Bornes de recharge: les constructeurs mettent la pression sur l'Europe
Dans une prise de position publiée ce lundi matin, les constructeurs automobiles européens s'inquiètent de la lenteur de déploiement des infrastructures de charge des voitures électriques: "des objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2 ne sont pas réalistes si les autres pièces du puzzle ne sont pas tout aussi ambitieuses."
On peut certes reprocher aux constructeurs traditionnels (hors Renault) d'avoir longtemps sous-estimé le potentiel des motorisations électriques, mais on peut aussi dans le même temps rendre grâxce aux efforts que tous déploient désormais pour combler leur retard.
Si les choses donnent l’impression d’avancer encore trop lentement, il faut bien garder à l’esprit que l’automobile est une industrie lourde, et qu’une transformation aussi radicale prend du temps et coûte terriblement cher.
Reste que le basculement vers l’électrique est désormais inéluctable, ainsi que l’illustrent des ventes en constante accélération ces derniers mois.
Au deuxième trimestre, les électriques ont représenté 7,5% des ventes européennes, les hybrides rechargeables 8,4% et les hybrides simples 19,3% , soit un total cumulé de 35,2% , contre 41,3% aux véhicules thermiques sur la même période.
C’est dans ce contexte que l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles) met en garde ce lundi matin les autorités européennes contre le décalage entre les investissements consentis par les industriels et la lenteur de déploiement des infrastructures de recharge.
Ce n’est pas la première fois que les constructeurs interpellent l’UE de la sorte, et cela traduit une véritable inquiétude de leur part.
Dans une lettre, l’Association rappelle ainsi que si le nombre de bornes a doublé entre 2017 et 2020, celui de voitures rechargeables a été multiplié par six sur la même période.
« Cette situation est potentiellement très dangereuse, car nous pourrions bientôt atteindre un point où la croissance des ventes d’électriques stagnerait si les consommateurs concluent qu'il n'y a pas assez de points de charge », avertit l’ACEA.
Et de poursuivre : « Il est donc crucial que les objectifs de CO2 s'accompagnent d'objectifs tout aussi ambitieux et obligatoires pour les points de recharge et les stations d'hydrogène dans les 27 États-membres de l’UE. […] En plus de pouvoir recharger sur la route, les citoyens doivent pouvoir le faire à domicile et au travail. Le déploiement d'infrastructures de recharge privées est tout aussi crucial, nécessitant une révision ambitieuse de la directive sur la performance énergétique des bâtiments. »
Dans le viseur de l’ACEA, la disparition pure et simple des moteurs thermiques à l’horizon 2035 que l’UE appelle de ses vœux.
Selon les constructeurs, un tel objectif ne sera réaliste que si un nombre de bornes absolument colossal est déployé.
Alors que l’UE prévoit que 3,9 millions de points de charge seront déployés à l’horizon 2030, l’ACEA plaide pour que l’objectif soit porté à 7 millions : « l'industrie automobile a besoin d'objectifs ambitieux en matière d'infrastructures pleinement en ligne avec les objectifs de CO2 proposés. »
Le message des industriels est clair: nous faisons notre part du travail, aux autorités de faire toute la leur.
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