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Bande d'arrêt d'urgence: 20 minutes d'espérance de vie, vraiment?

Dans Pratique / Sécurité

Martine Rigaudie

Des statisticiens ont calculé qu’un automobiliste en panne sur la bande d’arrêt d’urgence avait, en moyenne, une espérance de vie maximale de 20 mn. L’espérance de vie ne pouvant se calculer qu’en fonction du décès d’une personne ces statistiques sont issues des accidents mortels survenus à des personnes en situation de piétons sur les autoroutes. Mais qu’en est-il réellement ?

Bande d'arrêt d'urgence: 20 minutes d'espérance de vie, vraiment?

Si vous circulez à pied sur la bande d’arrêt d’urgence, vous constaterez qu’il est rare d’y rencontrer un véhicule roulant. Dans la mesure où vous marchez bien le long de la barrière de sécurité et si possible, de l’autre côté de cette dernière, a priori vous ne risquez pas de vous faire percuter. 

L’espérance de vie d’un piéton sur la BAU d'autoroute a été calculée en fonction des décès qui ont pu y avoir lieu. Entre le moment où ces personnes se sont retrouvées « à pied » et celui où elles sont décédées, il se serait en effet écoulé de 15 à 20 mn. Force est de constater pourtant que cette « légende urbaine » date des années 70.

Une époque où la prudence n’était guère de mise, la vitesse laissé à la libre appréciation du conducteur, et où les accidents mortels comptabilisés étaient bien plus nombreux qu’aujourd’hui. De surcroît, le chiffre avancé ne prend pas en compte tous ceux qui ont cheminé sur la bande d’arrêt d’urgence et qui n’en sont pas morts ! 

En 2021, si l’on en croit les chiffres de la sécurité routière, 32 piétons ont trouvé la mort sur l’autoroute, dont 17 sur la bande d’arrêt d’urgence. Si l’on considère que sur la même année, le réseau autoroutier a enregistré 65 000 pannes de véhicules, 17 décès pour des dizaines de milliers d’arrêts ne représentent que peu de chose et nous sommes loin, même très loin, des 20 mn d’espérance de vie si l’on considère qu’après un appel d’urgence, les dépanneurs sont dans l’obligation légale d’arriver en moins de 30 minutes. En outre, dans 80 % des cas, ce type d’accidents est survenu de nuit du fait du manque de luminosité.

Sauf nécessité absolue

N'oublions pas néanmoins qu’il est strictement interdit de s’arrêter sur la BAU. Selon le Code de la Route « Sauf en cas de nécessité absolue les conducteurs ne doivent pas s’arrêter ou stationner sur les routes et les accotements, y compris sur les bandes d’arrêt d’urgence des autoroutes. Tout conducteur se trouvant dans la nécessité absolue d’immobiliser son véhicule doit le faire en dehors des voies réservées à la circulation et dans tous les cas, assurer la pré-signalisation du véhicule. S’il n’est pas en mesure de le remettre en marche par ses propres moyens, il doit faire le nécessaire pour assurer d’urgence le dégagement de l’autoroute ».

A défaut, un arrêt sur la bande d’arrêt d’urgence sans absolue nécessité est puni d’une amende de 135 € (amende de 4ème classe) et d’un retrait de trois points sur votre permis de conduire. Il faut savoir que tomber en panne d’essence (ou de batterie pour les éléectriques), et s’arrêter sur la BAU n’est pas considéré par les forces de l’ordre comme une absolue nécessité. Idem si vous avez une envie pressante du fait du grand nombre d’aires de repos existantes pour vous prémunir de ce genre d’arrêt. Vous risquez par conséquent d’être verbalisé en plus du coût du dépannage.

De fait, même si les statistiques des 20 minutes d’espérance de vie sur la bande d’arrêt d’urgence ne sont qu’une légende urbaine, s’y arrêter peut se révéler très dangereux.

Devenez un gilet jaune

Aussi, si vous êtes en panne et que vous n’avez pas d’autre choix que de vous retrouver dans le rôle du « naufragé de la route », n’oubliez pas de mettre vos feux de détresse, d’enfiler votre gilet jaune ainsi que vos passagers, de sortir du véhicule dans le sens opposé à la circulation - et ce même si c’est un peu sportif pour le conducteur et qu’il faut être souple. Et enfin, de vous éloigner le plus vite possible de la voie de circulation pour vous réfugier derrière la glissière de sécurité. A ces conditions, les risques encourus restent minimes.

C’est moche, ça ne va avec rien, mais ça peut vous sauver la vie… Le gilet jaune permet aux automobilistes de vous repérer de loin si vous devez vous déplacer à pied le long de la bande d’arrêt d’urgence pour rejoindre un poste de signalisation.
C’est moche, ça ne va avec rien, mais ça peut vous sauver la vie… Le gilet jaune permet aux automobilistes de vous repérer de loin si vous devez vous déplacer à pied le long de la bande d’arrêt d’urgence pour rejoindre un poste de signalisation.

En outre, vous avez également le droit d’oublier le fameux « triangle rouge » de signalisation. En effet, le site de la sécurité routière précise que ce triangle rouge « n’est pas obligatoire si le véhicule est immobilisé sur la BAU dans la mesure où celle-ci ne fait pas partie de la chaussée. »

Rappelons qu’« en règle générale, le triangle n'est pas obligatoire lorsque sa pose, sur tout type de route, constitue une mise en danger de la vie du conducteur, ce qu'il lui appartient d'évaluer. »
Enfin, tenez compte du fait que changer une roue côté circulation vous expose implicitement à risquer votre vie. Mieux vaut dans ce cas appeler les services de dépannage que de s’exposer à des risques corporels graves juste pour un pneu crevé.

Méfiance malgré tout avec les véhicules au bord de la route: déjà 31 fourgons percutés depuis le début de l'année sur le seul réseau Vinci Autoroutes, soit un par semaine!
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