2. Dark Dog Moto Tour 2011: sensations et ressentis d'amateur
LE DÉBUT DE LA GUERRE DES 6 JOURS
C'est tout de blanc vêtu que l'apprenti rallyman se pointe et prend le départ de la première étape longue de 67 bornes. Il est 14h51 heure locale. Val de Reuil le voilà. Pas si évident que ça de regarder la route et le Tripy, tout en vissant la poignée… «200 mètres après le pointage, une policière municipale me déroute à grand renfort de moulinets avec les bras... et me fait tout bonnement sortir du parcours. Résultat, je me perds et croise même ceux qui finissent la boucle » explique Jeff. C'est la panique la plus totale sans pour autant avoir passé le premier kilomètre de course. Virant depuis 20 minutes dans un rayon de 100 mètres autour de la ligne de départ le pilote KTM se montre des plus expressifs sous son casque avant de chuter lors d'un demi tour sur un rond point.
Vexé il met gaz au hasard et finit par retrouver une indication (panneau, repéré sur le road book papier survolé trop rapidement quelques heures avant). La course peut enfin débuter. A l'arrivée 30 minutes de retard, une direction de course saisie pour ce "déroutage" injuste et au final annulation des pénalités !
Le premier contact avec le rallye est pour le moins déprimant, avec un moral dans les bottes avant de s'élancer sur la spéciale de Val de Reuil longue de 1,6 km. Pas facile de jouer dans la cour des grands, la course apprend l'humilité mais pas toujours de la manière la plus douce. Avec un temps de 1'50 le numéro 203 décroche le 144ème temps sur 156 classés en clamant « je me traine mais je m'en fiche, c'est parti pour une semaine d'aventure ».
Une première journée marquée par le stress plus que par la distance parcourue. Heureusement il y a les autres qui sont là et prennent le temps de remonter un moral aussi triste qu'un sourire de clown parce que demain 439 bornes les attendent.
LA GAGNE ARRIVE PETIT À PETIT
La nuit a porté ses fruits, JF est frais comme un gardon mais aussi remonté comme un coucou suisse, fin prêt à souder sur les 440 kilomètres qui le séparent de la ligne d'arrivée et se feront en groupe avec son pote Jean-Luc.
« Je suis devant, au sol des gravillons, j'évite une gamelle de peu lors d'une courbe en montée. Une fois passé je me retourne et vois une Triumph à terre… et si c'était celle de mon pote ? Peu fier de moi je ne me suis pas arrêté en me disant que l'on était en course, tout en pensant pour me rassurer que ça pouvait aussi ne pas être lui… » Il n'y a pas à dire, on se prend au jeu même quand on est loin au classement !
ALLO MAMAN BOBO
Avant l'assistance mécanique individuelle et l'étape marathon du lendemain, les kilomètres mais aussi les questions fusent : pourquoi ai-je un SMC et pas un Duke? La selle façon bout de bois me tanne le cul… J'ai mal à un orteil, peut-être que mes bottes sont trop petites ???? C'est dur, j'ai le poignet droit très contacté à la façon d'un ado qui a trop joué avec son joystick.
Arrivé au bivouac, la tension chez les « solo » est palpable, peut-être à cause des difficultés de l'étape suivante. Quoiqu'il en soit Jean-François grappille des points au général… grâce aux pénalités des autres parce que côté rythme rien de bien nouveau.
MARATHON MAN
Le départ pour 280 kms de petites routes se fera de nuit à la queue leu leu tous derrière celui qui a le seul road-book éclairé.
Après 4 heures à suivre le mouvement, la 690 SMC fait cavalier seul. Deux heures plus tard la chasse à l'eau est ouverte, à la différence de l'unique bar fermé, tout comme l'épicerie. Seule possibilité, aller chez l'habitant. « Je toque à la porte d'une maison au bord de la route, nous explique JF, c'est une dame âgée qui m'ouvre la porte. Après un brin de papotage et quelques gorgées je repars. 4 heures et un contrôle horaire plus tard, ce n'est plus moi qui meurt de soif mais ma moto et toujours pas de station service. Je m'arrête dans un village et rencontre des ouvriers, je sors ma pièce de deux euros pour leur acheter un litre de carburant… tous morts de rire, ils me remplissent le réservoir gratos sans qu'il me soit possible de leur faire un chèque… c'est ça aussi ce rallye, de belles rencontres humaines ».
De belles rencontres oui, mais aussi un record, celui des pénalités. Rien de bien méchant : 6h13mn. Ça cause non ? Le numéro 203 est mis hors course mais peut cependant continuer l'aventure en ayant une chance de revenir au classement. Ce sera chose faite en pointant 122ème sur 123. Restons positif : il n'est pas dernier. Au fait, ce ne sont pas ses bottes qui sont trop petites mais le sélecteur de vitesse qui mène la vie dure au gros orteil… ça ne s'invente pas !
LA ROUTE DU VIN
415 kms… une paille pour notre nouveau pilote au long cour. Mais avant de rouler entre les vignobles de renom, quelques tours du circuit d'Albi sont imposés… le but va être simple : ne pas se mettre au tas ! Même si l'exercice pistard se passe bien, notre « champion » l'effectue dans la douleur.
A nous Beaumes-de-Venise et autre Châteauneuf du Pape apportant à cette course un semblant de vacances… façon balade en moto. « On ouvre l'écran du casque et ça sent bon le vin ». Arrivée à Toulon et nuit sur le bateau dans un vrai lit, direction l'île de beauté. « Ça va me faire du bien car j'ai désormais mal partout ! »
TOUT COMMENÇA A PORTICCIO
« L'étape du jour n'est pas téléchargée sur mon Tripy… d'abord furieux, je me remotive et arrive à avoir le road-book grâce aux side-car qui me prête le leur. Il ne me reste plus qu'à le faire photocopier à l'hôtel le plus proche avant que l'assistance l'installe sur mon dérouleur manuel ». L'étape corse ne commence pas sous les meilleurs auspices. Ainsi pourvu JF pense rouler moins vite qu'au Tripy… sentiment vérifié en vue des autres pilotes qui le double : « ...j'essaie d'accrocher les gars qui me doublent, mais ils sont meilleurs pilotes que moi et je ne peux pas suivre le rythme sans risquer la faute. Je perds 6 minutes le matin et un peu plus l'après midi » soit la seconde pénalité de la courte carrière de notre rallyman en herbe, « pas grave, confirme le numéro 203, j'ai évité les ravins corses ».
Du côté du physique, la combinaison est toujours aussi blanche mais à l'intérieur le bonhomme est maltraité et semble être passé sous un poids lourd. Il subit la quasi paralysie de son pouce droit et des points de contracture dans le dos. Sinon ? « La Corse, c'est magnifique et je me dis en croisant cochons, vaches et chèvres sur les routes défoncées, que je reviendrai l'année prochaine… »
Au classement il est 113ème.
FIN DES HOSTILITÉS, TOULON EST AU BOUT DU GARDE-BOUE
« Ce matin, c'est le dernier, j'ai envie que ça s'arrête mais en même temps c'est super excitant de terminer l'aventure sans trop d'accroc... Je maîtrise un peu mieux la technique du rallye : je note sur un bout de scotch collé sur la selle, mon heure de départ, la case de l'essence, l'organisation des 400 bornes de la journée et bien sûr les heures de pointage… »
Après une liaison magnifique proche d'Aubagne c'est le tour de la montée du Mont-Faron et ses 3,2 kilomètres d'épingles.
« Je puise un peu d'énergie pour attaquer dans les épingles, ça se passe bien dans les premières, puis sur une droite un peu à l'ombre, porté par l'enthousiasme du public venu nombreux mais aussi par une fatigue extrême, je suis trop généreux sur les gaz, je freine très tard mais surtout pas assez fort». La sanction est immédiate, JF sors de la route sans tomber pour autant. « Je remets les gaz sous les olés du public » explique-t-il « et je me relâche 500 mètres plus loin pour passer l'arrivée ». Classement final : 108ème sur 124 classés.
LE DDMT, PROMESSE TENUE ?
Des doutes, des peines, de la douleur certes mais aussi des souvenirs plein la tête, de belles rencontres, du dépassement de soi et une incroyable aventure qui laisse en bouche un goût de trop peu une fois la moto posée sur la béquille.
La fierté d'avoir terminé plus que celle du résultat et une incroyable envie d'y revenir l'année prochaine, riche d'expériences pour enfin espérer mieux ! Il n'est pas peu fier le garçon d'être allé jusqu'à Toulon et rêve maintenant d'aventure de chronos et de drapeaux à damiers…
Sommaire
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération