D'après un sondage Unimarketing-La Presse, 65% des Montréalais et des banlieusards interrogés seraient favorables à la mise en place d'un péage sur les ponts de Montréal. Ce soutien est plus important chez les Montréalais (68%) que chez les banlieusards (61%), qu'ils soient usagers des transports en commun (69%) ou automobilistes (63%). Claude Bergeron, spécialiste en sondages chez Unimarketing, explique ce résultat : "Les banlieusards ont une conscience sociale. Ils appuient le péage presque autant que les Montréalais, si la fluidité de la circulation est maintenue. Dans un sens, ça nous a surpris. Mais les chiffres sont clairs. Il ne semble pas y avoir de mouvement pour restreindre le péage à la partie centrale de l'île. Peu importe qu'ils habitent à Vaudreuil, l'île Perrot ou Repentigny, les navettiers s'attendent à ce que les péages s'appliquent à tous les ponts et tunnels, pas seulement au pont Jacques-Cartier." Ils sont pour l'utilisation d'une technologie qui n'impose pas d'obstacle physique sur la route comme le faisaient les postes de péage abolis dans les années 1980.
Ce sondage Unimarketing qui portait sur le plan de transport de la Ville de Montréal rendu public le 17 mai 2007, a été réalisé par téléphone auprès de 515 Montréalais et 514 résidants des banlieues nord et sud de la métropole, entre les 22 et 24 mai. Le péage y est présenté comme l'un des moyens de financer les investissements de plus de 5 milliards de dollars prévus à ce plan, lequel fera bientôt l'objet de consultations publiques. Selon ce sondage, le péage aux entrées de l'île de Montréal aurait un impact majeur sur les habitudes de déplacement, tant dans les banlieues qu'à Montréal. 15% des personnes interrogées ont affirmé qu'elles utiliseraient davantage le transport collectif si on instaurait le péage, et 14% d'entre elles (dont 21% en banlieue) envisagent réduire leurs déplacements dans la métropole.
Un sujet controversé
À quoi devraient servir les revenus de ce péage? Devrait-on l'étendre aussi aux autoroutes en plus des ponts et du tunnel? À quelles heures devrait-on s'appliquer? Le péage devrait-il être plus élevé pour les véhicules plus énergivores ? Sur toutes ces questions, mentionne le sondage Unimarketing, Montréalais et banlieusards ont à peu près les mêmes points de vue. 72% des répondants, tous groupes confondus, estiment que les recettes du péage doivent financer les transports en commun. Un peu plus de la moitié (57%) estime aussi que les projets financés par le péage devraient profiter à la fois à Montréal et aux banlieues. 57% des répondants sont défavorables au péage sur les autoroutes, sans différence significative selon le lieu de résidence.
Concernant les heures d'application du péage, tous les répondants se sont montrés très partagés : 31% préfèrent qu'il soit limité aux heures de pointe, 26% estiment qu'il devrait s'appliquer en tout temps et 21%, seulement les jours de semaine.
Selon les sondeurs, le péage reste tout de même un sujet controversé malgré toutes ces convergences de vues. On observe ainsi que, en banlieue, 56% des gens se sont dits spontanément défavorables au péage alors que seulement 42% d'entre eux y étaient favorables. À l'inverse, 54% des Montréalais se sont dits pour l'instauration du péage, et 42% contre. Unimarketing explique que même si les majorités sont plutôt faibles, Montréalais et banlieusards s'opposent sur cette question, tout comme les automobilistes et ceux qui utilisent les transports en commun ou les modes de transport actifs (vélo, marche). Mais il ajoute que les principaux groupes d'opposants - les banlieusards et les automobilistes - y deviennent majoritairement favorables si on garantit que le péage n'affectera pas la circulation. L'appui au péage passe alors de 54% à 68% chez les Montréalais, et de 42% à 61% dans les banlieues. Il constate que le principe de payer pour traverser les ponts et tunnel apparaît acceptable à la majorité.
Plan de transport présenté par la Ville de Montréal
Les Montréalais et les résidants de la banlieue sont globalement d'accord avec les objectifs du Plan qui vise à augmenter l'utilisation des transports en commun et réduire celle de l'automobile dans les déplacements quotidiens. Selon le sondage, 92% des 1029 répondants ont estimé qu'il est important de réduire l'utilisation de l'automobile afin de lutter contre le réchauffement climatique. Une très large majorité des personnes interrogées (82%), tant à Montréal que dans les villes de banlieue, s'est aussi dite en faveur de l'objectif principal du Plan, qui est d'augmenter la fréquentation des transports collectifs.
Même s'il recueille un appui important, le péage n'est tout de même pas le moyen de financement qu'une majorité de Montréalais ou de banlieusards aurait privilégié pour financer les investissements liés au Plan de transport de Montréal ; 43% des répondants choisissent plutôt les subventions provinciales ou fédérales, alors que 32% favorisent le péage. Les analystes de la firme Unimarketing affirment que les habitants de la grande région de Montréal partagent une vision régionale des grands enjeux de transport. Le Plan de transport de la Ville de Montréal risque donc d'obtenir un appui majoritaire, s'il mise sur la solidarité régionale, l'équité dans le financement des transports en commun et le pragmatisme dans l'instauration du péage.
La Ville prévoit 21 grands chantiers en 10 ans, dont le coût de réalisation est estimé à 5,1 milliards de dollars, en voici quelques-uns :
- Implantation d'un réseau de tramways
- Prolonger le métro vers le boulevard Pie-IX (ligne bleue)
- Moderniser le métro
- Créer un réseau de voies réservées aux autobus
- Maximiser l'utilisation du corridor réservé du pont Champlain
- Prioriser la circulation des autobus sur le réseau routier
- Aménager le Train de banlieue de l'Est
- Doubler la longueur du réseau cyclable en sept ans (de 400 à 800 kilomètres)
- Mettre en oeuvre la Charte du piéton
- Prioriser la circulation piétonne au centre-ville
- Réduire la vitesse maximale à 40 km/h dans des quartiers ciblés (quartiers verts)
- Moderniser la rue Notre-Dame
- Entretenir et réaménager le réseau routier.
Source : La Presse
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