Donald Trump et le bonus électrique : c'est "no"
L'INFO DU JOUR - Le futur président des États-Unis souhaite en finir avec les 7 500 euros de bonus accordé aux acheteurs de voitures électriques. De quoi crisper son mécène et futur ministre Elon Musk ? Pas le moins du monde. Quant aux autres constructeurs, ils sont fatalistes.
Pour Donald Trump, l'aide aux voitures électriques n'a pas lieu d'être. Crédit photo : Allison Robbert - Pool via CNP/picture alliance / Consolidated News
C’est sa Maison blanche provisoire jusqu’au 20 janvier, jour de son investiture. À Mar-a-Lago en Floride, dans la résidence du Donald Trump, on ne nomme pas seulement un futur gouvernement, qui doit être approuvé par le Sénat, on prend aussi des décisions qui sont plutôt du ressort de ces futurs ministres. Et l’une d’elles pourrait bien remettre en cause l’un des points clés de l’IRA (Inflation reduction act), le programme de transition écologique de l’équipe sortante.
Selon l’agence Reuters, le 47e président supprimera tout bonnement le bonus de 7 500 euros offert à tout acheteur américain d’une voiture électrique neuve dès son accession au pouvoir. Et, dans la foulée, il en finirait avec l’obligation faite aux constructeurs de produire 67% de VE à la date butoir de 2034.
Un retournement de situation après un précédent retournement de situation
Une nouvelle volte-face surprenante de celui qui, après s’être déclaré farouchement hostile aux autos électriques, s’est ravisé grâce aux millions de dollars qu’Elon Musk a versé pour sa campagne. D’ailleurs, comment réagit ce dernier face à ce rabotage de subventions qui prive ses clients d’une ristourne ?
Il n’en souffle mot, mais laisse volontairement fuiter son sentiment, qui est loin de l’inquiétude. Tesla détient la moitié des parts du marché des voitures électriques aux États-Unis et plutôt que de voir dans cette annulation de bonus un coup de couteau dans le dos, le futur secrétaire d’État à l’efficacité gouvernementale l'apprécie comme une manière de plomber ses concurrents Ford, General Motors et Stellantis, tout en augmentant son avance sur ces derniers.
Mais de leur côté, en apprenant cette nouvelle coupe budgétaire, les trois de Detroit n’ont pas vraiment cédé à la panique comme Musk l'attendait. Comme s'ils avaient devancé la décision de Trump et devenaient fatalistes. Pourtant, au cours de l’année, après un début difficile, les ventes de VE ont progressé aux États-Unis. Leur part de marché pourrait atteindre 10 % à la fin 2024 et voir, à terme, rattraper les 12 % européens. Parce que les infrastructures de recharge ont fait un bond en avant, et parce que les constructeurs, sous la contrainte, ont baissé les prix de leurs modèles.
Sauf qu'ils sont trois à se partager 50% d'un gâteau pas si énorme et que les big three prévoyaient une montée en puissance beaucoup plus rapide de l’électrification. Alors, ils ont partiellement changé leur fusil d’épaule depuis plusieurs mois. Ford a calmé le jeu dès cet été, en annulant le chantier de ses futurs gros SUV électriques et en misant sur les petits modèles comme sur l’hybride.
Chez General Motors, on semble naviguer à vue. Terminé l’ambitieux objectif d’1 million de voitures électriques en 2025. Sa patronne Mary Barra ne veut même plus livrer de prévisions et indique simplement que la firme « s’adaptera à la demande des clients », tout en relançant la R&D sur les V6 et V8.
Un président aux avis fluctuants ?
Chez Stellantis, on est tout aussi fataliste, mais un peu plus confiant encore. Les soucis actuels des marques américaines du groupe (Jeep, Ram, Chrysler, Dodge) occupent les esprits et la décision de Trump n'est qu’un petit embarras supplémentaire dans un océan de problèmes.
Surtout, on se félicite de disposer de la plateforme STLA Frame, conçue pour les US et ses gros pick-up et light trucks. Elle est modulable et permet de concevoir des autos électriques ou thermiques selon ce que le marché souhaite. D’ailleurs Carlos Tavares, interrogé en début de semaine lors de sa visite à l’usine de Rennes La Janais, s’est montré plus philosophe qu’alarmé. « On s’adaptera » a-t-il expliqué. Pour lui, la décision de Donald Trump n’est pas finalisée et il attend qu’elle le soit avant de livrer le plan de bataille à venir à ses troupes de Detroit. La parole d’un politique, même celle du 47e président des États-Unis ne devrait donc pas être prise au pied de la lettre ?
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