Carlos Ghosn et Vladimir Poutine : des relations « ni chaleureuses, ni glaciales, mais amicales »
Difficile d’être l’actionnaire majoritaire d’une grande entreprise russe sans être en relation très directe avec le pouvoir de Moscou. Et à l’occasion du rachat d’AvtoVaz par Renault, en 2009, Carlos Ghosn et Vladimir Poutine se sont souvent rencontrés. Des rendez-vous que l’ex président de l’Alliance raconte dans son livre, et que Le Monde rappelle dans son édition d'hier. Des souvenirs qui prennent aujourd’hui un relief particulier.
On le sait, le groupe Renault détient 29 % de parts du marché automobile russe. Au travers d’AvtoVaz (Lada) dont le losange détient aujourd’hui 68 %, mais aussi avec ses propres voitures, puisque les Dacia vendues en ex-union soviétique sont badgées Renault. Mais les aventures de l’ex régie au pays de Vladimir Poutine ont commencé il y a 14 ans déjà. En 2008, le président russe rencontre Carlos Ghosn, alors patron de Renault Nissan. Ce dernier se souvient de ces rendez-vous qu’il relate dans son livre le temps de la vérité. Le journal Le Monde, dans son édition du 17 mars, relate les passages de l’ouvrage qui prennent une tournure particulière ces jours-ci.
Vladimir Poutine ? « Un homme sans ambiguïté qui pratique l’humour froid »
Pour tenter de cerner la personnalité de Vladimir Poutine, Ghosn écrit : « vous lui parlez en anglais, vous comprenez qu’il comprend, mais il laisse faire le traducteur ». Le maître de l’Alliance Renault Nissan avoue qu’il a rencontré le maître du Kremlin à deux reprises dans son palais moscovite, mais aussi plusieurs fois dans sa Datcha à l’extérieur de la capitale. « Il n’était ni chaleureux, ni glacial, mais amical. Ses propos sont toujours très clairs, sans ambiguïté. Il pratique un humour froid ». Aussi froid que les échanges Est Ouest depuis trois semaines ?
Mais au-delà des rapports entre l’homme fort du Kremlin et le boss de l’Alliance, ce que nous apprend Le Monde, ce sont quelques-uns des dessous de l’opération de rapprochement entre Renault et AvtoVaz, et livre surtout le pedigree des hommes qui y ont participé et les ont facilités. Comme Sergei Chemezov. C’est un ex du KGB et un ancien collègue de Poutine lorsque celui-ci appartenait aux services secrets en Allemagne de l’Est.
Ce garçon est également le patron de Rostec, une holding d’Etat spécialisée dans le matériel militaire. L’un des best-sellers de cette boîte ? La fameuse Kalaschnikov. Rostec est toujours actionnaire d'Avtovaz, après Renault. Autre homme qui a beaucoup œuvré au rapprochement de Renault et d’AvtoVaz, et qui figure toujours dans l’organigramme de l’entreprise, Pavel Zhukalin est un ancien général de l’armée russe, et il occupe aujourd’hui le poste de vice-président de l’entreprise chargé de la « sécurité ».
Un avenir en forme de point d'interrogation
Nombre de grandes entreprises affichent à leur organigramme des vice-présidents chargés des finances, du commerce, du marketing ou des ressources humaines. Mais très rares sont celles qui disposent, à ce grade, d’un cadre dirigeant chargé de la « sécurité ». Reste qu’au cours des dix dernières années, AvtoVaz, sous la direction vigilante de Renault a réussi à garder les coudées franches et à manœuvrer avec une certaine autonomie, du moins jusqu'au début de l'offensive ukrainienne. Aujourd"hui, l'avenir de Renault et d'Avtovaz en terre russe est totalement flou. Poutine a-t-il l’intention de renationaliser AvtoVaz ? Renault va-t-il quitter la Russie ? Seule certitude, les unités de production tournent au ralenti, lorsqu'elles ne sont pas totalement à l’arrêt, depuis le déclenchement de la guerre.
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