DESIGNbyBELLU - L’effet Lexus ": N’est pas Braque qui veut. Lexus a malheureusement ouvert la voie aux excès et aux caricatures de ses concurrents".
C’est insupportable ! La révélation de beaucoup de nouveautés entraîne un triste constat : les designers ne peuvent plus s’empêcher de « faire » du Lexus au rabais. Inquiétant…
Longtemps restée sur son quant-à-soi, la marque Lexus s’est soudain démarquée du consensus ambiant au début des années 2010. Cela fait une dizaine d’années que le label de prestige de Toyota a pris le parti de l’inconvenance en appliquant à la plupart de ses modèles un style provocateur, employant avec maestria un vocabulaire composé de lignes brisées, de plis inachevés, d’angles acérés et de plans déstructurés. Sur les Lexus, les volumes des carrosseries ont été décomposés, désagrégés, dissociés pour être ré-assemblés selon une géométrie imprévisible. Exit les lignes fuyantes, les arêtes filantes, les surfaces enveloppantes : le fortuit s’est substitué à l’harmonieux.
Les designers de Lexus affirment leur différence à travers une agressivité assumée et ils le font avec une incontestable maestria. Mais n’est pas Braque ou Gleizes qui veut. La déconstruction cubiste demande du génie ; ou juste un peu de talent quand elle s’applique prosaïquement au design. Or Lexus a malheureusement ouvert la voie aux excès et aux caricatures de ses concurrents. Cette manière qui aurait dû rester la signature d’un engagement a été dévoyée en étant récupérée par d’autres créateurs en mal d’inspiration.
Les Peugeot 2008 et 3008, la future Hyundai Tuscon ou la DS Aero Sport Lounge, pour ne citer que quelques réalisations récentes, se sont chargées de moulures, balafres et virgules incongrues renforçant une déplaisante volonté de paraître. Les faces avant rivalisent d’exubérance avec des grilles de calandre démesurées, des coulures de chrome et des optiques emplies de bimbeloteries. Le mouvement concerne essentiellement les SUV, comme si le sujet libérait mieux que d’autres les instincts refoulés des designers, leur désir latent d’agressivité, leur volonté inavouable de domination.
Désormais, la pureté est l’apanage d’une caste élitiste. En marge de la vulgarité ambiante, une poignée d’automobiles imposent leurs lignes épurées et lissées. Elles se nomment Porsche Taycan ou Ferrari Roma, mais aussi Voyah ou Xpeng. Les expressions des start-up chinoises annoncent-elles les prémices d’un revirement ?
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