Le conducteur - presque - parfait existe. Il respecte scrupuleusement les limitations de vitesse, ne boit pas, ne téléphone pas, sait toujours où il va. Il s’agit du « cerveau » de la Google Car, voiture autonome développée par le géant du web, et dont des prototypes circulent sur les routes américaines depuis plusieurs années. Les projets de ce genre stimulent également l’imaginaire des constructeurs automobiles, à l’image de Mercedes qui a présenté début janvier au CES de Las Vegas la F 015, luxueux concept-car qui se passe de conducteur.
De la science-fiction ? Voire. En 2012, Volvo avait fait rouler un convoi de voitures autonomes reliées par des moyens de communication sans fil pendant 200 km sur une autoroute espagnole. D’autres constructeurs, comme Ford, ont réalisé des tests en conditions réelles des futures technologies de communication, à la fois entre véhicules et avec les infrastructures. Parmi ces innovations, il en est une qui consiste à transmettre un message du véhicule de tête aux véhicules suiveurs en cas de freinage d’urgence ou de problème soudain, même si l’incident se déroule hors de vue.
Bref, l’automobile de demain sera pleinement connectée au monde qui l’entoure. Déjà, certaines de nos chères voitures embarquent des capteurs qui permettent une conduite autonome dans les embouteillages ou veillent au respect des interdistances sur l’autoroute. La dynamique est lancée, et va se voir renforcée dans les années qui viennent par la multiplication de capteurs dans l’espace public qui, reliés au système d’aide à la conduite, permettront d’optimiser la coordination entre véhicules. Grâce au wi-fi embarqué, le conducteur sera prévenu en temps réel des risques de collision à un croisement, d'un risque de choc avec un obstacle en bord de route, d’une chaussée glissante ou de tel ou tel risque éventuel.
C’est dans ce contexte que l’Institut Montaigne, Think tank (laboratoire d’idées) qui réunit des chercheurs, chefs d’entreprise et hauts fonctionnaires pour réfléchir aux mutations de la société, vient de rendre public un rapport intitulé « Big Data et objets connectés – Faire de la France un champion de la révolution numérique», qui s’intéresse à la façon dont les objets connectés et la quantité exponentielles de données qu’ils vont engendrer vont changer nos vies.
Appliquée à l’automobile, cette numérisation du monde réel apparaît très prometteuse. Le rapport estime qu’avec 30% de voitures connectées à l'horizon 2020, le nombre d’accidents de la route pourrait déjà baisser de 20%. Les leviers permettant une telle amélioration? Les capteurs embarquées permettraient à la fois d'empêcher les excès de vitesse, de démarrer le véhicule en cas d’alcoolémie positive ou d’usage de drogue (contrôle de l’iris, par exemple), et détecteraient tout risque de collision, déclenchant alors une batterie d'assistances à la conduite. Autres améliorations, une fluidification de la circulation (c’est déjà le cas avec les systèmes d’info-trafic intégrés au GPS, ou avec une application pour smartphone telle que Waze) et une réduction des consommations et du gaspillage (ce que permettent déjà les applications de covoiturage). De belles promesses, donc, même s’il convient de rester vigilant sur la façon dont ces données seront traitées (une sacrée tâche pour la CNIL) et sur la façon dont des organismes en tireront profit.
Se basant sur les chiffres de la Sécurité routière et du cabinet de conseil en stratégie AT Kearney, les auteurs du rapport estiment enfin que la réduction des accidents de 20% évoquée plus haut permettrait une économie de 4,4 milliards d’euros à la société. Et pendant ce temps, les pouvoirs publics, toujours à la pointe, envisagent l’abattage massif de platanes centenaires au bord des routes...
L'automobile de demain sera connectée, au bénéfice principal de la sécurité routière. Reste à savoir par qui et comment seront exploitées les infinies quantités de données récoltées.
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