disposés autour du circuit. Quand j’en ai finalement eu la confirmation, ma première pensée est allée à Jules (Bianchi, NDLR). Il y avait beaucoup d’émotions, c’était dur à décrire. Après la F1, j’ai eu de longues années de travail pour revenir au plus haut niveau. Ça a été long et difficile, et aujourd’hui j’y suis !
Vous avez couru le seconde course, le dimanche, avec le titre en poche. Et vous l’avez remportée. On roule différemment dans ce cas-là, plus relâché ?
J’avais toujours autant de pression, parce qu’on veut toujours bien faire. J’avais à cœur de terminer la saison en beauté et d’apporter le titre constructeurs à l’écurie. C’est finalement Audi Abt qui l’a emportée pour deux points, mais il fallait donner le maximum.
Votre titre a été eclipsé par la victoire des bleus en coupe du monde…
Je ne leur en veux pas, rassurez-vous. C’est extraordinaire ce qu’ils ont fait. On suivait la finale de près, évidemment. Au point que j’ai failli oublié de m’aligner à la qualif’ pour la super pole car j’étais en train de regarder le pénalty de Griezmann ! Cette victoire des bleus, c’est de la folie !
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