Le péage urbain de Londres (Royaume-Uni) est au coeur des discussions ces derniers mois. Souvenez-vous : en février 2008, Ken Livingstone avait annoncé que s'il était réélu maire de Londres en mai 2008, les conducteurs de voitures rejetant plus de 225 grammes de CO2 par kilomètre devraient payer une taxe de 25 livres (33,5 euros) par jour dès le 27 octobre 2008 pour rouler dans le centre de Londres : cette mesure visait les voitures de sport, de luxe et les 4x4 imposants pour réduire davantage la pollution auto et diminuer des deux tiers le trafic des véhicules les plus polluants (voir article).
Porsche, le constructeur de véhicules de luxe, avait alors indiqué en février 2008 qu'il avait l'intention d'attaquer en justice Ken Livingstone pour contester cette taxe (voir article). C'est ce qu'il a fait en mars 2008 (voir article). Mais le 1er mai 2008, Boris Johnson a remporté les élections et il est devenu officiellement le maire de Londres samedi 03 mai : le projet de Ken Livingstone semblait alors mal parti pour le plus grand plaisir de Porsche !
La nouvelle vient de tomber : Porsche annonce en grande pompe que la Cour administrative de Londres lui a donné raison. Boris Johnson a donc retiré ce projet de péage urbain à 25 livres destiné aux grosses autos polluantes. Le constructeur mentionne que les frais de justice qu'on lui a accordés seront reversés à l'association caritative Skidz, s'occupant de l'insertion des jeunes en difficultés via l'apprentissage de la mécanique automobile.
L'association militant contre les 4X4, The Alliance Against Urban 4x4s, a estimé que cette affaire démontrait combien les Porsche polluent et combien Porsche redoute ce genre de réglementation. Porsche a riposté en disant que peu de ses modèles sont en circulation par rapport à des millions de citadines.
Andy Goss, directeur Managing de Porsche Cars Great Britain, a affirmé suite à cette victoire du procès : "Nous étions confiants en l'issue du conflit et en la pertinence de nos arguments. Le montant du péage était clairement injustifié et allait en fait contribuer aux émissions de CO2 à Londres. Porsche est fier d'avoir pu jouer un rôle dans l'annulation d'une réglementation dont les motivations sont clairement politiques."
Andy Goss fait allusion aux résultats d'une étude sur le péage urbain de Londres, effectuée par le Groupe d'études environnementales de l'Université de Londres. Cette étude révèle en effet que depuis l'instauration de ce péage, les gaz polluants rejetés par les voitures auraient connu une hausse. La responsable de l'étude, Cathryn Tonne, explique qu'ils ont étudié l'impact de la pollution de l'air dans la zone du péage et à la grandeur de Londres. D'après elle, les résultats démontrent qu'il y a eu très peu de changements dans le niveau de pollution dans l'ensemble de Londres, mais il y a eu des baisses substantielles dans la zone tarifée : une grande partie de la pollution qui n'est plus rejetée dans le centre-ville londonien l'est au final en périphérie, les conducteurs essayant de contourner la zone de péage et effectuant ainsi plus de kilomètres sur une plus grande distance.
Porsche en remet une couche en mettant en avant : "La zone de péage pousse les automobilistes à contourner le centre-ville, ce qui se traduira par une augmentation de 182 000 tonnes des émissions de CO2 dans l'ensemble de la région londonienne. D'ici 2012, les chercheurs du King's College évaluent que la hausse des émissions de gaz carbonique à l'extérieur de Londres sera d'environ 184 000 tonnes, par rapport à une baisse de 2200 tonnes seulement pour le centre-ville. L'étude mentionne que la hausse est largement causée par une augmentation du kilométrage fait par les automobilistes à l'extérieur de la zone de péage, justement en raison de ce péage." Ainsi, le constructeur souhaite la suppression du péage urbain de Londres, ce qui l'arrangerait pour ses clients qui payent le prix fort...
Mais les auteurs de l'étude proposent une autre solution : étendre la zone de péage à une plus grande partie de Londres. Ils soulignent : "Une politique affectant une plus grande zone géographique où réside une plus forte population, et qui viserait clairement à réduire les émissions d'automobiles, a de bonnes chances d'avoir un plus grand impact positif sur la santé de cette population."
Petit rappel : Londres a lancé le péage urbain en février 2003 (London congestion charge). Ses objectifs : lutter contre la pollution automobile, fluidifier la circulation, réduire ainsi les embouteillages et encourager l'utilisation des transports en commun ainsi que des moyens de transport doux. Le principe : afin d'accéder au centre-ville, les automobilistes doivent payer une taxe de 8 livres (12 euros) pour la journée, du lundi au vendredi de 07 h à 18 h. En février 2007, la mairie de Londres a étendu ce système aux quartiers aisés de l'ouest dont Notting Hill, Knightsbridge, Kensington, Chelsea et Belgravia (voir article). Une deuxième ville va se mettre au péage urbain au Royaume-Uni : il s'agit de Manchester (430 000 habitants). Ruth Kelly, la Secrétaire d'État aux Transports britannique, a annoncé en juin 2008 aux députés que ce système serait mis en place d'ici 2013.
Le débat est ouvert : la parole est à vous !
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