Petites nerveuses mais grandes travailleuses : Fiat Punto Multiair 135 ou Renault Clio GT ?
Pas sportives mais presque, ces deux citadines proposent de belles performances, un comportement efficace et une dotation riche, tout en coûtant peu cher. Enfin quand on dit citadines, on parle d’autos déjà spacieuses ! Et elles ne sont pas chères : dès 3 500 €

Au mitan des années 2000 apparaît une nouvelle génération de citadines, plus spacieuses et confortables que jamais. Plus grandes et lourdes également ! A l’avant-garde de cette tendance, on trouve les Fiat Grande Punto et Renault Clio III qui, lancées en 2005, passent les 4 m. Toutes sont deux restylées en 2009, avec un succès inégal, année où elles bénéficient de nouvelles motorisations.
L’italienne se veut très moderne, avec son 1,4 l turbo à distribution Multiair développant 135 ch, la française plus classique. En effet, son moteur 1,6 l se passe de turbo et développe tout de même 128 ch. En clair, ces deux « petites » avoisinent les 200 km/h tout en choyant leurs passagers grâce à leur équipement complet. Idéales pour se garer aisément en ville mais aussi affronter de longs trajets confortablement ! Mais laquelle choisir ?
Les forces en présence

Fiat Punto 1.4T Multiair (2009 - 2013) : berline 3 - 5 portes, 5 places, 4-cylindres 1,4 l turbo, 135 ch, 1 155 kg, 205 km/h, à partir de 3 500 €.

Renault Clio III 1.6 128 ch (2009 - 2012) : berline 3 - 5 portes, 5 places, 4-cylindres 1,6 l, 128 ch, 1 230 kg, 197 km/h, à partir de 3 500 €.
Présentation : vous n’avez plus le look, cocottes !

Fiat avait parfaitement prévu et réussi la transition de son cheval de bataille, la Punto, vers une catégorie supérieure de dimensions et de prestations. Lancée en 2005, la Grande Punto bénéficie d’une toute nouvelle plate-forme qui servira à de nombreux modèles, badgés Alfa Romeo, Fiat et même Opel. Surtout, elle s’habille façon petite Maserati chez Ital Design, son look charismatique contribuant largement à son grand succès initial.
On reproche à la Fiat, spacieuse, confortable et très protectrice en cas de choc une finition un peu légère, défaut qu’elle corrige impeccablement lors de son restylage intervenant fin 2009. Mais voilà, entre-temps, le défunt Sergio Marchionne a fait des siennes. S’il fut un brillant businessman, l’ancien grand patron du Groupe Fiat ne comprenait pas grand-chose au produit. Il avait déclaré que s’il avait été aux manettes lors de l’élaboration de la Grande Punto, elle aurait été différente. Et lors de la mise à jour de mi-carrière de celle-ci, on a compris ce qu’il voulait dire. D’élégante et parfaitement homogène, elle est devenue criarde : on l’a défigurée.

Résultat, des ventes qui chutent de 25 % dès 2010, alors qu’elles étaient censées augmenter ! Dommage, car sur le fond, la Punto devenue Evo a évolué judicieusement : nouveau tableau de bord bien mieux fabriqué que l’ancien et surtout moteurs sérieusement mis à jour. Ainsi, l’excellent Fire, qui donnait déjà des résultats étonnants en T-Jet 120, bénéficie de la fameuse distribution Multiair inventée par Fiat (et reprise par Jaguar sur son moteur Ingenium).
En clair, l’arbre à cames d’admission est remplacé par des actuateurs électro-hydrauliques qui permettent de faire varier sur une plage exceptionnellement large les temps d’ouverture et les valeurs de levée des soupapes. Le tout, pour augmenter le rendement, donc la puissance, tout en abaissant la consommation. Avec ce dispositif, le moteur Fire 1,4 l développe 135 ch pour un couple maxi de 206 Nm disponible dès 1 750 tr/min. Le signe d’une grande souplesse mécanique ! Dans le même temps, la Punto Evo 1.4 T pointe à 205 km/h, et franchit les 100 km/h en 8,5 s : presque des chronos de sportive.

Par ailleurs, cette mécanique performante n’est disponible que dans les finitions supérieures : Emotion (clim auto bizone, jantes alliage de 15, capteurs de pluie et de luminosité, radio CD, vitres et rétros électriques), et Sport (jantes alliage de 16, sièges sport, présentation plus dynamique, ESP, mais perte de la régulation auto de la clim). Les prix ? Respectivement 18 400 € (23 300 € actuels selon l’Insee) et 17 800 € (22 500 € actuels selon l’Insee).
Plutôt compétitifs, mais voilà, l’Abarth, dotée, elle, de 165 ch, est à peine 1 000 € plus chère, donc c’est elle que la clientèle plébiscitera logiquement. Comprenant son erreur stylistique, Fiat modifie l’Evo fin 2011, où elle arbore une face avant simplifiée et se nomme simplement Punto. La 135 ch se décline en finitions Easy et Lounge, mais elle disparaît dès 2013, alors que les autres variantes dureront jusqu’en 2019…

Tout comme Fiat, Renault a compris rapidement le désir de montée en gamme de la clientèle du segment B. Aussi, presque simultanément à la Grande Punto, à l’été 2005, le losange dégaine sa Clio de 3e génération, bien plus imposante que sa devancière. Etablie sur la plate-forme révélée par la Nissan Micra en 2002, la nouvelle Renault progresse notablement en confort, en habitabilité, en finition, voire en luxe.

Sans même parler de la protection des passagers en cas de choc. Alourdie, elle rencontre néanmoins un grand succès, subissant comme sa rivale italienne un restylage assez peu heureux en 2009. Les dommages étant néanmoins bien moins spectaculaires que sur la rivale italienne, la française continue une belle carrière, et reçoit un nouveau moteur essence.
Dérivant de celui de la Twingo RS, cet 1,6 l atmo à 16 soupapes et distribution variable développe 128 ch permettant à la Clio de pointer à 197 km/h, voire de franchir les 100 km/h en 9,3 s. Mais le couple maxi, limité à 155 Nm, est de surcroît haut perché, à 4 250 tr/min. Embêtant vu que la bête pèse 1 230 kg.

Cela dit, cette motorisation s'associée à une boîte 6 à démultiplication finale courte censée limiter les dégâts côté reprises. Par ailleurs, elle se combine aux finitions Exception (clim auto, démarrage sans clé, capteurs de pluie et de luminosité, jantes de 16 en alliage), Exception Cuir (+ cuir et peinture métal) et GT.
Cette dernière, de loin la plus diffusée en 128 ch, se signale par un look plus sportif (inspiré de la Clio RS), une suspension affermie, des sièges renforcés et surtout un GPS ! Les prix restent raisonnables, à respectivement 16 750 €, 17 250 € et 17 500 € (de 21 500 € à 22 500 € actuels selon l’Insee). En 2011, les Exception sont supprimées, tandis qu’apparaît une finition Gordini, qui sera la seule à subsister en 2012. Cette année-là, une nouvelle génération de Clio apparaît, qui se passera du moteur 1,6 l.
Fiabilité/entretien : deux petites dignes de confiance

Si la Grande Punto a connu des soucis de direction, ses descendantes Evo/Punto en sont exemptes. En revanche, la commande de soupapes Multiair peut faire des siennes, surtout sur les modèles de début de commercialisation (difficulté de démarrage, moteur tournant sur 3 cylindres). Certains systèmes ont été changés prématurément sur des autos fabriquées jusqu’en 2011.
Il faut veiller à vidanger le moteur en temps et en heure avec la bonne huile, et changer le filtre du Multiair avant 60 000 km. On renouvèlera la courroie de distribution avec la pompe à eau avant 100 000 km. Pour le reste, la Fiat est plutôt sans ennuis, si l’on excepte des bugs électroniques sur le dispositif d’aide au démarrage en côte et dans l’habitacle, qui vieillit par ailleurs bien.

Le moteur de la Renault, plus simple que celui de la Fiat, ne pâtit guère que de quelques soucis de bobines et de capteur de PMH, simples à résoudre. Là aussi, il est recommandé de changer la courroie de distribution et la pompe à eau vers les 100 000 km. Très belle fiabilité donc, ce qui vaut aussi pour la boîte. Comme la Punto, la Clio pâtit de petits bugs électroniques, de témoins s’allumant sans raison, mais sans gravité non plus. L’habitacle vieillit très correctement, même si certains plastiques pelliculés ont tendance à peler.
Avantage : Renault. Moins sensible au mauvais entretien que celui de la Punto, le moteur sans histoire de la Clio lui vaut la victoire ici.
Vie à bord : des citadines qui valent des compactes

Dans la Punto, on apprécie le tableau de bord aux formes galbées, agréable à l’œil. Mieux, il se taille dans des plastiques de bonne qualité, même si celui de la coiffe n’est pas moussé. Mais son aspect mat donne le change, la finition atteignant un niveau fort convenable. Autre point positif, la belle habitabilité générale complétée d’un équipement riche et d’une sellerie confortable, même à l’arrière. Evidemment, les places de choix sont à l’avant, où malheureusement, les rangements sont moins nombreux que dans une Punto 2. Quant au coffre, variant de 275 l à 1 000 l, il affiche une capacité convenable.

La Clio se targue de plastiques très valorisants, la planche de bord, au dessin plaisant, se coiffant d’un matériau moussé rare à ce niveau de gamme. L’assemblage étant plutôt rigoureux, la finition peut être qualifiée de très bonne. La sellerie, surtout dans la version GT, se révèle très confortable, alors que l’équipement se révèle fort complet. Un GPS de série, c’est rare à l’époque ! L’habitabilité est, ici aussi, flatteuse, peut-être un poil moins que celle de la Fiat à l’arrière, mais la Renault compense par un coffre un peu plus grand : de 290 l à 1 040 l.
Avantage : Renault. La Clio doit ici sa victoire surtout à ses matériaux, les deux rivales étant très proches sur le reste.
Sur la route : une italienne plus homogène

Position de conduite irréprochable dans la Punto, on l’on se trouve très bien maintenu. On aime aussi l’ergonomie claire du tableau de bord. Cela dit, c’est le moteur qui retient surtout l’attention. Comment ? Grâce à sa souplesse exceptionnelle pour un 1,4 l, doublée d’un punch évident à tous les régimes. Très linéaire, ce bloc Multiair répond tout le temps et fait même preuve d’une sonorité agréable. Certes, il ne sert à rien de le pousser à plus de 6 000 tr/min, même s’il y grimpe sans hésiter.
La boîte 5, judicieusement étagée (36,3 km/h pour 1 000 tr/min en 5e), le seconde efficacement. Dynamiquement, la Fiat est avant tout rassurante. La direction, à la bonne consistance, communique plutôt bien et agit sur un train avant relativement précis, rendant la conduite agréable. A la limite, la Punto sera surtout sous-vireuse, mais sans excès, alors qu’elle limite efficacement le roulis. La suspension se révèle un peu sautillante, mais le confort général n’en souffre pas outre-mesure, alors que la bonne insonorisation rend les longs trajets acceptables. Enfin, le freinage est irréprochable, par sa puissance et son endurance.

Dans la Renault également, on se trouve très bien installé, un peu plus haut que dans la Fiat certes, mais dans un siège au meilleur maintien latéral, dans le cas de la version GT. Ici aussi, l’ergonomie se révèle bien pensée, hormis celles du régulateur de vitesse, éparpillées et non éclairées. Au démarrage, le moteur sonne bien, mais rapidement, s’il est souple, on note son manque de punch à bas régime. Cela va nettement mieux quand on passe les 4 000 tr/min, puis il grimpe avec une belle énergie jusqu’à 7 000 tr/min.
Enjoué, ce bloc reste trop juste aux rotations courantes, mais la boîte à l’étagement plutôt court (33,1 km/h pour 1 000 tr/min en 6e) le soutient dans ses efforts. Elle se révèle de surcroît très maniable. Côté châssis, la Renault convainc voire étonne. Direction consistante et plutôt rapide, train avant très précis et rigoureux, arrière acceptant de se placer gentiment quand on le provoque, la Clio donne bien des satisfactions. Et ce, en toute sécurité grâce à son gros grip. Très bien jugé, son amortissement établit un compromis remarquable entre maintien de caisse et confort, alors que le freinage est aussi efficace que celui de sa rivale. On regrette d’autant plus le manque de réserves du moteur, par ailleurs bruyant sur autoroute.
Avantage : Fiat. Nettement plus vigoureuse que la Clio, la Punto rafle la victoire grâce à son excellent moteur, même si la française dispose d’un châssis un peu meilleur.
Budget : elles ne décotent plus

En très bon état, la Punto 135 ch se déniche à 3 500 €, mais avec 200 000 km au compteur. A 150 000 km, on comptera plutôt 5 500 €, alors que pour tomber sous les 100 000 km, il vaut mieux compter 7 000 €. La consommation moyenne s’établit à environ 7,5 l/100 km.

Pour sa part, la Clio se situe dans les mêmes zones de prix que la Punto mais consomme un peu plus : 7,8 l/100 km.
Avantage : Fiat. Là encore, le moteur de la Punto lui vaut une courte victoire grâce à sa consommation légèrement moindre que celle de la Clio.
Verdict : affaire de goût

Aux points, nos deux rivales sont à égalité. Alors, comment les départager ? En fonction de ses préférences personnelles. Si vous aimez les moteurs raffinés et performants, prenez la Fiat, à plus forte raison si vous roulez beaucoup sur autoroute car l’italienne s’y révèle plus silencieuse que la française.
En revanche, si vous appréciez les châssis aux petits oignons, c’est la Clio qu’il vous faut, surtout si vous comptez l’utiliser principalement sur routes sinueuses. C’est peut-être aussi la plus raisonnable des deux, grâce à sa mécanique plus simple et aisée à réparer le cas échéant.

Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Renault |
Vie à bord | Renault |
Sur la route | Fiat |
Budget | Fiat |
Verdict | Egalité |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Fiat Punto Multiair 135 et Renault Clio III 128 ch.
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