Mouvement du 17 novembre: faut-il croire aux chèques-carburant?
Interrogé par Europe 1 le mardi 6 novembre, Emmanuel Macron s’est dit favorable à la mise en place d’un « chèque carburant » destiné aux plus modestes, afin d’atténuer le poids de la taxation sur les carburants. Seulement voilà, les modalités pratiques et politiques de la mesure apparaissent aussi floues que contre-productives.
A dix jours de la grande mobilisation des « gilets jaunes », la grogne continue de monter dans le pays contre la taxation trop lourde des carburants, alimentée en sous-main par des mouvements et partis politiques d’opposition qui y voient une bonne occasion d’affaiblir le pouvoir en place.
Pour apaiser la colère, Emmanuel Macron s’est dit mardi 6 novembre favorable à la création d’une subvention inspirée de l’ « aide au transport des particuliers », ou ATP, mise en place dans la région Hauts-de-France à destination des salariés qui travaillent à plus de 30 km de leur domicile et dont le salaire est inférieur à deux fois le montant du SMIC. Le montant de cette aide s’élève à 20 € par mois, somme versée directement sur le compte en banque du bénéficiaire.
Pour intéressante que soit cette mesure, elle bute hélas sur de nombreux écueils qui la rendent difficilement applicable en l’état à l’échelle nationale.
La première est l’opposition qu’elle suscite de la part de l’association des Régions de France, qui a réagi dans un communiqué contre une annonce qu’elle juge « très surprenante, puisqu’elle revient à demander aux Régions de payer alors que c’est l’État qui perçoit les recettes liées à la contribution climat énergie (CCE) (laquelle justifie la hausse du prix des carburants, NDLR). Elle contrevient par ailleurs à l’obligation faite aux Régions de ne pas augmenter leurs dépenses de fonctionnement. Enfin la mesure de défiscalisation sera sans impact réel puisque les ménages concernés sont pour l’essentiel non imposables. »
Si les régions se font tirer l’oreille, il va donc falloir que Bercy trouve une autre solution, qui pourrait passer par la création d’une énième niche fiscale. Des niches qui finissent par coûter cher aux contribuables, lesquels sont par ailleurs toujours plus lourdement ponctionnés à la pompe, comme évoqué plus haut.
Par ailleurs, il apparaît qu’une telle aide, si elle était mise en place, serait essentiellement versée à des propriétaires de voitures anciennes qui sont par définition plus polluantes. Aussi louable soit-elle, la démarche serait donc parfaitement contre-productive puisque cela consisterait pour les pouvoirs publics à subventionner une pollution qu’ils prétendent combattre.
De plus, le mouvement du 17 novembre ne concerne pas que les plus modestes d'entre nous: comment apaiser les classes moyennes autrement qu'en rabotant la CCE, purement et simplement?
On imagine l’angoisse qui commence à monter du côté et de Matignon, chargé de désamorcer rapidement la bombe. Surtout, on attend que les pouvoirs publics trouvent des moyens enfin efficaces de nous faire prendre conscience d'enjeux écologiques préoccupants.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération