2. Essai Aprilia Tuono V4 RR 1100 : un moteur qui chante
Dès que l'on pose ses fesses dessus, la Tuono donne le ton. Une position sur l'avant, une selle plongeante et dure comme du bois, c'est certain, on n'est pas là pour conter fleurette au bord de la route ! Même si Aprilia a fait des efforts pour la rendre plus agréable sur route, on sent vite que faire de la borne avec une moto comme celle-ci relèvera d'un trait de caractère masochiste. Quand à mettre un passager, il faudra en convenir avec son seuil de tolérance.
Perchée à 825 mm de hauteur de selle, l'Aprilia sera accessible à un bon nombre de gabarits. Pour mon 1m70, mes jambes sont repliées juste ce qu'il faut. Au-delà, les grandes pattes pourront peut-être s'en trouver gênées. Une fois les rétroviseurs ajustés (plutôt bons à l'usage) on démarre le moulin. Il émane du cadre un gros son rauque pas désagréable du tout qui incite de suite à partir s'amuser. A contrario, la boite de vitesse lâche un gros claquement dès la première passée. On reste dans le rustique.
Les premiers tours de roues se feront en ville et là, le verdict est sans appel. Ce n'est pas du tout son terrain de prédilection. Déjà par son grand rayon de braquage à l'arrêt qui vous fera faire du Gymkhana pour un demi-tour, ensuite la grande course du levier d'embrayage et le moteur qui n'aime pas cogner à bas régime vous fera passer votre temps à jouer du levier pour ne pas se faire secouer à bas régime ou caler si la vitesse n'est pas suffisante. De plus la Tuono est une âme sensible en ville, elle n'aime pas être brusquée et le placement de la belle doit se faire avec délicatesse dans les ronds point par exemple. Heureusement sa taille fine vous permettra de vous faufiler sans trop de difficulté. Bref, l'Italienne met au pli d'entrée de jeu, il faudra un peu de temps pour l'apprivoiser.
Aprilia n'a eu de cesse de nous dire que cette nouvelle version était moins exclusive et plus apte pour un usage de tous les jours. Cela est fort probable mais uniquement dans le cas où les possesseurs ne doivent pas faire plus de 5 km de ville.
Mais ne partons pas défaitiste d'entrée de jeu, surtout que nous nous trouvions dans l'antre de Tavullia et tout prêt du Rossi Ranch, lieu de pèlerinage pour bon nombre de motards. Les premiers virages se profilent et les montées en régime aussi. Et c'est la que le 1100cm3 prend toute sa dimension. Il suffit d'arriver vers 5000tr/min pour que le V4 s'adoucisse et devienne un vrai bonheur à exploiter jusqu'en haut (nous disposions de version full). Il est même jouissif de se faire tracter les bras à chaque accélération. Le son également se fait de plus en plus clair et aigu. La Tuono devient plus facile à gérer même s'il faudra toujours du doigté pour la placer en courbe, contrairement à une SuperDuke qui croyez le ou non sera plus facile a gérer dans les courbes. Toute l'astuce tient du placement et du maintien de la belle dans sa trajectoire. D'ailleurs, il faut savoir que lors de notre essai, les routes autour de Tavullia sont particulièrement défoncées et glissantes. Il a suffi d'une virgule en sortie d'épingle avec un ATC à 5 pour savoir que ce ne serait pas de tout repos. Heureusement le maintient d'un bon régime moteur, de sa grande allonge et de jouer en douceur sur l'embrayage limitera la casse.
D'ailleurs en vous parlant des routes défoncées, ce sera l'occasion de mettre à l'épreuve les suspensions Sachs. Bien qu'une amélioration soit notable sur le confort, les réglages d'origines ne sont pas faits pour la route ouverte (tout du moins les routes de campagnes, il faudra plutôt chercher des virons qui enroulent). La moindre bosse/trou/dévers remonte dans les bras et le dos. Mais même si elles sont sèches, elles ne sont pas brutales à vous faire un tour de rein à chaque dos-d'âne. La remontée des infos est par ailleurs excellente et les amateurs de pilotage exigeant seront vraiment ravis. La Tuono est vivante dans tous les sens du terme et vous serez toujours conscient de la vitesse à laquelle vous allez (sans parler de la protection un peu juste de la tête de fourche). Sur les changements de rapport, la boite sèche et le levier sensible vous forceront à doser gentiment l'embrayage. Pour les plus bourrins, je leur conseille l'utilisation du Shifter, ça évitera les surprises. Côté frein pas de surprise, un feeling juste parfait à deux doigts. La gestion des Brembo est à la fois douce pour un parfait ajustement et mordant quand il y a besoin. Tellement mordant que « freinage appuyé + une selle plongeante » me rappelle le bonheur de ne pas être un garçon au contact du réservoir !
Hélas, emploi du temps chargé par Aprilia, nous ne pourrons pas rouler aussi longtemps que nous aurions voulu, ce qui a rendu cet essai particulièrement frustrant. Il me reste l'impression que la Tuono ne m'a pas tout dévoilé. Surtout que nous n'avons pas pu la tester sur des grandes portions roulantes, qui j'en reste persuadée, seraient son terrain de prédilection. Mais avec le recul, c'est dans la pire des situations que l'on peut aussi voir le meilleur. Et ce qui est certain, c'est que la Tuono a encore beaucoup à offrir aux motards en recherche de sensations fortes.
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