2. Essai - Kawasaki ZX-10R ABS 2011 : Sac à puces

Enfin, l'Europe fait la nique au Japon dans la catégorie des Superbike. L'Allemagne et l'Italie réunis, les voilà à proposer sur le marché des sportives, une nouvelle référence faites pour les hommes qui en ont de grosses. Mais le Japon se doit de réagir au plus vite sous peine de se faire prendre de vitesse par l'Europe. Histoire de rester à l'aspi', Kawasaki et son nouveau ZX-10R montrent les crocs…

Bon, comme toujours depuis 1984, c'est un 10R en 100 chevaux qui ne sera servit pour nous accompagner sur ces 500 bornes de cet essai routier. Mais quand on regarde la fiche technique, que remarque-t-on en face de la case «Puissance Maxi», et bien un joli 200 chevaux en version full. Soit un modèle amputé de 50% de sa puissance pour un tarif qui, lui, sera affiché en full dans les concessions de la marque. Comme dirait le charmant et malchanceux poussin anthropomorphe Calimero : «c'est vraiment trop injuste !!».

L'enfer vert

Loin d'une Daytona, d'un RSV4 ou d'un R6, la Kawasaki ZX-10 2011 joue dans une toute autre catégorie. La position de conduite est loin d'être radicale se laissant ainsi conduire tous les jours sans trop finir cassé en douze à la fin de la balade ou de la journée. En revanche, la moto dégage pas mal de chaleur et la selle est loin d'être moelleuse puisque peu épaisse avec des arêtes vives. Au fil des kilomètres, l'arrière train commence à souffrir, l'intérieur des cuisses s'enquilose et l'envi de changer de place est de plus en plus pressente ce qui n'incite pas à enquiller les bornes comme une gamine enfilerait des perles pour faire un collier pour la fête des mères.

Pour se faufiler, le millésime 2011 de la ZX-10R affiche une certaine agilité. Si la rétrovision s'annonce excellente, on regrette deux choses : que les rétroviseurs soient placés si bas qu'il faille quitter sérieusement la route des yeux pour voir ce qu'il se passe derrière et qu'ils soient positionnés à la hauteur de ceux des voitures, ce qui ne facilite pas la remontée de fil aujourd'hui encore tolérée. Le freinage, quant à lui, est à son affaire en plus d'être couplé à un système ABS Sport optionnel (à 1000 €uros !!!!!!) baptisé KIBS par Kawasaki et qui pèse seulement deux kilos. Le feeling est excellent et la puissance au rendez-vous. Il faudra y mettre vraiment de la poigne pour faire déclencher le système sur route sèche et il sera votre meilleur pote lors d'un freinage d'urgence sur route grasse ou humide.

Vert…ige de l'amour !?

Quand l'horizon se dégage devant la roue de la Japonaise, le sourire revient aux lèvres du pilote. Déjà, le son émis par le quatre cylindres en ligne donne dans le sport mais ce n'est pas du silencieux que ce plaisir vient mais d'une boite à air qui respire fort. Ensuite, la portance du vent vous soulage les bras à partir de 110 km/h (4 500 tours) vous permettant ainsi de vous remettre gentiment de votre petite escapade citadine.

Quand on soude la poignée droite, on bout sous le casque et on se met à détester cette loi du bridage. Une impression que l'on n'a pas sur une RSV4 APRC (ici à l'essai) par exemple. Sur le 10R, le quatre cylindres affiche une bonne présence avec un couple de 78 Nm à 5 200 tours mais il manque cruellement de saveur puisque tout cela arrive linéairement avec, dans le haut du compte tour, un bridage réellement castrateur qui fait perdre, à ce moteur, ce coté que l'on imagine plein de fougue. Avec en plus des vibrations parasites qui vous chatouillent les fesses et les pieds aux alentours de 4 000 rotations et qui auront vite fait de vous agacer.

Sac à puces

Mais au-delà de tout ça, la ZX-10R propose aussi une cartographie d'injection variable suivant trois modes. En version 100 chevaux et comme vous devez vous en douter, les variations ne sont pas transcendantes mais il vous sera possible de choisir via le commodo gauche entre le mode Full (inutile ici…), un mode Middle dont le fonctionnement varie selon l'ouverture des gaz et un mode Low qui offre environ 60% de la pleine puissance.

Mais en plus de ça, Kawasaki a équipé son ZX-10R d'un antipatinage baptisé S-KTRC réglable suivant trois positions mais aussi déconnectable. Dérivé de la Moto GP, ce système optimise la motricité de la machine afin de piloter aux limites de la machine. Ainsi, vitesse des roues avant et arrière (patinage), régime moteur, ouverture des papillons des gaz, patinage et accélération sont analysés toutes les 5 millisecondes afin de gérer l'allumage en conséquence et ainsi d'éviter au pilote de se satelliser sur un coup de gaz un peu trop velu ou sur une accélération sur route gravillonneuse. De simples gadgets pour une utilisation purement routière qui trouveront toute leur importance si vous décider de dédier votre ZX-10R entièrement à la piste…

Photos : Eddy Clio