Deux voitures sont engagées à Piacenza pour Franco Cortese et Nino Farina. Ce dernier victime d’un accident aux essais, et guère enthousiaste à l’idée de participer à cette course en ville, déclare forfait. C’est pourtant ce genre d’épreuves, drainant des foules considérables, qui va assurer le renouveau du sport automobile italien. Les plateaux pauvres et disparates assurent toutefois un spectacle de qualité et c’est bien l’essentiel dans un pays rendu exsangue par la guerre. Parti de la première ligne Cortese ne parvient pas à suivre le rythme des Maserati 1500 Angelioni et de Barbieri qui ne sont pourtant pas de première fraîcheur. Il s’arrête à son stand où l’on constate un trop plein d’huile. Débarrassé de son excédent de lubrifiant, le V12 retrouve son souffle. Cortese remonte, devient menaçant, puis domine ses adversaires. Quelques tours avant l’arrivée, la pompe à essence casse et la Ferrari est contrainte à l’abandon. C’est un échec prometteur, dira Enzo Ferrari. Il ne se trompe pas et quinze jours plus tard, Cortese offre à Ferrari la première victoire de son histoire sur le circuit de Rome. Même si la 125 S a encore du mal à tenir sur de longues distances, le bilan de cette première saison est plus qu’encourageant avec 6 victoires en 11 courses. Le succès significatif sera obtenu par Raymond Sommer qui s’imposera à Turin dans une épreuve à caractère international et devant une opposition de qualité. L’escalade peut se poursuivre. La nouvelle Ferrari 166 est mise en chantier. Comme son aînée, elle sera tout aussi polyvalente capable de courir aussi bien en catégorie sport qu’en Formule 2. Les clients et les commandes commencent à affluer à Maranello. Enzo Ferrari a gagné son premier pari.
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