Carlos Ghosn dans le collimateur du fisc
Le dossier Carlos Ghosn s'épaissit avec des soupçons d'évasion fiscale à l'occasion de son déménagement de la France vers les Pays-Bas en 2012.
Près d’un an après son incroyable évasion, Carlos Ghosn, toujours réfugié au Liban, est maintenant dans le collimateur des services fiscaux français. La question est en effet de savoir si son déménagement fiscal aux Pays-Bas opéré en 2012 correspondait bien à une réalité - résidait-il vraiment à Amsterdam ? – ou s’il s’agissait d’un simple accommodement lui permettant d’abaisser le niveau de ses contributions. Pour mémoire, ce déménagement coïncidait avec celui du siège social de l’Alliance Renault-Nissan au Pays-Bas, opéré en 2012.
Selon Libération, l’ancien grand patron encourrait alors un « méga redressement » en vue duquel les services fiscaux ont déjà opéré, à titre conservatoire semble-t-il, des saisies équivalent à 13 millions d’euros. Cela concerne un compte bancaire regroupant ses 538 000 actions Renault (à quoi s’ajoutent 500 000 € de lettres de créance), un appartement dans le 16 arrondissement de Paris (acheté en 2019 pour 5,9 millions d’euros), ainsi qu’une maison dans les Yvelines (l’Etang-la-Ville) encore détenu pour moitié par l’ex-femme de Carlos Ghosn.
En novembre 2018, quelques jours après l’arrestation de Carlos Ghosn au Japon, l’administration fiscale française n’avait pourtant rien signalé : « Dès que j'ai appris la nouvelle de sa garde à vue, nous avons avec Gérald Darmanin demandé à nos services de vérifier la situation fiscale de Carlos Ghosn en France. Or, il n'y a rien de particulier à signaler sur la situation fiscale de M. Ghosn en France », avait alors assuré le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
Ces démêlés fiscaux s’ajoutent pour M. Ghosn à un horizon judiciaire chargé. Cela concerne notamment deux soirées organisées au Château de Versailles, des versements suspects au bénéfice d’un distributeur Renault-Nissan dans le sultanat d’Oman ou bien encore des contrats de conseil payés par la structure néerlandaise de Renault-Nissan BV pour lesquels le parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire pour « abus de biens sociaux » et « corruption ». De son côté, Nissan lui réclame 80 millions d'euros de dommages en raison de ses « activités frauduleuses ».
Voilà une fin d’année bien chargée pour l’homme d’affaires, qui occupe à Beyrouth une villa appartenant à Nissan et dont le constructeur automobile réclame la restitution. De son côté, Carlos Ghosn, qui a récemment publié un livre (1) dans lequel il donne sa propre version des faits, fera également l’objet d’un documentaire et d’une série retraçant son incroyable parcours. Sacrée trajectoire en effet.
(1) Le temps de la vérité, éd. Grasset
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