Auto-mobilité et ruralité : les professionnels de l’entretien s’alarment
Face aux progrès technologiques qui chamboulent l’automobile, les réparateurs indépendants craignent de se retrouver sur la touche face à des réseaux de constructeurs tout-puissants. Or, un garagiste « de proximité » qui ne peut plus intervenir sur des voitures, cela pose aussi le problème de la mobilité en milieu rural.
C’est l’histoire, toujours recommencée, du petit artisan face à la multinationale. Les acteurs en sont cette fois représentés par la Fédération Nationale de l’Artisanat Automobile (FNAA), organisme qui parle au nom de près de 140 000 entreprises de la branche des services automobiles, lesquelles s’alarment des difficultés croissantes rencontrées pour entretenir des voitures toujours plus sophistiquées et connectées.
Ainsi, les TPE (Très petites entreprises) et artisans redoutent de se retrouver fort démunies face aux données générées par le fonctionnement du véhicule et qui s’avèrent inaccessibles pour le réparateur multimarques. « La filière des services de l’automobile va connaitre une révolution technologique majeure déjà en marche. La mobilité doit prendre forme dans un cadre concerté, durable et égalitaire. (…) Avec l’auto-mobilité, c’est tout un champ de services à concevoir au cœur de la révolution écologique et numérique que nous vivons actuellement (véhicules connectés, service d’auto-partage, déploiement des bornes de recharge. Elle doit être pensée à l’échelle de tous les territoires. (…) Les stations-services et les garages de proximité ont un rôle crucial à jouer dans la vitalisation des territoires», plaide ainsi la FNAA dans un communiqué distribué à l’issue de la conférence de presse qu’elle organisait ce jeudi matin à Paris.
Au-delà des revendications corporatistes en faveur des petits établissements, se pose en effet le problème de l’auto-mobilité pour tous, et notamment en milieu rural. Avec des conséquences sociétales (isolement, notamment) et sur l’emploi. Les problèmes de transport jouent forcément une part importante dans les dizaines de milliers d’offres non pourvues chaque année en France (chiffre qui s’élevait à 190 000 en 2015 selon Pole emploi).
La fédération demande donc aux pouvoirs publics de se saisir d’un dossier qui se joue au niveau du parlement européen, via notamment un projet de « règlement européen relatif à la réception et à la surveillance du marché des véhicules à moteur ».
« Sur le droit de la concurrence, les réparateurs indépendants doivent pouvoir avoir accès aux données pour continuer à réparer tous les véhicules présents sur le parc roulant. La filière indépendante ne doit pas être évincée. Il revient au législateur de fier le cadre » demande ainsi la FNAA, soucieuse du maintien d’une « concurrence saine et loyale sur le marché de la réparation ». A cette fin, l’organisme préconise également le libre choix du réparateur face à des assureurs tout-puissants et la généralisation de l’utilisation de pièces de réemploi.
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