Années mobs et scoots : les journalistes de Caradisiac racontent leurs souvenirs d'ados
Ils ont véhiculé les petits corps et les gros cœurs, et provoquent des trémolos dans la voix à la simple évocation de leurs appellations. Peugeot 103, MBK 51, Piaggio Ciao, scooters et même petites motos 50 cm3 ont participé à l'éveil de la passion pour les moteurs thermiques chez de nombreux membres de la rédaction, qui deviennent intarissables quand il s'agit de raconter leurs premiers émois à deux-roues…
Alexandre Bataille et sa Peugeot SPX kitée avec les potes…
Ma première mobylette : une Peugeot 103 SPX. Je me souviens encore du jour où je l’ai eue. C’était en 1996. Mon père me l’avait offerte car je venais d’avoir le brevet des collèges. Elle était bleue avec des jantes grises à bâtons, et le démarrage au kick la différenciait de la 103 SP ! La liberté s’offrait à moi. Naturellement, elle n’est pas restée d’origine bien longtemps.
Avec l’aide de mes copains mécanos en herbe, j'ai commencé par ajouter un pot Ninja qui rendait fous mes voisins, un guidon bracelet pour le look, et enfin un variateur Polini pour les performances. J’ai même fini par installer un kit 75. qui autorisait quasi 80 km/h. On passait des heures à modifier, bricoler ou repeindre nos mobs. Je l’ai d’ailleurs repeinte en noir, à la bombe… grosse erreur ! Le résultat était catastrophique.
Julien Bertaux et son MBK Rocket volé puis retrouvé par son flair !
Il n’était pas le plus moderne ni le plus puissant, mais il était mon préféré, et de loin. Mon MBK Booster Rocket Bleu avec ses clignotants blancs et son pot Bidalot restait discret tout en pointant à près de 85 km/h, la classe ! Seulement, des malfaiteurs me l’ont volé dans l’enceinte de mon lycée. Je n'imaginais pas le retrouver un jour, et pourtant…
En feuilletant par hasard le journal d’annonces « Le 50 » en référence au département de la Manche où il paraissait, la description d'un Rocket en vente m’interpelle, malgré l’absence de photo. J’appelle le vendeur dont les réponses vagues confirment mes soupçons. Après avoir convenu d’un rendez-vous et récupéré l’adresse, j’appelle la Police qui accepte d'aller vérifier si le scooter est bel et bien le mien. Bingo ! Après une remise en état prise en charge par mon assureur, j’ai pu profiter à nouveau de mon scoot tant apprécié.
Lionel Bret et sa Motobécane 51 qui l'a rendu poète…
Ah ma 51 Black… fidèle destrier des premières virées motorisées entre potes ! L'odeur des quelques gouttes d'huile de ricin dans le réservoir, le bruit du pot percé et la bougie qui perlait.
Arriver aux fêtes, les mains noires et le cœur battant. Vaillante chevauchée vécue comme une épopée du haut de mes 14 ans...
Manuel Cailliot et ses Piaggio Typhoon puis MBK 51
Tout a commencé par un magnifique Piaggio Typhoon 50, que je me suis offert avec mes économies accumulées depuis… ma naissance ! J’en étais tellement fier. Rouge métallisé, j’avais entièrement retiré les stickers d’origine pour y apposer un aigle au-dessus du phare, mais aussi des protections avant et arrière chromées, des poignées Harley-Davidson, et pour parfaire le style, j’avais peint les inscriptions des pneus en blanc, évidemment…
Côté mécanique, le variateur d’origine avait été remplacé par un Malossi et le pot par un Leovinci Titane au look ravageur et à la sonorité plus… expressive ! Je bloquais le compteur en descente. Autre temps, autres mœurs… Il était tellement beau qu’il attisait les convoitises : j’ai subi plusieurs tentatives de vol, dont une violente agression. La 4e s’est soldée par sa disparition pour de bon.
Il a alors été remplacé par la mobylette de mon frère : une magnifique MBK 51 "Hard Rock" noire. Elle aussi légèrement "pimpée", avec paupière de phare, barre de renfort entre la colonne de direction et la selle, et pot Bidalot à cartouche bleue. Elle ne marchait pas mal non plus ! Et attirait heureusement moins les loulous du quartier. En tout cas, des souvenirs émus, avec en parallèle de saines lectures, comme « Mob Chop » ou « Scoot’ Look »… C’est ainsi que j’ai mis le doigt dans l’engrenage de la passion pour tout ce qui a un moteur…
Alan Froli et sa Peugeot Fox : à mi-chemin entre la mob et le scoot
J'ai eu la chance d'avoir un frère aîné qui bricolait beaucoup sa mob : une Peugeot 103 SP kitée Bidalot qui prenait 120 km/h compteur et m'impressionnait (notre mère aussi quand elle le suivait en voiture !). Pourtant, lors d'un premier essai le jour de mes 14 ans, je n'ai pas pu m'empêcher d'appuyer sur la pédale de lanceur pour faire mouliner le moteur à fond et aller chercher la V-max. J'aurais bien acheté une 103 également, mais une petite annonce d'une Fox en bon état s'est présentée. Une mob que je trouvais moche, mais que mon frangin me conseilla pour sa base technique de Honda Wallaroo, notamment son double variateur façon scooter (gage de relances canon) accompagné d'un cylindre à cinq transferts (avec le bas-moteur taillé en conséquence bien sûr) et d'un carburateur de 14 mm. Une idée brillante : une simple bidouille sur le variateur, un pot Gianelli avec cartouche Bidalot, et la meule prenait 90 km/h en quelques secondes. Ont suivi des modifications plus profondes, avec notamment fourche, phare avant, carénage et guidon bas de 103 (j'avais inventé la Fox FXR avant l'heure), feu arrière fumé "à la bougie", carter de courroie poli, pneus racing Hutchinson puis kit Malossi avec la déco idoine (non Pierre-Olivier, ce n'est pas l'emblème des camemberts "Cœur de Lion" sur le réservoir !) pour tutoyer la vitesse maxi affichée sur les flancs. Je n'avais d'yeux que pour elle, même si de petites motos 50 telles que les Aprilia RS et Honda NSR, deux fois plus chères en neuf hélas, me plaisaient bien également.
Pierre-Olivier Marie et sa Piaggio Ciao d'esthète
Dans mon coin des Yvelines, c’est clairement le Peugeot 103 qui dominait les débats. J’avais de nombreux copains qui avaient kité les leurs, ajouté des pédales de lanceur et autres accessoires permettant de franchir le mur du son.
Le MBK 51 n’avait pas trop la cote, et les plus chanceux se faisaient offrir par leurs parents des Yamaha BW’S ou des MBK Booster. Avec mes potes Thomas et Mathieu, nous avions opté pour des Piaggio Ciao qui bénéficiaient d’une image assez cool, moins connotée "mob'" que les autres. Le problème, c’est que ça n’avançait pas très vite. J’avais donc doté le mien d’un pot Ninja "usine" non homologué pour la route mais très joliment fabriqué, avec des soudures dignes d’une moto de GP.
Ainsi gréé, mon bolide se traînait lamentablement à bas régime mais tirait nettement plus long. Ça donnait une sorte d’effet turbo (toutes proportions gardées…) et j’accrochais bien les 65 km/h une fois lancé ! Le tout dans un bruit du diable, mais je m’en moquais puisque le casque absorbait les mélopées du 2 temps. J’ai possédé plusieurs motos par la suite, dont une Harley-Davidson, mais aucune n'émettait plus de décibels que mon bien-aimé Ciao rouge, un passeport pour la liberté !
Olivier Pagès et sa Honda MTX aux accents de moto trail
C’est à l’âge de 13 ans et demi que j’ai acheté ma première moto. Et j’insiste, car j’ai dû me la payer avec mes économies et des petits boulots : l'unique moyen de convaincre mes parents !
Il s’agissait d’une Honda MTX 50 : un trail en réduction qui se démarquait des petites mobylettes de mes copains.
C’était une vraie moto avec un énorme garde-boue avant et une hauteur de selle importante. Elle avait tout d’une grande, sauf la vitesse bien évidemment… bridée à 50 km/h. Heureusement, il suffisait néanmoins de changer le silencieux d’échappement pour gagner 20 km/h, et ce fut bien vite fait, comme vous pouvez l'imaginer. Cette MTX reste ancrée dans ma mémoire car elle m’a permis de gagner mon indépendance, et surtout inoculé la passion des motos. Une passion toujours d’actualité.
Et si, en commentaire, vous nous racontiez vos premières histoires de mob ?
Souvenirs-souvenirs : LES ANNÉES MOB de Bertrand Gold aux Editions Casa
L'idée de cet article sur nos vieilles meules nous est venue avec la sortie du livre LES ANNÉES MOB, écrit par Bertrand Gold, illustre confrère de Moto Revue.
De l'histoire de Peugeot et Motobécane à l'arrivée de l'hérétique MBK Booster en passant par tous les modèles mythiques et les séries délicieusement marquées par leurs époques (103 SPX Fun et Spectrum, 51 Mag Max…), les 144 pages de cette véritable bible du 50 cm3 ont de quoi tirer les larmes des quadras et quinquas que nous sommes.
Non seulement ces meules des années 70 à 90 nous ont permis de gagner en autonomie (voire de ne pas mourir de faim pour ceux qui vivaient dans des trous perdus), mais elles ont provoqué nos premières sensations (parfois très fortes) mécaniques. Forcément, on leur doit beaucoup…
LES ANNÉES MOB - Casa Edition - 29,95 €
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