A bord du concept Audi Activesphere, c'est Disneyland !
Présenté en janvier dernier, le concept Activesphere propose une nouvelle expérience de conduite, recourant largement à la réalité « augmentée », par le biais de lunettes spéciales. Nous avons pu les mettre, pour voir l’avenir proposé par Audi…
Après nous avoir conviés à découvrir de visu son Activesphere en janvier dernier, Audi remet ça. Nous voici à Ingolstadt, face au dernier-né des concepts en Sphere, précédé par les Skysphere, Grandsphere et Urbansphere. Rappelons-le, l'Activesphere est un grand SUV aux lignes fuyantes, évoquant celles d’un coupé, une sorte d’Audi A7 Allroad venue d’un futur proche en somme. Mais cette fois, nous sommes conviés à nous installer à son bord. Je prends place dans un siège simple et plutôt inconfortable, ce qui est normal pour un prototype. Et devant moi, je vois… du vide. Il n’y a rien, hormis le coffre avant doté en son extrémité d’un panneau transparent permettant de voir la route.
Le technicien d’Audi me prévient qu’on va passer en mode conduite active, et là, le tableau de bord se déploie électriquement, accompagné du volant. Mieux vaut écarter les jambes pour ne pas gêner le mouvement ! A ce moment, le technicien m’installe sur le nez les lunettes 3D. Celles-ci sont encore à l’état de prototype, mais le technicien qui me les installe m’explique que des modèles bien plus légers (37 g) sont déjà en test.
Effectivement, ce dispositif de vision virtuelle est assez lourd, mais pas inconfortable pour autant. Cela dit, il conserve un gros défaut : il est incompatible avec des lunettes de vue, ce qui pose problème à votre serviteur, myope comme une taupe… myope.
Néanmoins, dans le flou, je distingue une montagne digitalisée, autour de laquelle serpente une route, supposément celle que je serais en train de parcourir à bord de l’Activesphère. Avantage, cela permet d’anticiper non seulement le moindre virage, mais aussi les éventuels obstacles qui s’y trouveraient. Autre avantage de ce système, il montre les limites de la chaussée quand celle-ci est couverte de neige, ainsi que la position exacte des roues avant.
Plus surprenant, ce dispositif, dénommé Audi Dimensions, est sensible aux mouvements de tête ainsi qu’aux gestes. Certes, c’est le cas de systèmes dont s’équipent déjà certains hauts de gamme, où d’un mouvement de main dans l’air, on règle le volume de la sono. Mais là, de surcroît, on voit apparaître en suspension une énorme molette de clim, virtuelle donc, et, plus fort encore, on peut l’actionner ! Ce principe fonctionne aussi pour l’installation audio.
On regarde la console de toit et surgit une sélection de titres, sous forme de vignettes représentant l’artiste, entre lesquels on n’a plus qu’à choisir. On touche la vignette, virtuelle, elle aussi, et la musique commence. En principe. Les fonctions de ce système sont très variées. En mode conduite autonome, on peut regarder un film, par exemple, durant un embouteillage. Et si on fait un doigt d'honneur, comment réagit le système ? Je n'ai pas essayé, dans un accès de bienséance.
Vous me direz, on obtient les mêmes avantages par des écrans. Justement, l’avantage de ces « lunettes » est de se débarrasser desdits écrans, pour un habitacle épuré. D’un autre côté, les passagers devront s’en munir également pour profiter des fonctions multimédias, ce qui risque de ne pas faciliter la communication à bord.
Ensuite, pour le conducteur, je ne suis pas sûr qu’avoir à tourner la tête pour régler la clim via un énorme bouton qui accapare la vision, soit totalement sécuritaire. En gros, la richesse des afficheurs digitaux s'étend à tout le champ de vision... Quand on a à scruter un univers déjà dense, comme en ville, ça risque de poser quelques soucis.
Les responsables de ce projet avec lesquelles j’ai pu discuter estiment que l’expérience de conduite dictée par le virtuel incarnent le futur selon Audi. Peu importe que le dessin de l’Activesphère demeure très conventionnel, à l’instar de son architecture, alors que sa plateforme électrique permet énormément de choses. Ce qui compte sera l’amusement et le plaisir procurés par les dispositifs de vision artificielle. De reproduire l’ambiance apaisante de son salon. Je leur demande s’il est prévu de concevoir une cafetière intégrée, ce qui provoque des sourires…
En tout cas, cette appétence pour le virtuel est tout à fait symptomatique d’une époque que d’aucuns qualifieront de malade. Le monde n’est pas satisfaisant, trop triste ? On chausse des lunettes pour le voir différemment, comme dans un parc d’attractions roulant. On estime qu’on ne saura pas voir les dangers ? Alors on procède comme dans Star Wars, en 1977, où les protagonistes s’équipaient de systèmes de vision artificielle pour dégommer plus facilement les adversaires dans d’homériques batailles spatiales. Rien de nouveau ! A se demander d'ailleurs si le controversé Metaverse imaginé par Facebook ne va pas se répandre dans nos autos, pour « procurer une nouvelle expérience de conduite. »
Certes, la facilitation du maniement des voitures est la tendance suivie depuis plus de cent ans, mais l’incapacité des constructeurs à imaginer autre chose que des accessoires perfectionnés, en gros des gadgets, et utilisés depuis bien longtemps dans d’autres contextes, n’a strictement rien de réjouissant. Quoi qu'il en soit, on nous annonce que l'Audi Dimension sera disponible d'ici 5 à 7 ans.
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