Essai Gilera Fuoco 500ie : 3 fois plus fun !
Que ceux qui reprochaient au Piaggio MP3 d'être trop sage se rassurent, Gilera vient de faire naître une déclinaison sportive du maxi-scooter à trois roues. Nouvelle tenue de combat, un moteur qui gagne 100 cc et de bonnes aptitudes à la conduite en rythme élevé, voilà le programme annoncé par le Fuoco 500ie. Certains ont craqué pour le politiquement correct Docteur Jeckyll, d'autres vont chavirer pour le côté agressif et non conventionnel de ce Mister Hyde. Le concept d'avoir trois roues au sol permet de rassurer le pilote sur l'adhérence, mais est-ce vraiment efficace en version sport ? Nous allons tout de suite en avoir le cœur net.
Essai Gilera Fuoco 500ie : 3 fois plus fun !
Essayer un scooter, autant être sincère, ce n'est pas tout à fait ce qui me fait trépigner d'impatience. J'ai encore en mémoire celui du T-Max avec lequel je n'avais pas vraiment réussi à être à l'aise. C'est surtout Nico qui me tire la manche, toujours partant à l'idée d'essayer une moto qui sort de l'ordinaire. A la vue de l'imposante machine sur le parvis de la concession, je traînais un peu la patte mais je reconnais qu'au fond de moi, la curiosité me titillait. Trois roues, faut avouer que ce n'est pas commun. Deux roues, on connaît. Quatre, c'est deux fois trop. Mais trois, qu'est-ce que ça donne ?
Esthétiquement, le Fuoco est massif. Une large face avant incorporant deux phares ronds et deux lenticulaires. Au dessous, des tubulures apparentes qui rappellent la bouille d'un quad prêt à arpenter des chemins montagneux. Un tempérament renforcé par les plastiques de finition mate situés sur les flancs du scooter. Le côté agressif est souligné par les grilles omniprésentes, la petite bulle opaque, le bec acéré et les jantes à bâtons. On sent que Gilera a voulu trancher par rapport au style du MP3. Mais soyons vigilants, comme le dit le vieil adage : "l'habit ne fait pas le moine".
D'ailleurs, le gabarit global de l'engin laisse assez sceptique concernant ses performances routières. Quasiment 240 kg à sec, Gilera a accouché d'un beau bébé. Difficile de l'imaginer se mouvoir avec grasse et amplitude sur une route sinueuse. On le visualise même plutôt pataud, dur à emmener, nécessitant peut être l'aide d'une tierce personne pour faire basculer le centre de gravité à gauche ou à droite comme dans une course de side-cars.
Avant de partir, Xavier nous explique le mode d'emploi car les technologies embarquées ne sont pas tout à fait intuitives. Premier élément, le frein à main : une tirette sur le tablier qui permet de bloquer les trois roues. Ensuite, le Roll-Lock, un dispositif qui se manipule par une commande au guidon et qui permet de bloquer l'inclinaison du train avant, très utile dès que la machine s'arrête.
Dans une large planche de bord résident deux compteurs analogiques classiques, plutôt soignés, et un écran digital présentant les informations d'usage, ainsi que la température extérieure, des témoins de risque de gel, de présence sur la selle et de frein à main. Le Fuoco est aussi configuré pour qu'un voyant s'allume dès que l'on descend en dessous de 15 km/h, afin de vous indiquer que vous vous traînez lamentablement et que vous auriez mieux fait d'investir dans un solex. Non pardon, il vous averti que vous pouvez enclencher le Roll-Lock bien sûr. Une pression sur la gâchette et voilà l'inclinaison verrouillée.
Dès que l'on remet les gaz, le Roll Lock se désactive automatiquement et le train avant retrouve son oscillation potentielle. Pas habitué, vous oublierez certainement de l'enclencher au premier feu rouge, il va pencher, vous aller vous prendre les pieds dans le tablier, gesticuler pour éviter la chute et vous faire une belle montée de stress avant de finir par stabiliser le tout. Bref, au second feu rouge, vous y penserez, ne vous en faites pas. Côté rangement, le coffre permet d'y loger un casque et quelques affaires. Et la selle est doublée de tubulures histoire de pouvoir sangler votre passager s'il est réticent à l'idée de faire une virée. Pratique !
La position de conduite est celle d'un gros scooter. Assis comme dans un canapé, confortable, bien droit. Sur les premiers kilomètres, j'ai l'impression que les sensations de la route remontent bizarrement… Non en fait, cet engin bouleverse tout simplement mes repères et je n'ai pas du tout l'impression de maîtriser ce que je fais. Pour tourner, j'hésite entre braquer le guidon, contre-braquer ou même déhancher. De plus, la route est trempée et il paraît que la roue arrière peut perdre facilement son adhérence. Tout va bien !
Nous voilà dans les virolos de la route des thermes. Autant dire que sur ce parcours, si l'on n'arrive pas à emmener l'engin, on finit dans le ravin (classe la rime). Je décide de stopper toute rationalité et d'y aller à l'instinct. Après tout, ce concept de dédoubler la roue avant a été créé pour rassurer le pilote, alors laissons-nous rassurer. Je plonge dans le premier virage en balançant mon poids du côté intérieur et tout naturellement, l'imposant Fuoco suit la courbe sans rechigner. Idem dans le virage suivant. En fait, on n'a pas grand-chose à faire pour l'inscrire sur la trajectoire. La confiance me gagne petit à petit, de quoi me donner envie d'augmenter un peu le rythme.
J'essore la poignée et le gros monocylindre émet un bruit sourd en montant dans les tours. Pas de crainte, ça ne vous arrachera pas les bras, mais il faut quand même reconnaître que ça a de la pêche. Plus les virages passent, plus l'angle diminue. "Crrrrrrrrrrrr", ah, qui me parle ? C'est la béquille qui hurle au contact du bitume. Elle hurlera désormais sur chacun des virages, tout comme son compagnon le carter de droite. Héhé, sans forcer en plus !
Le Fuoco n'en devient pas pour autant dangereux, pas de sale coup ou de mauvaise surprise sur ces courbes prises à un bon rythme. Comme un animal domestiqué, il obéit à vos sollicitations en distillant toujours cette confiance grisante. Même si ça frotte, son comportement ne s'en trouve pas dégradé. Au contraire, on dirait qu'il en redemande. La stabilité fournie par les deux roues du train avant est bluffante, elle vous passerait presque l'envie de freiner.
D'ailleurs, le freinage de facture Brembo est vraiment correct. Il vient pincer le disque de chacune des roues et immobilise l'ensemble en quelques mètres. Pour l'arrière, dès que vous aurez oublié que la poignée gauche n'est pas la poignée d'embrayage, un blocage de la roue vous rappellera très vite que vous n'êtes pas assis sur une moto ! Comme sur les autres scooters, il convient de freiner des deux poignées simultanément pour obtenir le meilleur du freinage et conserver la stabilité.
Sur la route, le Fuoco fait rapidement oublier son poids. Une sensation de légèreté, procurée par le compromis des trois pneus, vient perturber les préoccupations que l'on a d'habitude au guidon d'une moto que l'on met sur l'angle. En fait, vu que l'engin oscille à droite et à gauche tout en étant campé sur ses trois points d'adhérence, on se sent vite à l'aise. On arrive même à se prendre au jeu et à essayer d'atteindre les limites du concept. Derrière moi, Nico me suit avec la Shiver et a du mal à tenir le rythme. La honte, être au guidon du nouveau roadster Italien et se faire pourrir par un gros scoot ! Oui ok Nico, tu ne connais pas la route, blablabla, on connaît la chanson va !
Force est de constater que le Fuoco 500ie réserve bien des surprises. Jamais je n'aurais cru conclure en disant qu'une grande dose de fun attend les futurs propriétaires du dernier né de Gilera. Un concept performant agrémenté d'un moteur souple et d'un châssis joueur, voilà une recette qui transforme un scooter en manège pour grands enfants. Je doute qu'il réussisse à convertir des arsouilleurs car il n'a point les aptitudes sportives d'autres maxi-scoots plus radicaux comme le T-Max, mais là n'est pas sa vocation. Pour les trajets quotidiens et la balade, il sort facilement du lot avec une facilité de prise en main déconcertante, un amusement constant et une agréable générosité en sensations. Vendu à 7 600 €, l'enfant transgénique issu du croisement d'un quad et d'une moto risque de générer un enthousiasme bien justifié auprès des motards urbains. Et vous, prêts à passer à trois ?
Merci une fois de plus à Xavier pour cet essai :
MEGA BIKE
300 chemin Roger Martin
13100 AIX EN PROVENCE
Tél: 04 42 943 943
Merci aussi à la limande pour avoir joué le sparing partner et à Shooter McNico dont les clichés dynamiques sont de plus en plus réussis !
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