Essai - BMW R18 - Comme un avion sans ailes
Concept épuré et évocation du passé, la BMW R18 fait entrer BMW dans le monde du gros bicylindre. 1800 cc badgent le maxi Boxer, tandis qu’elle impressionne dès qu’on la regarde. Qu’est-ce qui a bien pris BMW de nous sortir cet engin-là, et surtout, pour quoi faire ?
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Note
de la rédaction
13,5/20
Objet de salon ou étude de style, la R18 est pourtant on ne peut plus rationnelle. Les clignotants intègrent les feux de positon et s'éteignent automatiquement, tandis que rien dépasse de la ligne pure de la moto. Désirable, elle intimiderait pourtant quelques instants avant que l'envie ne prenne le pas sur l'appréhension.
Pour faire plaisir aux américains, pour commencer. Ce qui n’est pas toujours une référence rassurante, a priori, mais BMW n’est pas prêt à vendre son âme, qu’on se le dise. Au travers de la R18, le constructeur allemand renoue avec les lignes et une architecture moteur issues de son histoire. Evocation somptueuse d’un glorieux passé, la R18 n’en est pas moins une moto moderne. Ultra moderne, même.
En voulant copier esthétiquement les cadres rigides de l’époque, le "fondeur" teuton a dû faire quelques concessions, notamment en matière de débattement de suspension arrière. Le mono amortisseur, parfaitement masqué, encaisse d’une part les 345 kg de l’engin tous pleins faits et surtout, il offre un débattement limité à 90 mm. De son côté, la fourche standard affiche un copieux diamètre et ne s’encombre pas du moindre réglage.
Si la Nine T fut évoquée lors de la présentation informelle dans le superbe nouveau siège de la marque, la R18 entend bien jouer la carte de l’électronique là où sa devancière dans le style néorétro n’en avait cure. On retrouve donc de manière très discrète un ABS, un contrôle de traction et trois modes moteur, Rain, Rock & Roll. Oui, chez BMW, l’humour est lui aussi markété.
D’un point de vue statique, la R18 est déjà très prometteuse. Épurée au maximum, elle est aussi et surtout une moto caméléon, modulable et quelque par en kit, prompte à changer du tout au tout d’identité en fonction de désirs et surtout des options choisies.
Une modulation esprit garage pour amateurs fortunés, lesquels pourront à loisir et en toute simplicité changer de guidon, de bâti arrière ou encore le moindre carter. Quelques tours de vis suffisent, à l’image des logos BMW (badge à l’Hélice) du réservoir, que cette First Edition propose de changer soi-même pour une version à l’ancienne, visserie comprise. Tellement chic.
Comble du raffinement, ledit badge peut également parer les épaules des vestes d’équipement pilote vendues en boutique. Le souci du détail pour une clientèle friande de ce genre d’attentions. Une manière d’impliquer les heureux clients. Car comble de l’élégance, petits gants blanc, tournevis façon clef d’horloge et badges sont fournis dans le coffret collector offert avec cette première série. La dotation est complétée par une boucle de ceinture (pour les cow boys qui s’ignorent), ainsi que d’une casquette et d’un livre retraçant l’histoire de la marque.
Moto à la carte… de crédit, pour changer (au sens propre)
Optionable à volonté, l’hyper personnalisation passe par des pièces de toute beauté, déjà disponibles dans le configurateur de la marque bavaroise. Avec ses récepteurs d’embrayage et de frein rappelant le « Berlin Build » (fabriqué à Berlin), tout comme l’instrumentation à la fois sobre et complète grâce à son petit afficheur numérique, la R18 est une moto subtile malgré sa masse et ses volumes.
On regrette par contre que dans un premier temps, il n'existe que cette version et non l'une de celles que l'on peut contruire de ses propres mains. En effet, les accessoires sont présents au catalogue, mais il faut encore et toujours rajouter. On arrive vite à un petit billet de 3 000 ou 4 000 € supplémentaires pour sortir une version qui pourrait très facilement intégrer le catalogue, à l'image de la Bobber.
Nous avons à ce titre simulé notre R18 Bobber avec un maximum d'équipements, et le tarif dépasse alors les 34 000 €. Il faut dire qu'avec une boucle arrière, une ligne d'échappements Vance&Hines et surtout des jantes Rolland Sands Design à plus de 4 000 € la paire, on est largement au niveau d'une Harley Davidson CVO.
Par contre, pour ce tarif, les commodos sont modernes, mais toutjours pas rétro éclairés. Celui de gauche perturbe le moins les habitudes, avec sa navigation aisée dans les modes moteur et dans la lucarne digitale, laquelle fournit aussi bien la date que l’heure le régime de rotation du moteur, les informations de consommation ou de voyage (trips), mais aussi un indicateur de rapport engagé. Celui de droite inclut une mise sous tension, un bouton de démarrage et la commande des poignées chauffantes optionnelles. Si le démarrage est sans clef, on retrouve une fragile représentante des serrures à l'ancienne.
Bonne nouvelle, le blocage de direction est encore de mise. Mauvaise nouvelle, il fonctionne avec la "pas de clef de contact et n'est pas évident à mettre en place.
En option
Pour un kit sans serrures, le bouchon de réservoir est normalement sans serrure. Soit. Celui que nous avions sur notre modèle d'essai est en option.
Celle-ci est utile pour le bouchon de serrure optionnel, mais surtout pour… verrouiller la direction. Une manipulation aussi essentielle qu'elle peut être peu pratique sur la R18. À la fois l'amplitude du mouvement réduite que l'obligation de jouer avec le guidon en appuyant sur la serrure rendent l'opération désagréable. Un coup de mains, certes, un gain de poids, certes, un gain niveau design, certes, mais on aurait aimé un peu plus utile…
Utile, vous avez dit utile ? La marche arrière, en option et facturée près de 1 000 €, ne nous est pas apparue essentielle. La R18 se manipule sans effort si l'on est en selle. Par contre, attention de prévoir l'espace nécessaire au déploiement de la béquille latérale : elle est immense, perpendiculaire à la moto, tout comme les cylindres impressionnants de largeur, et se garer le long d'un mur demande d'avoir le compas et le gabarit dans l'œil !
Reste à aimer le chrome, que l’on retrouve sur le moindre élément de la moto, et à en prendre soin comme il se doit. Quoi que, compte tenu de la météo pour moins capricieuse de ces derniers temps, on ne saurait garantir d’offrir une option rat bike à la nouveauté 2020/2021 de la marque.
Douce de lignes, que l’on qualifierait de sportives si l’on ne se trouvait devant une moto XXL moderne (oui, cette ligne fut sportive en son temps), on apprécie la proposition. Selle ultra basse, guidon relevé, large et ouvert, trop grand, c’est un fait, on se retrouve les pieds sur des éléments caoutchoutés standards (là où il existe des marchepieds et des commandes doubles branche en option), on ne cherche nullement sa place : elle s’impose, la R18 nous accueille volontiers.
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