L'organisation internationale de défense de l'environnement WWF a réalisé un classement des "Dirty Thirty", des 30 centrales électriques les plus polluantes d'Europe. Elle prend en compte les émissions de CO2, l'un des principaux gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, calculées en grammes par kilowatt/heure (gr de CO2/kWh) dans l'Union européenne à 25. En 2006, les "Thirty Dirty", installées dans sept pays, ont émis 393 millions de tonnes de CO2, soit 10% du total des émissions de CO2 de l'UE. Quatre groupes électriques possèdent à eux seuls plus de la moitié des 30 centrales les plus polluantes d'Europe : l'allemand RWE, le suédois Vattenfall, le français EDF (qui opère en Grande-Bretagne et Pologne) et l'allemand EON.
10 centrales électriques allemandes et 10 britanniques figurent parmi les trente les plus polluantes d'Europe. Deux centrales grecques (Agios Dimitrios et Kardia) qui arrivent en tête de ce palmarès devant cinq allemandes, émettent respectivement 1 350 et 1 250 gr CO2/kWh, contre 1 150 à 1 200 pour les pires centrales allemandes. Par contre, les deux installations germaniques les plus polluantes (Niederaussem et Jänschwalde) émettent 27,4 et 23,7 millions de tonnes de CO2 par an, là où les centrales hellènes n'en crachent au pire que 12,4 Mt.
Sur ce classement, 28 centrales fonctionnent au charbon. Pourtant, la Pologne, pays de l'UE le plus dépendant du charbon pour sa production d'électricité (92% - contre 48% en Allemagne, 28% au Royaume-Uni, 60% en Grèce et 29% pour l'ensemble de l'UE-25), n'arrive qu'au huitième rang des pollueurs avec sa centrale de Turrow (1 150 gr CO2/kWh et 13 Mt CO2 par an) et ne compte que quatre de ses installations parmi les trente plus sales du classement.
Les douze usines les plus polluantes du classement fonctionnent à la lignite - forme particulièrement intense en carbone du charbon. Elles ont pour la plupart été mises en service dans les années 1960. La plus polluante, l'Agios Dimitrios, a produit son premier kWh au milieu des années quatre-vingts. Les autres centrales incriminées tournent au charbon, à l'exception de deux installations britanniques, à Kingsnorth (24e du classement) et Eggborough (29e) qui utilisent aussi du pétrole lourd pour l'une et du gaz pour l'autre.
Stephan Singer, responsable du programme Climat-Energie de l'ONG, est en colère : "Nous ne pouvons tolérer un secteur énergétique où c'est le plus sale qui devient le plus riche. Je demande à l'Union européenne de s'assurer que seuls ceux qui rendent leurs centrales plus propres puissent bénéficier d'aides. Nous réclamons un système d'allocations de quotas de CO2 plus contraignant au sein de l'Union pour encourager les investissements en technologies "propres" si l'UE veut tenir son objectif de réduire ses émissions de GES de 20 et même 30% d'ici 2020".
Source : AFP
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération