3. Essai Yamaha XT1200Z Super Ténéré - La route: De solides atouts
Dès le réveil de la mécanique le trail vous suggère un message. La douceur qui s'élève de l'entrejambe et qui caresse le tympan inhibe toute éventuelle angoisse de l'inconnue. Le feulement de l'engin est une douce musique d'une salle de relaxation où vous savez, sans rien connaître véritablement des lieux, que ça va bien se passer, qu'on va bien s'occuper de vous.
Et c'est déjà un peu ça ce Super Ténéré, qui confirme ses bonnes dispositions au « cocooning » une fois les premiers mètres parcourus. Quelques 260 kilos les pleins faits, vraiment ? En ville, la théorie de la répartition des masses distillée en salle de briefing avant le grand départ se vérifie juste sur le terrain. La Yamaha, se glisse, se faufile dans un filet de gaz, enchaine les ronds points avec, d'entrée, un angle généreux. Avec cette itération, les Japonais n'ont pas failli à leur réputation de se mettre à la portée du plus grand nombre. Accessibilité, facilité, la moto est d'une neutralité sans faille presque servile.
Sage à tous les étages :
Seulement voilà, les kilomètres défilant et les grands espaces arrivant, ce qui était sympathique au départ devient fade. Les préliminaires consommés, on aimerait maintenant passer à l'initiative et pénétrer le coeur du sujet. Mais le brêlon est de bonne éducation. Le provoquer ne sert à rien, ses refus polis et courtois à l'excentricité finissent par avoir raison de votre détermination. Bon sang, mais c'est bien sûr ! Nous sommes en mode « Touring » et il nous reste encore une carte secrète pour mettre un peu le feu dans ce portrait policé: la recette « S » comme Sport.
On dégaine le pouce droit, on actionne le sélecteur au guidon apte à réveiller les démons et on soude. Le moteur se fait plus présent, les montées en régime plus rigoureuses et tout devient plus pêchu. Mais pour autant toujours sous contrôle. Le déluré à l'italienne, ce n'est pas le saké de la nippone qui reste rivée dans les clous de sa vocation de voyageuse au long cours. Le combat rapproché avec son cavalier, ce n'est pas son truc. Le fleuret moucheté, à la rigueur.
Ceci dit, ça, c'est à la sensation. Car au compteur, ça défile. Certes, l'ami Tripy a joué les mouchards en révélant les valeurs optimistes des diodes d'Iwata, de l'ordre de 10 à 15 km/h suivant la zone. Mais la XTZ tient le rythme rapide sans faiblir. Franchement, servi par d'excellents Bridgestone Battle Wing, ce châssis est une merveille. Jamais une mauvaise réaction, toujours enclin à pardonner les débordements d'un hôte bien protégé des turbulences aérodynamiques, son cardan se fait oublier et la sélection de la boite ne souffre pas la critique, à l'image du freinage. Le Grand Tourisme en treillis came, c'est un peu ça cette Super T qui peut regarder la concurrence droit dans les yeux. Et notamment teutonne.
L'essentiel étant acquis, il faut bien ergoter un peu pour lui dégager une marge de progression. Ainsi, les informations du tableau de bord, vierges d'indicateur de rapport de boite et de décompte kilométrique de l'autonomie. Lointain, la sélection de ses renseignements ne sont pourtant pas accessibles d'un guidon qui n'offre pas de série de poignées chauffantes. Aucune possibilité de rangement près du poste des commandes ne vient égayer l'ordinaire, et c'est bien dommage car on avait apprécié l'utilité les vides-poches de la Stelvio.
Et puis il y a ce cale-pied qui n'en peut plus de racler dès que le rythme s'accélère. Énervant car la moto ne demande qu'à pendre de l'angle et a une vocation naturelle à exercer l'activité de négociant en virage. Ce sont des détails, certes, mais c'est à la somme de ceux -ci que l'on touche à l'excellence.
Un mot, enfin, sur la consommation. Sur un rythme qui confinait plus à la guerre éclaire qu'à l'opération humanitaire pourtant clamée en enrobage de cet essai, on a tourné à 6,4 de moyenne. Même si, là aussi, les calculs des trois diapasons sont un tantinet optimistes, on reste dans une très bonne fourchette autorisant, dans cette ambiance survoltée, un raid de 250 kms. Et pour économiser en ville, prenez le mode Touring. C'est la seule vocation que j'ai pu lui trouver.
Photos (48)
Sommaire
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération