Après la mise en place d'une signalisation originale pour enrayer l'explosion du nombre d'accidents causés par deux radars de feux sur la RN20, le maire de Linas (91) a été convoqué au commissariat la semaine dernière.
Nous vous en parlions déjà sur Caradisiac : après avoir constaté que les radars de feux multipliaient les accidents par deux sur son tronçon de la RN20 (article), le maire de Linas avait décidé d'apposer en amont du carrefour une signalisation « faite maison » : un panneau triangulaire rouge et blanc, lumineux, avec un pictogramme représentant un appareil photo indiquant « Attention freinages brutaux ».
Jeudi dernier, l'élu François Pelletant (Divers Droite) a été convoqué au commissariat d'Arpajon (91), pour répondre de son initiative culottée. Une « méthode excessive » selon le maire, déclarant à sa sortie : « J’ai simplement constaté qu’il y avait un danger à un endroit. J’ai donc décidé de l’annoncer via un panneau d’information avec arrêté municipal transmis à la préfecture. Un maire est aussi responsable de la sécurité de ses riverains ! »
Un lieu accidentogène depuis l'installation des radars
Ville test du dispositif, Linas accueille en 2010 deux radars de feux au niveau du carrefour de RN20. C'est alors que les accrochages et les dégâts sur le mobilier urbain montent en flèche.
Soutenant l'action de l'élu, la secrétaire générale de la Ligue de défense des conducteurs Christiane Bayard explique : « François Pelletant a constaté que le nombre d’accidents avait doublé. (…) Les gens ont toujours peur de se faire flasher, donc freinent brusquement dès le passage à l’orange et peuvent provoquer un accident. » En effet d'après une source proche de la Mairie, il y aurait « selon les chiffres de la police, 6 à 12 accidents par an en moyenne à cet endroit. » Pour l'heure, aucun d'entre eux ne s'est avéré mortel.
Le maire a d'abord tenté d'alerter la préfecture (la Nationale 20 est sous l'autorité du préfet) puis le ministère de l'Intérieur, en demandant l'installation d'un aménagement, avec notamment un feu clignotant.
La Préfecture a porté plainte pour « panneaux non-réglementaires »… et « vol d'énergie » !
N'ayant jamais eu de retour à cette requête, le maire a pris le taureau par les cornes en février 2015 : un panneau de signalisation - créé de toutes pièces – a été installé dans les deux sens de circulation pour avertir les usagers du danger à l'approche du carrefour.
La préfecture a porté plainte pour la « pose d'un panneau non-réglementaire au code de la route »... et pour « vol d'énergie » : le triangle est en effet doté de feux clignotants ! Une situation délirante...
Le motif du vol d'énergie a finalement été abandonné puisque la ville de Linas est titulaire des compteurs électriques. En revanche, en ce qui concerne les panneaux, les deux camps restent inflexibles.
Selon la préfecture, la situation est « incompréhensible, voire même dérisoire » : « Le panneau n'est pas officiel, il n'est pas assimilable à un panneau de signalisation, donc illégal et doit être retiré. Le maire n'a pas obtempéré. La seule issue est donc désormais la verbalisation. Il aurait pu accepter l'apposition de panneaux existants, avertissant de dangers et notamment d'intersections à risque. »
Un bras de fer entre la ville et la préfecture continue
La Mairie persiste et signe : « Nous prétendons qu’ils sont réglementaires. L’arrêté administratif pris en février dernier n’a pas été contesté par la Préfecture, la ville n’a donc pas à enlever son dispositif ».
Un bras de fer s'est donc engagé entre la préfecture et la ville de Linas, cette dernière étant fermement soutenue par la Ligue de défense des conducteurs. Christiane Bayard aura le mot de la fin : « Linas n'est pas unique mais symbolique : les radars de ce type sont un vrai danger et provoquent sept fois plus d'accidents. Nous demandons donc à ce qu'ils soient retirés. »
Suite au prochain épisode.
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