Essai - Moto Morini Milano 1200 mod. 2022 (euro4) : mode sans mode
Benoit Lafontaine , mis à jour
Elle a du charme à revendre, avec son look et sa philosophie à l’ancienne. D’autant plus que ce côté rétro s’exprime aussi au travers de la norme Euro4 qu’elle conserve sur dérogation. Elle, c’est une moto cousue main portant le nom de la capitale de la mode du pays dont elle est originaire. Elle, c’est la Moto Morini 1200 Milano. Une italienne à 14 990 € de bonnes sensations, un bicylindre unique et un comportement singulier. Et c’est en Corse que la Sima, son importateur, nous a permis de l’essayer. Bingo !
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Note
de la rédaction
14,2/20
Si vous avez déjà vu la Moto Morini Super Scrambler V2, vous lui trouverez certainement de nombreuses ressemblances avec la Milano. Et pour cause : la base de la partie cycle et le carrossage du réservoir de 13 litres seulement sont similaires, tandis que les suspensions à débattement de 120 mm à l'avant et 110 mm pour le mono amortisseur, les roues à bâtons, ainsi que les pneumatiques exclusivement routières, sont bien entendu différents. Confortant l'ambiance néo rétro ressentie en la voyant, la boucle arrière est également inédite, affichant un habillage spécifique et plus enrobant, plus classique.
Même si la Milano est une moto actuelle de par son équipement, avec son freinage radial, son tableau de bord électronique et quelques raffinements très XXIe siècle, elle respire l'histoire que la marque, sent le passé et entendu nous conter sa richesse au travers de ses propres turpitudes. Moto Morini est une prestigieuse enseigne italienne, ayant vécu de nombreux rachats et survécu jusqu'à ce jour grâce à la passion qu'elle inspire et à la qualité "fait main" de ses modèles. Des pièces produites en leur pays d'origine. La gamme 1200 est d'ailleurs la seule étant restée sur ses terres ancestrales, tandis que les petites nouvelles (des 650), plus accessibles, arrivent directement de Chine, le groupe Znen ayant absorbé l’entité en 2018. Pour autant, même vendue, l'âme n'a pas été perdue, bien au contraire.
Régulièrement mise à jour depuis la conception du bloc moteur Bialbero Corsa Corta 1200, la Milano profite d'une très originale fourche Mupo Racing entièrement et très simplement réglable au moyen de molettes directement intégrées. Une provenance et une fonctionnalité suffisamment rares pour être notées. Les pieds de fourche accueillent quant à eux des étriers Brembo M50 à fixation radiale, soit parmi les meilleurs éléments que l'on puisse trouver sur une moto de production non destinée à un usage piste.
Les commandes à la main sont elles aussi de belle facture et réglables en écartement, tandis que les concessions faites aux Normes ne sont pas légion. Seul l'ABS, déconnectable de depuis le guidon, répond ainsi à l'appel de l'Euro 4. Les futures versions des 1200 MM (le petit nom de Moto Morini) adopteront à ce titre le suffixe 5, entrant de plain-pied dans l'ère des assistances. Gageons qu'elles sauront encore permettre d'en désactiver certaines et surtout de profiter d'un comportement moteur à la carte.
Pour l'heure, la seule aide à la conduite que l'on puisse trouver sur la Milano se situe entre la selle et le guidon, plus précisément entre votre cerveau et vos mains. L'accélérateur est aussi bien câblé que vous, dirons-nous, tandis qu'aucun mode moteur ne vient interférer entre la mécanique (assagie par rapport aux Corsaro ZT et ZZ) et votre centre de plaisir et d'intérêt.
La Milano est une moto classique, classieuse et qui claque, une moto dont se dégage une force à la fois esthétique et mécanique que l'on ne retrouve nulle part dans la production actuelle. La cause ? Le fameux bicylindre en V à 87°, Euro 4 (merci la dérogation jusqu’à fin 2022), lequel affiche ici 116 ch à 8 000 tr/min pour un couple de 11 m.kg un tout petit peu plus tôt, à 7 000 tr/min. Le double échappement superposé donne de la voix à l'ensemble, offrant un chant profond et sourd. Pas sûr que les plaque anti chaleur soient du meilleur effet visuel, mais elles sont efficaces. Par contre, elles ont un inconvénient majeur, comme nous allons le découvrir lors de notre roulage…
La géométrie de la moto est assez particulière, malgré des caractéristiques somme toute dans la norme. Avec un angle de chasse de 25° pour un empattement suffisamment long de 1 490 mm, obtenu grâce à un bras oscillant de très belle facture et rallongé par rapport aux roadsters de la série Z. On peut légitimement s'interroger sur la manière d'emmener la Milano, même si elle est chaussée de pneumatiques d'ancienne génération : le Pirelli Angel GT, de bons pneus lors de leur sortie, mais remplacés au catalogue du manufacturier italien depuis 3 ans par les GT II…
Cette Moto Morini est cela sensiblement différente de ses sœurs de gamme, ouvrant son propre chemin et traçant ses propres trajectoires, impliquant directement dans sa conduite quiconque franchirait le pas de son choix. Et ce n’est pas seulement du fait de ses pneumatiques, ici des Pirelli Angel GT de première génération.
La présentation sobre et sans relief de la Milano met en avant la peinture du réservoir, tandis que l'on apprécie l'ensemble des éléments. La moto existe réellement entre les jambes, semblant là encore faire honneur à son moteur, très présent et pourtant suffisamment étroit pour permettre de poser efficacement les pieds au sol.
La selle, pas franchement confortable, mais pas plus inconfortable pour autant, offre un accueil large et ferme tout en ménageant une arcade favorable. On ne peine donc pas à trouver le sol ni l'équilibre une fois arrêté.
Placé de manière basse, derrière la casquette de l'optique, on retrouve une instrumentation TFT de 5 pouces à même d'appeler quelques critiques au regard de la qualité de contraste, de finesse et de couleurs, surtout au regard des afficheurs que l'on retrouve aujourd'hui sur les BMW ou encore les Ducati. Esprit vintage, jusque-là, mais aussi sur la présentation des informations. Il est possible de choisir un mode d’affichage évoquant parfaitement les compteurs à l’ancienne.
Derrière un effet "parchemin" cultivant un goût des teintes pastel et après une petite lenteur de mise en route liée à la cinématique faisant apparaître le logo avant de lâcher l'affichage, la typographie se montre agréable et les informations prodiguées complètes, même si relativement petites à lire. On peut cela dit opter pour plusieurs présentations, seule véritable fantaisie visuelle offerte par les développeurs.
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