Coronavirus : les radars - et les finances - au point mort ?
Les Français roulent moins, et commettent de ce fait moins d’infractions. Les radars se retrouvent donc au chômage forcé, et cela représente un important manque à gagner pour les pouvoirs publics.
Selon les indicateurs de trafic, jamais on n’a aussi peu circulé en voiture en France. A l’heure où nous mettons en ligne cet article, le service Sytadin qui mesure le trafic en Ile-de-France indique un niveau record de… 3 km de bouchons. Le TomTom Traffic index fait lui part d’un trafic en pleine semaine dans Paris, Lyon ou Marseille inférieur à celui enregistré dans le creux du mois d'août.
Du côté des autoroutes, le trafic poids lourds reste régulier mais celui des véhicules légers est en chute libre : Vinci Autoroutes fait état d’une baisse de 19,1% entre le 1er et le 20 mars, et tout indique que ce chiffre va encore baisser d’ici la fin du mois.
Les Français observent donc scrupuleusement les consignes de confinement, et de ce fait mettent les radars au chômage technique. Impossible d’obtenir les chiffres de la baisse du nombre de flashs enregistrée depuis quelques jours, mais tout laisse à penser qu’elle est élevée.
Cela nous a malgré tout donné l’idée de procéder à une évaluation du manque à gagner pour les caisses de l’Etat, en prenant comme postulat de départ une baisse de 70% du trafic global et du nombre de PV dressés quotidiennement (et c’est là une hypothèse basse).
De là, reprenons les derniers chiffres communiqués par la Sécurité routière elle-même, et que nous avions détaillés ici. En 2017, la recette des amendes des contrôles des polices de la circulation , à laquelle s’ajoutent les amendes issues des radars automatiques, s'est élevée à 1,98 milliard d'euros, soit 5,42 millions d’euros qui entrent chaque jour dans les caisses.
Depuis le début du confinement, une baisse de 70% de ce chiffre représenterait un manque à gagner de 3,79 millions par jour pour les finances publiques, soit un peu plus de 170 millions si les Français devaient rester en tout 45 jours à domicile ! Et 170 millions, c’est peu ou prou la somme qui devait justement être allouée cette année aux collectivités locales pour l’amélioration de la sécurité routière (aménagements routiers, créations d’infrastructures, etc.).
La seule bonne nouvelle, dans tout ça, est que les statistiques de sécurité routière s’annoncent historiquement basses pour les semaines à venir, alors même que jamais les radars n’auront aussi peu flashé !
Pour autant, pas de quoi plastronner : les accidents corporels coûtent près de 40 milliards d’euros à la collectivité chaque année, et ce n’est pas une « pause » de 45 jours (ou plus…) dans les accidents qui y changera hélas grand-chose. Le grand confinement sera-t-il l'occasion pour chacun de repenser la façon dont il (se) conduit?
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