5. Essai MV Agusta Brutale 1090 RR : Vraiment si brutale ?
Depuis que je me suis intéressé au monde de la moto, rouler sur une MV-Agusta m'a toujours fait rêver. Néanmoins, et après avoir lu tout un tas d'essais et de commentaires sur une machine qui me paraissait inaccessible, j'avais quelques appréhensions quant à la brutalité des motos de la firme de Varèse. Alors quand Joël m'a remis les clés de cette machine à 18500 €, j'étais pris entre un sentiment de joie indescriptible de chevaucher ma première MV-Agusta et un sentiment de peur de ne pas être en mesure de l'emmener comme il se doit. Si le premier état ne m'a pas quitté tout pendant l'essai, le second s'est vite dissipé. Aller, moteur !
Avec mon mètre 80, mes deux pieds touchent bien par terre ce qui est rassurant lorsqu'il s'agit de bouger la machine à l'arrêt. Et il va falloir en faire des manœuvres tant le rayon de braquage de la Brutale 1090 RR est faible. Par contre, le son du moteur est vraiment réussi. On sent bien que le moteur n'attend que de prendre des tours pour nous enchanter les oreilles. Mais une MV, ce n'est pas fait pour manœuvrer devant une terrasse ou une concession, c'est fait pour rouler. Donc on roule.
Les premiers mètres avec une nouvelle machine sont toujours l'occasion de prendre connaissance de la facilité (ou de la difficulté d'ailleurs) avec laquelle on attrape les commandes ou les reposes pieds. Sur la Brutale 1090 RR, tout tombe rapidement sous la main. Même la garde d'embrayage est rapide. Enfin rapide, disons plutôt courte. Il va falloir quelques minutes pour s'y habituer et tenter de ne pas caler aux feux devant un public en admiration devant cette beauté. Pardon, je m'égare.
Il va aussi falloir s'habituer à la position de conduite. Si les jambes sont repliées sans être gênant, on est bien assis mais avec la sensation d'avoir les mains sur la roue avant. De quoi pressentir une vivacité à toute épreuve. Je m'en lèche les babines d'avance.
Arrivé au bout du parking, je lèche la poignée de frein et l'effet s'en ressent immédiatement. La puissance semble être là mais le contraire fut surprenant au vu de la qualité de l'équipement. Le bout de liaison citadine est pour moi l'occasion de faire pousser la chansonnette aux 4 cylindres aidés des 2 échappements disposés à droite de la brutale. L'occasion aussi de sentir tout le potentiel de cette mécanique de pointe.
Les premiers virages montrent leur bout de bitume et je sens que la Brutale n'a que l'envie de me montrer ce dont elle est capable. Si les premiers sont abordés à un rythme raisonnable, les vitesses de passage augmentent rapidement et ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, la partie cycle est exempte de tout reproche. Quelques soient le rayon de courbure et la vitesse de passage, aucun mouvement parasite ne se fait sentir. On regarde là, la Brutale y va directement et même sur des changements d'angle rapide. La vivacité est bien au rendez-vous. Pour mettre à mal la partie cycle, il faudrait vraiment passer à des vitesses inconvenantes sur la route.
Les suspensions travaillent très bien que ce soit à l'avant ou à l'arrière et même sur route accidenté, il est possible d'attaquer dans les virages car les pneus semblent collé à la route.
Autres raisons qui poussent à rouler de plus en plus vite, c'est la facilité avec laquelle on prend la moto en main. Moi qui me faisait une montagne de rouler avec une MV, me voici vite rassurer et très rapidement, je prends un plaisir sans nom. Malgré son nom, la Brutale est d'une facilité déconcertante.
Malgré tout, il faudrait quelques heures de roulage pour prendre en main complètement cette machine. Car malgré sa facilité, il faut réussir à maîtriser un freinage d'une puissance sidérante. Dès que l'on attrape les freins, le pneu avant (des Dunlop Qualifier RR d'origine) semble s'écraser dans le bitume. Grâce à un excellent feeling du maître cylindre Nissin, cette puissance se contrôle très bien même si l'attaque est vive. Pour autant, on peut entrer fort sur les freins en courbes. Dans ce cas, il est facile de maintenir l'angle et le cap car à aucun moment, la machine ne veut se relever.
Si la partie cycle et le freinage donnent la banane tout le temps, ce n'est pas le moteur et sa santé qui va y nuire. Car dès que l'on tourne un peu la poignée de droite, le compte tour et le tachymètre s'affole et ce, sur tous les rapports à et à tous les régimes. Il est possible de descendre très bas dans les tours sans pour autant changer de rapport pour repartir fort. En 6e à 90 km/h, le moteur tourne à 4.000 tours. Pour doubler, pas besoin de descendre 1 rapport, le moulin ne demande qu'à prendre des tours.
Et des tours, il y en a à prendre. Dès que l'aiguille chatouille les 5.000 tours, c'est une déferlante de puissance et de plaisir qui déboule jusqu'en haut du compte tour quand le shit light s'allume et le rupteur se déclenche à un peu plus de 11.000 tours. Sur petite route, il est plutôt difficile d'y parvenir à ce rupteur tant la vitesse augmente rapidement entre 2 virages. Mais lorsque l'on s'amuse à partir en 1ère jusqu'au rupteur de 4, là, on peut se rendre compte de toute la force de cette mécanique et des vitesses atteintes. La concentration est de rigueur dans ce cas et il faudra bien se tenir pour éviter de s'envoler.
Des vitesses qu'il est parfois difficile de ressentir tant la protection offerte par la tête de fourche est efficace. Enfin jusqu'à 160 km/h tout du moins.
Concernant la boîte de vitesse, celle-ci s'est révélée un peu sèche. Quelques défauts de verrouillage ont aussi été a déploré lors de l'essai. Mais cela n'a jamais été trop présent pour enlever le plaisir de conduite de cette MV.
Mais à l'issu de cet essai, il m'a bien fallu me rendre à l'évidence que malgré la facilité de pilotage et cette sensation que je pilote cette moto depuis longtemps, il ne s'agit pas de ma moto et que je vais devoir me résoudre à la rendre.
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