Automobile américaine - Donald Trump s'approprie déjà des décisions prises il y a des mois
L'industrie automobile américaine est vitale pour l'économie du pays et fait même partie de sa philosophie. Il n'est donc pas étonnant qu'elle tienne autant de place dans les déclarations politiques, quitte à prendre quelques libertés avec la réalité.
Tout a commencé le 3 janvier au matin par une charge du désormais président des États-Unis sur Twitter contre General Motors menaçant le groupe automobile américain de 35 % de taxes sur les Chevrolet Cruze construites au Mexique et vendues aux USA. Seulement quelques heures plus tard, Ford a annoncé son intention d'investir 700 millions de dollars dans son usine de Flat Rock, Michigan, créant au passage 700 nouveaux emplois, pour y assembler sa gamme prochaine de véhicules électrifiés. Parmi ces modèles, on trouvera notamment des versions hybrides de la Mustang, du pick-up F150, de l'utilitaire Transit Custom et deux types voitures de polices, ainsi qu'un petit SUV 100 % électriques, pour un total de 13 modèles. Parallèlement, la marque à l'ovale a aussi déclaré qu'elle renonçait à son projet d'usine à 1,6 milliard de dollars au Mexique.
Évidemment, Donald Trump s'est empressé de s'attribuer les lauriers d'une telle annonce et de fustiger dans la foulée les médias ne faisant pas de même.
Il ne faut pour autant pas avoir des connaissances particulièrement poussées en matière d'automobile en particulier et d'économie en général pour se douter que le plan annoncé par Ford est d'une telle ampleur qu'il ne se décide pas en seulement quelques heures. S'il y a d'autres présidents à féliciter pour cette décision, ça serait en fait plutôt George Bush Jr et Barack Obama, le premier pour avoir instauré le programme de prêt accordé aux constructeurs automobiles pour travailler sur les batteries, l'électrification et l'économie de carburant, et le second pour l'avoir prolongé, autorisant Ford à emprunter 5,9 milliards de dollars en 2009, lui permettant de moderniser 13 de ses usines américaines et de développer la carrosserie aluminium du F-150 et ses moteurs Ecoboost. Aujourd'hui le constructeur a remboursé près de la moitié du prêt et la recherche ainsi financée l'a largement aidé à proposer le plan produit dévoilé le 3 janvier.
On peut de plus ajouter que le président des États-Unis ne dispose pas des droits nécessaires pour augmenter à son bon vouloir les taxes à la frontière, puisque cela devrait d'abord passer par le Congrès et que cela irait de toute façon à l'encontre des règles de l'OMC et de l'accord de libre-échange nord-américain (Alena).
Cependant, sous l'administration Trump, les constructeurs américains ont toutes les raisons de garder le sourire. Déjà parce que 2016 a été une année record pour ses ventes avec 17,55 millions de véhicules écoulés, mais surtout par la composition du nouveau gouvernement. Ainsi on sait déjà que le nouveau secrétaire au Travail, Andrew Puzder, est opposé à la hausse du salaire minimum, et que secrétaire au Commerce Wilbur Ross, est le propriétaire du groupe International Automotive Components (IAC) qui compte huit usines au... Mexique.
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