Après ma visite de l'atelier des Galapiats, je m'étais promis de revenir les voir. Ils m'avaient jeté un sort et le seul antidote possible était de retourner passer un peu de temps avec eux. Il me manquait une partie importante de l'activité du team : la conduite. J'ai donc profité d'un après-midi de « roulage » pour m'immerger à nouveau dans l'équipe.
Je rejoins Les Galapiats à leur atelier afin de les accompagner sur leur circuit. Une fois les 3 voitures chargées sur les remorques, le convoi quitte la petite rue en direction du terrain loué modiquement au CEA Grenoble. Pour conduire les remorques, (la plus grande mesure 7 m de long), les jeunes encadrants ont passé le permis E(B). Il a été financé par les fonds de l'association. Un petit arrêt à la station pour faire le plein et en route pour 2 grosses heures de roulage sur leur piste privée. Et Yves, le Président, n'en est pas peu fier « Il n'y a que Ferrari et nous qui avons une piste d'essai privée ». C'est Emilien qui me présente les lieux. Il s'agit d'un ancien terrain de la DRIRE que Les Galapiats ont redessiné en circuit, avec l'aide de financements publics. Un espace couvert sert de stand pour les éventuelles séances de mécanique improvisées. La piste, longue d'environ 400 m est bordée de pneus sur toute la longueur pour parer à d'éventuelles sorties de route. La ligne droite des stands est suivie d'un long virage à droite qui emmène dans une 2nde ligne droite. Un gros freinage pour un droite un peu serré prolongé par un léger gauche. Un petit bout droit avant un dernier virage à droite qui conditionne l'entrée dans la ligne droite des stands. Cette séance de roulage sera la dernière de l'année mais aussi la dernière pour Vincent, le dessinateur informatique du team, qui fête ses 18 ans dans 1 mois. En effet, l'extrême limite d'âge pour conduire chez Les Galapiats est fixée à 18 ans. Il en profitera pour réaliser ses derniers tours de roues à bord de la "Formule 1" doté d'un 4 cylindres de Twingo. Les 2 autres bolides sont maintenant déchargés. Il s'agit de "protos" équipés de moteur de 2 CV. Les véhicules pèsent environ 400 kg (suivant la motorisation) pour 30 à 60 ch. Le rapport poids-puissance est vraiment bon. Les 4 freins à disque (issus de voitures de série) sont largement dimensionnés pour stopper les bolides. Dans le baquet, les apprentis pilotes sont maintenus par des harnais 4 points directement sortis de la compétition. Tout comme les pneus récupérés auprès des écuries de Formule Renault sur les différents circuits visités par Les Galapiats. Une fois que les pilotes sont équipés, les pleins faits, il est temps de faire rugir les moteurs. Et c'est parti pour une bonne séance de défoulement. Le rythme s'accélère, les roues se bloquent au freinage « c'est parce que la voiture n'a pas été re-réglée. Et puis on a une barre anti-roulis sur les "F1" alors ça bloque un peu plus facilement » m'explique Robin, le 2ème jeune à être autorisé à rouler sur les "4 cylindres". Car il faut une certaine expérience des voitures à moteurs de 2 CV pour prétendre rouler avec les moteurs plus puissants. Mais une petite sortie de piste de la « Grenoble » vient perturber notre discussion. Une trajectoire un peu large dans le virage à gauche a froissé un peu de carrosserie. Démontage de celle-ci pour un contrôle visuel de la tringlerie et on remonte le tout. Elle repartira sans aucun souci. Il suffira d'un peu de fibre pour tout remettre d'aplomb. Les voitures rentrent et sortent du stand au fur et à mesure des relais. Les 6 pilotes tournent à tour de rôle. Pendant ce temps, les souvenirs de conduite sur circuits ne cessent de fuser. Des têtes à queue à Spa, des glisses sur le mouillé de Magny-Cours mais aussi des frayeurs un peu plus fortes pour Vincent lors d'une manifestation du coté de Vif (38), qui lui a permis de comprendre qu'il ne faut jamais dépasser les limites. Mais quoi qu'il arrive, ils n'ont qu'une envie : re-rouler sur ces grands circuits. J'en profite pour demander comment se passe l'apprentissage de la conduite. « Nous avons une voiture bi-place à double commande » m'explique Victor. « Les plus jeunes roulent d'abord en "tamdem", avec un "moniteur" bénévole. D'abord que le volant, puis l'utilisation des pédales, puis tout en même temps. Quand on sent que le niveau est suffisant, on le laisse conduire une monoplace ». L'apprentissage dure 3 ou 4 séances, suivant les capacités de l'apprenti pilote. La conversation est entrecoupée à chaque passage des voitures. C'est que ça fait du barouffe. Si les "protos" sont équipés de silencieux, l'échappement de la "F1" est complètement libre. Quelques crissements de pneus en bout de ligne droite, on sent que les pilotes prennent vraiment du plaisir. Ceux qui restent sur le bord se chambrent. L'ambiance est au top. Mais la nuit commence à tomber. Les "protos" allument leurs feux. Comme les vrais puisqu'il arrive que certaines manifestations se déroulent de nuit, il faut que les pilotes puissent voir la piste. On se croirait aux "24 Heures". Vincent s'empresse alors de remonter dans la "F1" pour le dernier "run" de sa carrière. Il tournera jusqu'à ce qu'il n'y voit plus rien. A la descente de la monoplace, je sens une pointe d'émotion. Il faut maintenant re-charger les bolides et retourner à l'atelier. Pour ma part, cet après-midi m'a permis de confirmer tout le bien que je pensais de l'association. Du gros travail pour un maximum de plaisir à rouler sur leur piste. Les jeunes sont très responsables de ce qu'ils font. Pas un ne déroge aux règles (attendre qu'un gars vienne faire signe pour s'élancer sur la piste par exemple, même si il n'y a qu'une voiture à tourner). Toutes les manœuvres sont réalisées en équipe. Pas un fainéant, tout le monde met la main à la pâte. Le convoi quitte maintenant la piste, le portail du "Circuit Pierre Monnier" (fondateur de l'association) se referme jusqu'à la prochaine fois. Pour Vincent, ce sera en tant qu'encadrant. Il pourra ainsi continuer à vivre sa passion comme tous ses potes d'atelier.
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