Citroën Visa GTI (1984-1988) : la laideur s’oublie, le plaisir reste, dès 6 000 €
Deuxième Citroën créée après le rachat par Peugeot, la Visa a rencontré un certain succès, malgré sa laideur initiale. Suivant la mode de son époque, elle s’est même déclinée en une très intéressante GTI reprenant la mécanique de la Peugeot 205 du même nom. Presque aussi performante que la sochalienne, plus pratique avec ses 5 portes mais dénuée d’aura, elle n’a connu qu’une modeste carrière, malgré son prix attractif.
L’idée d’une Citroën urbaine est bien ancienne. En 1968, le Double Chevron a passé des accords avec Fiat et la firme française a commencé les études d’une citadine sur la base de la 127. L’entente franco-italienne échouant dès 1973, elles achoppent rapidement. Mais en 1974, un nouveau projet arrive, dénommé Y. Le bureau de style, dirigé par Robert Opron, auteur des SM et CX, dessine une auto très moderne pour son époque, utilisant une plate-forme spécifique et dotée d’une intéressante suspension arrière, très peu encombrante, mêlant bras tirés et barres de torsions transversales. Sa date de sortie est prévue en 1976. Mais, patatras, Peugeot rachète Citroën et donne un coup d’arrêt au développement de l’Y, pourtant déjà bien avancé et qui, dans les années 80, engendrera l’Axel.
Afin de rationaliser les coûts, le constructeur au lion impose à la marque du quai de Javel de redévelopper sa citadine à partir de la 104. Elle en reprendra toute la technique, sauf le petit moteur bicylindre des versions de base qui reste celui de la LN.
Le projet Y devient VD, et bénéficie d’une bonne étude aérodynamique qui se traduit par un avant plongeant. On décide aussi, dans un souci de modernité, de doter la future Visa de boucliers en plastique.Mais hélas, Robert Opron part chez Renault en 1975, et le bureau de style se retrouve sans véritable chef. De sorte que tout le monde met son grain de sel dans le projet VD, qui débouche en 1978 sur une Visa au style disons, étrange. Sa calandre arrondie et protubérante recevra d’ailleurs le surnom de « groin »… Un vilain petit canard aux airs de cochon !
Bien vite, on se rend compte que la clientèle Citroën, pourtant habituée aux excentricités dont l’Ami 6 n’est pas la moindre, ne goûte pas à la petite dernière, dont les ventes sont décevantes. Déjà faiblardes en 1979, elles chutent de 20 % en 1980, malgré le lancement de la Super X de 64 ch, version un peu épicée : il y a le feu !
C’est Heuliez qui l’éteindra, en restylant très efficacement la Visa à peu de frais. C’est une auto transfigurée à coups de baguettes de plastique et de peinture noire qui apparaît en mars 1981, et hop, la carrière commerciale repart ! La gamme se voit chapeautée par la Chrono en 1982, une série limitée à 1 000 exemplaires inspirée de celle engagée en compétition. Dotée du moteur 93 ch de la 104 ZS2, elle se pare d’accessoires de carrosserie lui donnant un air sportif, tandis que le tableau de bord adopte des cadrans ronds.
En 1982, la Super X est remplacée par la GT, forte de 80 ch, doublée d’une série limitée GT Tonic à carrosserie de Chrono en 1983. À la fin de cette année-là, une extraordinaire 1 000 Pistes de 112 ch à 4 roues motrices arrive. Destinée à courir en Groupe B, elle doit, pour y être homologuée, être vendue à 200 exemplaires « civils ». Extérieurement, elle se signale par ses 4 phares ronds et ses boucliers spécifiques. Autant de petites sportives qui font du bien à l’image incertaine de la Visa, ce type de voiture étant alors très en vogue.
La voie est ouverte à la GTI, une authentique sportive, à la production non limitée cette fois, qui apparaît au salon de Paris 1984. La banque d’organes PSA fonctionnant à plein, elle récupère le moteur, la boîte et le train avant de la terreur du moment : la 205 GTI. Équipée de 4 projecteurs ronds, comme la 1 000 Pistes, de boucliers et de jantes spécifiques, elle tente de donner le change esthétiquement.
Tout aussi puissante que la Peugeot (105 ch pour son bloc XU de 1 580 cm3), la Visa est un poil plus lourde (870 kg contre 850) et nettement moins aérodynamique (son Cx de 0,38, très bon en 1978, est dépassé en 1984 par celui la 205 : 0,34), donc ses performances sont légèrement moins bonnes, alors que son comportement se révèle affûté : c’est qu’elle n’a pas droit à un train arrière aussi sophistiqué. En effet, la sochalienne bénéficie d’un ensemble bras tirés/barres de torsions ressemblant étrangement à celui étudié sur le Projet Y…
La Citroën tente de compenser avec ses 5 portes et son prix inférieur : 72 200 F (21 000 € actuels selon l’Insee) en 1985 contre 77 600 F. Mais, malgré son tableau de bord revu, de bonnes critiques de la part des journalistes, et une pub spectaculaire où on la voit chevaucher un sous-marin, la Visa GTI ne se vend guère. En 1986, son moteur passe à 115 ch, au bénéfice des performances, et les revêtements de siège changent, mais pas l’insuccès. En 1988, la messe est dite, et petite bombe aux chevrons disparaît, produite à seulement 9 516 exemplaires, remplacée par l’AX Sport.
Combien ça coûte ?
La voiture est devenue extrêmement rare, et pourtant, son prix, s’il a crû ces dernières années, ne s’est pas envolé. C’est une des dernières bonnes petites GTI des années 80 encore abordable : 6 000 € pour un exemplaire très convenable, 8 000 € pour un vraiment beau.
Quelle version choisir ?
105 ou 115 ch, les différences ne sont pas énormes. Évidemment, la 115 est un peu plus désirable par ses performances légèrement supérieures, mais ce qui importera avant tout sera de dénicher une Visa GTI.
Les versions collectors
Il n’y en a pas vraiment. Le collector absolu sera la Visa GTI affichant moins de 80 000 km et se présentant en parfait état. Une sorte de Graal pour Citroëniste convaincu. Si vous en trouvez une à 10 000 €, n’hésitez pas. Une 205 GTI coûtera plus du double à condition équivalente, malgré sa moindre rareté !
Que surveiller ?
Tout comme la 205, la Visa GTI jouit d’une mécanique très robuste, moteur comme boîte de vitesses. À condition d’avoir été bien entretenue, elle passe sans encombre les 200 000 km, même si l’injection pourra poser quelques menus problèmes. En revanche, on fera attention à la corrosion, surtout du côté de l’essieu arrière.
Au volant
Malgré son physique particulier, la Visa GTI suscite une certaine sympathie, tant elle incarne bien les années 80. Et sa petite bouille qui se veut agressive ne manque pas de faire sourire. En revanche, dans l’habitacle, on déchante. Passe encore pour la sellerie en velours au motif en chevrons de notre 115 ch de 1986, mais le tableau de bord parvient à se montrer laid sans profiter d’aucune originalité. Heureusement, l’instrumentation est complète. Quant à la finition, comment dire… Avec toutes ces parties laissées nues et ces matériaux très bas de gamme, on la qualifiera d’inexistante. On repense au sketch de Coluche : « Ils le vendent, ça ? Remarquez, s’ils trouvent des couillons pour payer… » Rien que sur ce point, on comprend que la clientèle ait préféré dépenser quelques milliers de francs supplémentaires chez Peugeot ! Le vilain « clang » qui retentit quand on claque la portière renforce cet état de fait.
La position de conduite n’est pas terrible, et la largeur disponible limitée, mais dès qu’il s’éveille, le moteur donne le sourire par sa sonorité riche et suggestive. Et surtout, il procure des performances encore étonnantes, sans manquer de caractère : rare sur une française. Ce bloc très agréable est secondé par une commande de boîte douce et rapide, quoiqu’un peu accrocheuse. Surtout, dynamiquement, la Visa engrange les bons points. Direction précise, train avant rigoureux, bonne motricité, freinage encore très convenable : c’est qu’on s’amuse bien ici ! Même l’amortissement apparaît bien jugé, favorisant d’excellentes qualités routières sans sacrifier le confort. Surtout, la Visa se montre moins vicelarde que la 205 au lever de pied en appui : elle sera plus facile pour le novice et pas tellement moins efficace en conduite rapide. Enfin, avec ses 7,5 l/100 km sur route, elle n’est pas vorace. Reste à composer avec le niveau sonore, vite fatiguant. La Visa GTI n’en demeure pas moins une petite sportive très recommandable !
L’alternative newtimer *
Citroën Saxo VTS 16v 1996 - 2003
Ne vous fiez pas à son allure fluette et banale : la Saxo VTS 16v est une excellente sportive. Son moteur 1,6 l à 16 soupapes offre 120 ch, et comme il n’a que 980 kg à entraîner, il procure des performances enviables : 204 km/h en pointe, et 29,8 s sur le 1 000 m départ arrêté. Surtout, le comportement routier se montre très efficace, et l’agrément de conduite intense vu les sensations prodiguées. Mais les grands déploreront la position du volant, trop basse. Fiable, cette bombinette se dégotte dès 5 000 € en bon état, mais la cote des exemplaires peu kilométrés monte vite…
Citroën Visa GTI 115 ch (1986), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 580 cm3
- Alimentation : injection électronique
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; bras tirés, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, traction
- Puissance : 115 ch à 6 250 tr/mn
- Couple : 133 Nm à 4 000 tr/mn
- Poids : 870 kg
- Vitesse maxi : 192 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 8,8 s (donnée constructeur)
Pour trouver des annonces de Citroën Visa, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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