Accident mortel et voiture autonome : enfin une prise de conscience ?
Ce n’était encore jamais arrivé et d’aucuns pensaient que ça n’arriverait jamais. Sinon, pourquoi éliminer le facteur humain dans la conduite d‘un véhicule devenu autonome ? Mais ils se berçaient d’illusions. En Arizona, Elaine Herzberg, âgée de 49 ans, qui poussait nuitamment son vélo en traversant la chaussée en dehors des passages pour piétons a été mortellement percutée par une de ses voitures sous contrôle électronique. Les puces savantes, comme l’homme derrière le volant du véhicule test de l’enseigne Uber, n’ont rien pu faire pour éviter le pire. L’enquête est en cours, mais cet accident mortel rappelle certaines réalités, met à jour l’avis des constructeurs sur le sujet et signale que certaines questions essentielles restent en suspens…
La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Des accidents avec des véhicules autonomes en test sur route ouverte, il y en a déjà eu. Mais des mortels, jamais. Le mythe de la voiture bardée d’électronique amie et bienveillante opposée à l’automobile intrinsèquement dangereuse car plus ou moins contrôlée par l’homme faillible en a pris un coup dans la portière.
En réaction, Uber a annoncé l’arrêt de ses tests sur route ouverte. L’empathie a aussi été de mise chez Toyota qui a communiqué sur une pause dans ses essais sur route de voitures autonomes. "L'incident pourrait avoir un effet émotionnel sur nos conducteurs d'essais", a fait valoir le constructeur japonais dans un communiqué. Chez BMW, en revanche, on est plus glacial : " cet accident très regrettable ne change en rien nos plans en vue de la conduite autonome ", a déclaré mercredi à Munich Klaus Fröhlich, membre du directoire de BMW chargé de la recherche-développement.
En fait, chez BMW, on est peut-être moins hypocrite que Toyota. Car les essais du constructeur japonais conduits sur les trois pistes d'essais qu'il utilise sur le sol américain vont se poursuivre. Toyota n'a par ailleurs nullement annoncé la suspension des essais que l'entreprise conduit sur route en Asie, au Japon notamment.
Enfin, les autres constructeurs conduisant tes tests sur route aux États-Unis n'ont pas fait état d'une intention de suspendre leurs essais sur route. Car les enjeux sont trop grands. Le mouvement est lancé : la voiture de demain sera, qu’on le veuille ou non, autonome. On rappellera que la General Motors a l'intention de mettre sur le marché des véhicules offrant des options de conduite totalement autonome dans un environnement urbain d'ici 2019.
Pourtant, deux questions essentielles restent sans réponse : quid des risques de piratage des voitures autonomes ? De même, sur quels critères, dans une situation désespérée, la technologie devra choisir entre la vie de son passager et celle de l’autre usager de la route ? Des dilemmes à appréhender de façon rationnelle et pragmatique. Voire fataliste. "Il n'y a pas pour le moment de possibilité technique d'utiliser la conduite autonome sans causer d'accident", a souligné M. Fröhlich.
L’enjeu est de déterminer si sécurité des voitures autonomes est meilleure que celle que l’on peut espérer en laissant des humains conduire des voitures. Si le bilan des morts par kilomètre est significativement à l’avantage des systèmes de conduite autonome, il n’y aura pas débat. L’accident en Arizona ne freinera donc pas le développement des voitures autonome. Tout au plus pourrait-il conduire les autorités de régulation à se montrer plus exigeantes à l’égard des constructeurs.
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