2. Essai Yamaha MT 09 Tracer 2015 : Le compromis quasi parfait
Depuis son lancement en 2013, il s'est vendu pas moins de 3700 MT-09 en France pour un total de 12 000 unités. Pour rappel, les MT 09 et 07 se placent secondes des ventes en Europe juste derrière la R1200GS (encore elle).
Un véritable hold « msieur dame » !
Donc histoire de la jouer sécure et on les comprend, Yamaha nous prévient d'emblée ! 70% de cette nouvelle Tracer sont identiques à la MT 09. Et bien malgré cela, cette nouvelle Tracer réussit à imposer immédiatement son style dès le premier regard. Formes anguleuses des entrées d'air, pare brise du même acabit, un réservoir qui passe à 18 litres, une hauteur de selle culminant à 860 mm pour les plus grand et 845mm pour les plus petits (il existe même un kit à 815mm comme la MT 09 « normale »), un large guidon en alu rehaussé pour le coup de 45mm font d'elle une machine au joli galbe et bien plus généreuse que sa frangine MT 09. C'est dans les rondeus que le charme opère.... Tout ça emballé dans une finition exemplaire tant sur l'assemblage que dans les détails de finition, à l'image par exemple du capteur sous les étriers radiaux.
Histoire qu'on sache dans quelle catégorie on joue, la MT 09 Tracer c'est 210 kilos pour 115 ch. Ca nous donne un rapport poids puissance de 0,54ch/kilo, soit plus qu'une Ducati Multistrada ou une BMW GS 1200 de catégorie bien supérieure. Et là où Yamaha fait fort, c'est de conserver in extenso l'âme de cette moto avec son trois cylindres « Cross-plane » de 847cc. Alors que tout le monde supputait sur une modification éventuelle des courbes de puissance, Yamaha a seulement retravaillé son système D-Mode qui en mode A est sensé ne plus afficher ce côté on-off quelque peu exténuant à l'usage. Au final, ces à-coups ont effectivement été gommés, mais entre nous, le mode STD (standard) convient parfaitement dans quasi toutes les configurations de terrain.
Et pour ceux qui auraient raté le 1er épisode, quelque soit le mode choisi la moto affiche toujours ses 115 bourrins. Le D-Mode n'est effectivement pas à proprement parlé une cartographie d'injection, mais plutôt grâce au Y-CCT (Yamaha Chip Controlled Throttle), une gestion du ratio d'ouverture des papillons en fonction de la rotation de la poignée des gaz. Trois modes sont proposés : STD (standard), A et B. Le STD pour une utilisation dite "normale", "A"pour une réponse plus sportive et quasi immédiate, et le B pour des conditions de pluie, des chaussées dégradées ou en agglomération.
A cela se rajoute, un système de contrôle de la Traction (TCS) déconnectable si bon vous semble et permettant d'empêcher la roue arrière de perdre l'adhérence sur des surfaces glissantes ou instables.
Pas de grandes modifications niveau partie cycle, le moteur est fixé sur un châssis de type diamant constitué de deux demi-coquilles en alliage coulé, encadrant le « CP3 ». Pas de modification notable sur la fourche de 41mm dont la course reste portée à 137 mm comme sur la version d'origine.
Quand on prend place, on découvre une instrumentation pléthorique, il n'y a pas d'autres mots. Entièrement digital, l'écran de gauche accueille un compte tours sous forme d'un bargraphe et un compteur de vitesse numérique tandis que l'écran de droite présente diverses informations telles que l'affichage de la température extérieure ou celle de refroidissement, le tout pilotable via les deux commodos.
Confortablement installé sur une selle un peu glissante au premier abord, là où une MT 09 standard la joue franchement sportive, il est juste temps d'aller affronter les routes ultra piégeuses, humides et froides de l'arrière pays espagnol.
Position naturelle et droite, aucun effort sur les poignées n'est à signaler tant la moto est maniable et légère, même pour un conducteur inexpérimenté. Jamais au cours de ces 230 km, elle ne s'est montrée exigeante physiquement. Elle sera à l'inverse moins confortable qu'une honda VFR 800X par exemple. Et là où les plus grosses critiques pleuvaient sur la version « originelle », cette Tracer a gagné non seulement en équilibre de suspensions mais en gestion fine des gaz. La mauvaise harmonie initiale de suspensions a fait place à une plus grande rigueur tout en conservant le confort plus touring de la Tracer. Les sensations d'un arrière voulant dépasser l'avant, d'une fourche plongeant avec des transferts de masse exagérés ont disparu. Encore un tout petit mollassonne pour certains, il n'en demeure pas moins que les progrès sont réels.
Autre progrès notable, la gestion du ride by wire est désormais parfaitement maitrisée. Le mode A est bien moins violent comme il l'a été par le passé. Bon, entre nous, ce mode c'est un peu une cerise sur le gâteau tant les modes STD et B s'en sortent très bien. Au niveau sensations, la moto donne simplement l'impression en mode B par exemple, d'être plus élastique à la remise des gaz, gage de sécurité sur routes mouillées, ce qui ne m'a pas empêché, même sur le mode B justement, de faire de sérieuses glissades de l'arrière.
Le fait que Yamaha ait conservé son trois pattes sans le modifier d'aucune manière est un coup de génie. L'édulcorer aurait été un sacrilège absolu faisant perdre à la moto cette âme qui caractérise tellement ce 09… Ce trois cylindres de 849cm3 est un régal absolu. Souple, généreux, il accepte quasiment tous les régimes sans jamais montrer son mécontentement… Coupleux, hyper maîtrisable, il vous donne toutes les watts pour doubler, arsouiller, cruiser sans jamais s'essouffler. Un régal, je dirais même plus, le kifffff absolu !
Idem pour les freins, toujours issus de la R1, ils sont excellents….. Avec un ABS de série, ils sont endurants, dosables au millimètre, et ne verrouillent pas la moto même sur l'angle. Le seul point noir mais finalement très relatif compte tenu des conditions de roulage plus proches de la Normandie que du sud de l'Espagne, c'est « au secours les Sportmax D222 » !!! Lents à monter en température, feeling approximatif, ils se sont montrés dans ces conditions de roulage certes piégeuses, vraiment désagréables. Presque indignes des performances d'une telle machine ! Autre défaut et persistant celui-là. La béquille latérale en l'absence d'ergots judicieusement placés est une vraie galère à manipuler. Béquille centrale de série par contre.
Niveau rangements, et c'est la tendance sur ces "versatiles machines" sans les valises, point de salut, la place sous la selle étant inexistante. Donc sacoches en tissu obligatoires pour celui qui voudrait avoir plus de rangements que nos éternels sac à dos.
Consommation moyenne sur ces 230 km, 5.7 l litres soit potentiellement plus de 310 km d'autonomie… Pas mal.
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