S’il ne fallait choisir qu’une expression pour qualifier la Nissan 370Z, ce serait celle-ci : politiquement incorrecte. Je la classe dans la catégorie des saveurs interdites, auxquelles on ne peut que très difficilement résister. Charcuterie fine italienne, whiskies écossais d’exception, Nissan 370Z : même combat. Impossible de ne pas en abuser et leur excès est dangereux pour la santé.
La sculpture donne l’âme au marbre.
Comment 1500 kg d’acier peuvent-ils transmettre un tel sentiment de force ? La 370Z sublime la magnifique ligne de la 350Z. Pour certains, ses traits sont peut-être trop tirés, le style est éventuellement un peu excessif, mais comment se démarquer efficacement dans un secteur ou le Cayman, la TT ou encore la 1M font figure d’épouvantails ? Elle ne laisse pas de marbre, et honnêtement, au moins 90% de ceux qui l’ont croisée sont tombés sous le charme…
A l’intérieur, les manos et le Z du volant nous sautent à la figure ! Une fois bien calé dans les sièges chauffants, on remarque le compteur de vitesse, dont les 2/3 ne servent à rien sur route ouverte. Et que dire de la zone rouge, qui débute à 7500 tours ? On en vient à oublier la qualité de certains matériaux et on note un léger manque d’identité à l’intérieur… mais peut-on être exigeant avec un tarif inférieur à 45 000 euros ? Pour terminer, on se demandera aussi quelle est l’utilité de l’immense volume disponible derrière les sièges. L’imposante barre anti-rapprochement empêche tout espoir de places arrières et les amortisseurs interdisent tout transport de gros bagages… Passons. On retourne la tête, et on tombe sur le bouton Stop/Start, actionnons-le.
Pourquoi philosopher alors qu’on peut chanter ?
Une simple pression du fameux bouton permet de donner vie au V6 3.7. Produisant 330 chevaux à 7000 tours et 363 Nm à 5200 tours, la fiche technique se veut prometteuse ! Le poids est quand même de 1520 kg. Alors est-ce que la force du V6 peut gommer cette masse ?
En un mot comme en cent : oui. Dès les premiers tours de roue, on comprend que cette Z va délivrer une très grosse dose de plaisir. La direction à assistance hydraulique est précise, l’amortissement est exemplaire et les informations remontent bien. La position de conduite n'est toutefois pas parfaite. On regrettera aussi un embrayage à la course trop longue. Sur les 2 premiers rapports, la transmission accroche également un peu… passons donc la 3.
Moteur chaud, on envoie la sauce…Coupleux, le V6 s’envole littéralement jusqu’à 7500 tours, et colle au siège ! La sonorité est très métallique, agressive, ça grogne ! A mi-régime, le moteur crie pour qu’on le fasse tourner encore plus vite.
Et là, on découvre les joies du petit bouton S-mode, qui remet un coup de gaz automatiquement au rétrogradage ! Terminées la torture des chevilles pour le talon-pointe. Cette solution est réellement jouissive, pourquoi n’est-ce pas imposé sur toutes les sportives à boite manuelle ? On ne se pose plus de questions en abordant un virage, on se concentre sur l’essentiel… et que c’est bon !
L’ivresse de la vitesse.
On quitte enfin les lignes droites et on arrive en courbe… Étrangement, on a une sensation bizarre en attaquant sévèrement. Le châssis est efficace, et sur le sec, il faut vraiment le faire exprès pour la surprendre en sous-virage ou en survirage. Le roulis est très contenu… mais on a l’impression que le train arrière est totalement déconnecté du train avant. C’est comme s’il fallait prendre le temps de synchroniser les essieux avant et arrière avant d’envoyer toute la sauce en courbe.
Une fois le mode de fonctionnement assimilé, on se prend au jeu, on balance le poids d’un côté, puis on soude en tournant le volant de l’autre côté… Sur le mouillé, le voyant jaune s’allume à tous les coups ! Et on rétrograde, et on tape la zone rouge, et on freine tard, et on reprend en 3, et on force !
Le freinage est difficile à prendre en défaut sur route ouverte, et finalement, il n’y a vraiment que le compteur de vitesse qui nous oblige à redescendre sur Terre. En l’espace d’un instant, on a perdu 3 fois son permis.
Sur une bretelle d’accélération, il suffit de pousser un tout petit peu la 3 pour se retrouver au-delà des limitations. On peut donc déduire que la Z, en accélération pure, ne se savoure que pendant quelques très courts instants. Mais si vous aimez un peu le risque, alors elle vous prend aux tripes et ne vous lâche pas.
Son grognement à l’accélération est un appel à l’arsouille. La Z aime qu’on la travaille au corps, mais quand on le fait correctement, c’est absolument illégal. Sur les longs trajets, la solution consiste à utiliser le régulateur de vitesse. Mais avec une telle mécanique à sa disposition, c'est du gâchis.
L’essentiel n’est pas de vivre, mais de bien vivre.
Une fois notre pulsion de la vitesse assouvie, vient l’heure du bilan. Pour qui, et pour quelle utilisation cette Z est-elle destinée ? Difficile à dire. Pour tous les jours, la conduite de ce missile est hautement déconseillée. On est trop tentés d’atteindre la seconde moitié du cadran, soit plus de 180 km/h. Le 0 à 100 est pulvérisé en 5,6 secondes, et il ne faut que 10 secondes de plus pour se retrouver à ces fameux 180… Sans compter la consommation. En utilisation normale, n’espérez pas descendre sous les 12 litres aux 100 km parcourus.
Pour le week-end, et une utilisation purement piste, on préfèrera une sportive plus légère, et plus apte à se faire violenter pendant de longues sessions de circuit. Partir en vacances avec ? Il manque 2 places, et le coffre fait payer très cher son manque d’ergonomie.
Alors à quoi sert-elle ? Une chose est certaine, les sensations qu’elle distille sont indispensables à maintenir intacte notre passion pour l’automobile d’exception. Un futur collector.
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