2. Essai Ducati 821 Hyperstrada : hypermultitout ?
Immédiatement, on est frappé par la sensualité du dessin de l'Hyperstrada. Personnellement, dans cette robe blanche, j'ai été sous le charme. Même si le chapitre esthétique est finalement un des plus délicats parce que des plus subjectifs, la moto est étroite, élancée avec un dynamisme visuelle instantané.
Même affublée de ses deux énormes valises de 25 litres chacune, la moto reste élégante. Le béquet avant façon Multistrada, surplombant le garde boue avant, avec un optique extrêmement étroit - puisqu'il utilise un seul réflecteur pour la fonction feu de route et feu de croisement - confirme la finesse de l'ensemble. Les clignotants s'intègrent dans les protections des mains, et préservent les lignes de l'Hyperstrada. Exit par contre les deux rétros au bout des guidons, bienvenue à des nouveaux rétros tout aussi inefficaces que les anciens.
Avec une selle plus large et confortable que celle de l'hypermotard, on s'installe désormais à une hauteur de 850 mm (A noter qu'une option à 830 mm existe) au lieu des 870 mm de l'hypermot' ; le guidon est réhaussé de 20 mm, afin de privilégier le confort et la position de conduite du pilote.
Niveau équipement, l'instrumentation prévoit des témoins lumineux dans la partie supérieure du tableau de bord pour les indications relatives au point mort, aux clignotants, aux feux de route, à la limite tours/moteur, à la pression huile et à la réserve de carburant, tandis que la partie inférieure comprend un afficheur LCD avec une zone pour l'affichage de toutes les autres données. On dispose ainsi de toutes les informations relatives à la vitesse, compte tours, aux compteurs kilométriques, totaux et partiels, température du liquide de refroidissement moteur, température ambiante et l'horloge.
La nouvelle Hyperstrada est équipée de deux prises de courant à 12 V positionnées des deux côtés au-dessous de la selle pilote. À ces prises on peut relier et alimenter des charges jusqu'à un maximum de 8 A (sous fusible), à savoir : l'habillement thermique, l'interphone ou le chargeur de batterie pour portables et dispositifs de navigation.
Les valises ont une contenance de 25L chacune, et on peut aisément loger un casque intégral. Elles s'ouvrent avec des fermetures éclair et ne sont pas étanches, mais Ducati fournit les enveloppes nécessaires à la protection des éléments insérés à l'intérieur en cas de pluie.
La moto présente un degré de fabrication indéniable avec un niveau d'assemblage digne du prix affiché. De surcroît avec ses jantes à 10 branches en aluminium moulé de toute dernière génération, et un design inspiré de celui de la 1199 Panigale S, elle claque vraiment cette "petite" hyperstrada.
Et sur la route ?
Dès les premiers battements, on reconnaît immédiatement le souffle du twin desmodromique. Avec ses désormais 850 mm de hauteur de selle, même pour mon mêtre 70, pas besoin de jouer exagérément des pointes ou d'acheter des talonnettes. Par contre, assez vite, on remarque que la béquille lattérale est une galère. La déplier pour y poser la moto demande de s'y reprendre à deux voire trois fois. On est non seulement gêné par le repose pied et l'absence totale d'ergot. Mauvais point !
Avec son réservoir de 16 litres, la 821 se montre bien évidemment plus volumineuse au niveau des genoux que les précédents modèles. La position est basculée sur l'avant, bras franchement écartés pour celui qui ne serait pas habitué à la configuration supermotard. Ce qui frappe, c'est le constat d'une position quasi unique à son bord, en partie grâce à une selle très confortable mais limite creusée type roadster, sur laquelle on ne peut finalement pas trop bouger.
Avec un excellent rayon de braquage et des commandes souples, la moto est facile, vive et très agréable dès les premiers mêtres. Les 181 kg de l'ensemble sont inexistants (204 kgs tous pleins faits). En mode urbain et découverte, la Ducati se laisse guider avec vivacité, précision et légèreté. Aidée par un excellent moteur qui montre une vraie allonge et un formidable caractère. Sur les routes de Corse, extrêmement techniques et piégeuses, il ne m'a montré aucun signe de faiblesse ; ce nouveau moteur Testastretta délivrant une puissance maximale de 110 CV à 9 250 trs/min et un couple de 89 Nm à 7 500 trs/min, est un beau compromis d'efficacité, de plaisirs et de performances.
La sensation de couple est omniprésente à partir de 3000-3500 tr/min, avec un petit coup de pied aux fesses lors des relances. Certains connaisseurs lui reprocheront peut être un caractère légèrement linéaire mais dans toutes les configurations de cet essai, il ne m'a jamais déçu.
L'ensemble de la partie cycle est une réussite. Conforté par des Pirelli Scorpion Trial, le train avant est réellement affûté et d'une grande précision de placement. Que vous déhanchiez en mode rapide, ou que vous vous la jouiez type supermotard jambe en avant, la moto ne bronche pas.
D'une très grande stabilité sur l'angle, elle offre une latitude d'utilisation importante. On peut aller très très vite à son bord. Deux bémols à cette affirmation, sur les grandes portions roulantes de Corse, la moto s'est montrée – du fait de son poids et de sa géométrie – moins rigoureuse que sur les portions lentes, avec une sensation de floue passé les 130/140 km/h, là où une Multistrada ne bronchera pas, avec en prime une sérénité accrue en passage de courbe.
Par contre dans la tranche des 60/90 km/h, la moto sur l'angle est tout simplement royale. Attention toutefois aux grosses compressions, qui font généreusement racler la béquille centrale.
Seule la prise de frein reste selon moi le point le plus perfectible de cette moto. Même si tous les nouveaux modèles d'Hypermotard et d'Hyperstrada sont équipés de série du nouveau système ABS Bosch 9MP multiniveau (entièrement déconnectable), la prise de frein est parfois trop brusque, sans aucune progressivité dès la prise de levier. A la fois gênant en rythme urbain ou bucolique et parfois déstabilisant. Outre des à coup désagréables dans la fourche, elle tend à relever et rigidifier exagérément la moto alors même que vous venez de simplement effleurer la poignée. Ce manque de feeling est désagréable mais ne remet pas en cause l'efficacité des nouveaux étriers radiaux doubles monobloc M4.32 Brembo à 4 pistons.
Le « ride by wire » procure quant à lui une finesse de feeling propre à Ducati.
Vous disposez ainsi de trois modes de jeu :
- Le mode "Sport" qui délivre une puissance de 110 CV avec une réponse directe du « ride by wire » à l'ouverture des gaz, un DTC (réglable sur 8 positions) et un ABS réglés sur 1.
- Le mode "Touring" délivre toujours la même puissance de 110 CV avec par contre une réponse plus progressive du « ride by wire » à l'ouverture des gaz, et une intervention plus importante sur le DTC réglé à 4 et l'ABS positionné sur le niveau 2.
- Et enfin un mode Urban qui délivre une puissance de 75 CV avec une réponse bien plus progressive du « ride by wire » et une intervention encore plus importante sur le DTC sur 6 et l'ABS sur 2. Dans cette configuration en réalité « pluie », le moteur s'effondre considérablement et perd totalement de son charme. Sécurité oblige.
Chaque niveau du DTC présélectionné dans les Riding Modes peut être toutefois personnalisé par l'utilisateur et sauvegardé dans le menu de configuration.
Dans tous les cas de figure, on reste totalement maître des modes et des sensations distillées et, moyennant quelques réglages à l'arrêt pour l'ABS et en dynamique pour les Riding modes, il vous sera facile de se paramêtrer des assistantes à la carte en naviguant dans les divers menus et en mémorisant ses choix. Et même si ces réglages nécessitent un peu de temps d'adaptation entre les boutons et mode de sélection, la navigation au bout d'une demi journée devient un jeu d'enfant.
Les Pirelli scorpions trails qui équipent l'Hyperstrada, ont su garantir tout au long de l'essai une traction optimale. J'ai pu apprécier leur confort, vivacité de réaction et un comportement extrêmement sain. Peu sensible aux raccords de bitume, il absorbe les inégalités avec facilité et laisse le pilote balancer la moto avec facilité grâce à son profil très progressif.
Je ne vous parlerai pas des rétros qui ne servent à rien. Si, voir vos coudes, et faire des génuflexions pour tenter d'apercevoir ce qu'il se passe derrière....
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