Alfa Romeo GT JTD vs Peugeot 406 Coupé HDi : la classe pour pas un rond, dès 3 000 €
Séduisants, ces deux coupés latins arborent chacun une signature de carrossier prestigieux. Pratiques, ils ont aussi l’avantage de coûter très peu cher, à l’achat comme à l’usage. Mais lequel vous convient le mieux ?
Au début des années 2000, si on voulait afficher un certain raffinement, on s’offrait un coupé, un vrai. C’est-à-dire, un véhicule non surélevé et se contentant de d’une porte de chaque côté : pas un SUV donc. En clair, une voiture élégante et élancée, parfois dessinée par un grand nom du design. Ainsi, l’Alfa Romeo GT arbore un badge Bertone, et la Peugeot 406 Coupé, Pininfarina.
Dérivant de berlines de grande série, ces deux coupés se révèlent donc faciles à vivre, confortables et économiques quand ils se parent de la motorisation alors en vogue, un diesel common-rail. Un 1,9 l de 150 ch pour l’italienne, un 2,2 l de 136 ch pour la française, ce qui donne deux autos rapides et surtout très frugales. Quand le style n’exclut pas les économies…
Les forces en présence
Alfa Romeo GT JTD 150 (2003 - 2010) : coupé 3 portes, 4 cylindres 1,9 l diesel, 150 ch, 1 350 kg, à partir de 3 000 €.
Peugeot 407 Coupé HDi (2001 - 2005) : coupé 2 portes, 4 cylindres 2,2 l diesel, 136 ch, 1 410 kg, à partir de 3 000 €.
Présentations : bases connues, lignes craquantes
Du neuf avec du vieux. On ne le devinerait pas, mais l’Alfa Romeo GT dérive, certes de façon lointaine, de la Fiat Tipo, présentée en… 1988. En effet, la plate-forme de cette dernière a reçu dès 1994 un essieu multibras arrière chez Alfa Romeo (sur la GTV 916), qui a persévéré sur cette voie avec la berline 156. Celle-ci, présentée en 1997, va encore plus loin en ajoutant une double triangulation à l’avant, alors qu’à l’arrière, on trouve un essieu doté de jambes McPherson et de nombreux bras de contrôle, selon une solution inaugurée par… Lancia. Sur cette base, Alfa a conçu ensuite le coupé GT, présenté en 2003. Il se signale par une ligne originale et très séduisante, signée d’un grand nom du style : Bertone. Beau, le coupé GT est aussi pratique car il accueille très dignement 4 passagers, tout en se dotant d’un large hayon donnant sur un coffre transformable de 320 l. Belle synthèse !
Trois moteurs sont proposés au début, dont le très performant 1,9 l JTD, doté d’une injection common-rail Multijet et attelé à une boîte 6. Développant 150 ch pour 305 Nm de couple, il emmène les 1 350 kg (ça paraît dérisoire aujourd’hui !) de la belle à 210 km/h (0 à 100 km/h en 9,6 s). Pas mal ! En version de base Distinctive, l’équipement, déjà riche, comprend de série la clim bizone, le régulateur de vitesse et les 6 airbags. La Selective ajoute notamment le cuir et la sono Bose, le GPS couplé à un téléphone demeurant en option. L’Alfa ne facture pas trop cher ses charmes : 28 300 € (39 400 € actuels selon l’Insee) en Distinctive et 30 300 € (42 200 € actuels selon l’Insee) en Sélective. Les ventes démarrent bien, mais comme souvent chez le milanais, la voiture va ensuite peu évoluer, recevant simplement une lame chromée en bas du bouclier avant ainsi qu’un combiné d’instruments remanié pour 2007. L’Alfa GT disparaît en 2010, produite à 80 832 unités. Pas si mal !
Sortie en 1996, soit bien avant l’Alfa Romeo GT, la Peugeot 406 Coupé profite pourtant de soubassement plus récents. En effet, elle reprend ceux, très bien conçus, de la 406 berline lancée en 1995, comportant notamment un bel essieu arrière multibras, mais en profite pour élargir ses voies. Surtout, elle s’habille d’une carrosserie magnifique, due à Davide Archangeli, designer chez Pininfarina. En sus, l’habitabilité s’avère, excellente, signe d’une étude très soignée. Ce coupé remporte logiquement un grand succès, alors même qu’il se passe de diesel, pourtant une spécialité de Peugeot. Ce type de motorisation arrivera bien plus tard, en 2001, alors que des modifications ont déjà été apportées (tableau retouché, réseau électrique multiplexé). Cubant 2,2 l, ce diesel bénéficie d’une injection common-rail, sans toutefois se montrer particulièrement puissant : 136 ch. Il favorise plutôt le couple, atteignant la belle valeur de 314 Nm.
De sorte que les 1 410 kg du coupé atteignent les 208 km/h, le 0 à 100 km/h s’effectuant en 10,9 s, alors que la boîte ne compte que 5 rapports. En mai 2003, la 406 Coupé subit un restylage jugé douteux touchant surtout à la face avant. Cette année-là, en version de base facturée 30 600 € (42 600 € actuels selon l’Insee), la Peugeot propose déjà l’ESP, la clim auto, le régulateur de vitesse, le lecteur CD et les jantes en alliage. En Pack, elle offre en sus la sellerie cuir à réglages électriques, la hifi ou encore les lave-phares. En option, on trouve le toit ouvrant (indisponible sur l’Alfa) et le GPS (mais sans téléphone). En 2005, le coupé 406 prend sa retraite, produit à plus de 107 000 exemplaires. Il sera vite regretté car coupé 407 qui le remplace n’affiche pas la même élégance…
Fiabilité/entretien : des moteurs costauds
Fidèle à sa réputation, le moteur de l’Alfa se révèle très solide, s’il a été bien entretenu (courroie de distribution à 100 000 km) et respecté, donc pas affublé d’une préparation sauvage. Il en va de même pour la boîte, un peu moins endurante cela dit. Les soucis sont plutôt périphériques : FAP colmaté (monté après 2005), injecteurs, vanne EGR et capteurs encrassés, durits fendues, poulie d’alternateur qui grippe… Rien de grave, mais ça agace.
Plus ennuyeux, l’embrayage apparaît relativement fragile, alors que vers 100 000 km, il faut refaire la triangulation avant. Dans l’habitacle, c’est variable d’un exemplaire à l’autre. Certains, très bien assemblés, vieillissent sans autres soucis que des pépins électriques d’autres ajoutent des bruits, des éléments cassants…
Le moteur de la 406 a connu un pépin sérieux en tout début de carrière : la chaîne qui synchronise les deux arbres à cames cassait, entrainant de gros dégâts. Un rappel a eu lieu et normalement, tout est réglé. Ce bloc, si on change la courroie de distribution à temps, dure très longtemps, même s’il souffre des tares habituelles des diesels : encrassement de l’EGR, des injecteurs, du FAP… On relève aussi une faiblesse de la durit de turbo.
La transmission vieillit normalement, tout comme l’habitacle, même si des pépins électriques peuvent se manifester : voyants allumés sans raison, dysfonctionnement du totaliseur. La rouille peut affecter la carrosserie et les soubassements (valable pour l’Alfa aussi) et les boucliers, rarement intacts, sont très difficiles à trouver en bon état.
Avantage : Peugeot. Si les mécaniques sont aussi robustes l’une que l’autre, la 406 prend le dessus car elle est moins sujette aux petits ennuis agaçants que la GT.
Vie à bord : plus spacieux qu’on ne l’imagine.
Dans l’Alfa GT, on retrouve le tableau de bord de la 147, ce qui est plutôt un avantage. D’un dessin agréable, il comporte des plastiques rembourrés, mais certains revêtements « soft touch » deviennent collants avec l’âge. À l’arrière, deux passagers pourront s’installer, même de grande taille, se sentiront à l’aise dans une banquette confortable, mais ils pesteront contre l’ambiance rendue sombre par les faibles surfaces vitrées. A l’avant, on trouvera l’ambiance cossue, les sièges bien dessinés et la finition de qualité, alors que l’équipement est plutôt riche. Autre atout, la banquette rabattable qui, alliée au hayon, dégage un bel espace de chargement (le coffre varie de 320 l à 905 l).
Dans le coupé 406, on retrouve également une planche de bord bien connue, celle de la berline, rehaussée par des cadrans cerclés de chrome. Comme le dessin et la qualité de fabrication ne souffrent pas la critique, on ne s’en plaindra pas. On félicite par ailleurs du bel espace disponible, allié à une luminosité abondante, tandis que les sièges, souples, garantissent un grand confort.
Pour accéder à l’arrière, on presse une touche pour avancer électriquement du fauteuil, un mouvement assez lent. Les passagers bénéficient d’un peu plus de place aux genoux que dans l’Alfa et se sentent moins engoncés. En revanche, le coffre, assez spacieux (390 l), n’est pas transformable.
Avantage : Peugeot. Plus spacieuse et lumineuse que la GT, la 406 choie davantage ses passagers même si elle se passe de hayon et de banquette rabattable.
Sur la route : dynamisme ou confort ?
Excellente position de conduite pour l’Alfa, dotée de sièges au très bon maintien. On bénéficie aussi d’un agréable accoudoir central, voire d’un rembourrage sur le flanc de la console centrale. Au démarrage, pas de mystère : on sait que sous le capot rugit un diesel. Ça vibre ! Toutefois, à chaud, le moteur gagne en discrétion (mais sans se faire oublier) et surtout, il étonne par sa santé. Souple et très vigoureux à mi-régime, le JTD révèle une nervosité peu commune, bien soutenue par une boîte parfaitement étagée et d’un maniement rapide. Les performances sont réellement excellentes, même selon les normes actuelles.
Tant mieux, car le châssis suit tout à fait : la direction, très rapide, commande un train avant précis et plutôt agile, l’arrière suit voire accompagne le mouvement en virage, et l’équilibre se révèle irréprochable. En clair, on prend plaisir à mener vivement ce coupé diesel. Cela se paie par une suspension plutôt ferme et un amortissement sec, le confort général n’étant pas la qualité majeure de l’italienne, qui freine heureusement fort.
Dans la 406, on n’arrive pas à se caler aussi bien que dans la GT, et le volant semble bien grand. On est confortablement installé dans le siège, mais on se demande où est passé l’accoudoir central. Au démarrage, le moteur filtre mieux ses vibrations que celui de l’Alfa, et par la suite, émet nettement moins de bruit. Mais, s’il est très souple et vaillant à mi-régime, il reste paresseux passé 3 500 tr/min. En fait, il joue plutôt sur une belle allonge, de sorte que l’absence de 6e rapport n’a rien d’un handicap. Cela dit, la boîte se révèle moins rapide et plaisante que celle de l’Alfa, alors que les performances restent un cran en-dessous.
Cette mollesse relative se retrouve dans la direction, moins rapide et informative que celle de la rivale italienne, et dans les réglages du châssis. Extrêmement sûr, celui-ci conserve une belle précision et un équilibre irréprochable, mais il privilégie le confort au dynamisme. En clair, on ne s’amuse pas comme dans la GT, ce qui n’est pas le but de la 406, préférant assurer de longs trajets dans un minimum de fatigue. Enfin, la Peugeot freine bien mais un peu moins que l’Alfa.
Avantage : Alfa Romeo. Dynamisme, performances et sensations de conduite sont à mettre au crédit de la GT. Mais le confort et l’insonorisation supérieurs de la 406 ont leurs adeptes.
Budget : prix et consommations très raisonnables
Pour une Alfa Romeo GT JTD 150 en très bon état, on comptera un minimum de 3 000 €, pour un kilométrage passant les 200 000. A 4 000 €, on trouve des exemplaires affichant 150 000 km environ, mais les rares autos restant sous 100 000 km passent déjà 7 000 €. Côté consommation, comptez 6,5 l/100 km en moyenne.
En restant sous les 250 000 km, on déniche de jolies 406 Coupé HDi à 3 000 €, comme l’Alfa donc, mais l’offre est moins abondante. Conséquence, les prix montent plus vite à mesure que le kilométrage baisse. Ainsi, un très bel exemplaire de moins de 150 000 km atteint-il déjà 6 500 €, alors qu’à moins de 100 000 km, on dépasse les 9 000 €. La consommation moyenne s’établit à 6,6 l/100 km en moyenne.
Avantage : Alfa Romeo. Moins chère à faible kilométrage et très légèrement plus frugale, la GT rafle ici la mise.
Verdict : d’abord une affaire de goût
Aucune de nos protagonistes ne prend un clair avantage. En réalité, elles s’adressent à des publics différents. L’Alfa Romeo plaira d’abord à qui aime le dynamisme, la nervosité et les performances, donc se soucie moins de la filtration de la suspension. En revanche, la Peugeot séduira les amateurs de douceur, de confort et de longs trajets, surtout qu’elle est plus silencieuse. Elle pose aussi moins de petits soucis, mais marque le pas côté praticité et coûte un peu plus cher. Vraiment, à vous de voir.
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Peugeot |
Vie à bord | Peugeot |
Sur la route | Alfa Romeo |
Budget | Alfa Romeo |
Verdict | Egalité |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Alfa Romeo GT JTD 150 et Peugeot 406 Coupé HDi.
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