Simca, quatrième grand constructeur français de l'après-guerre, a connu un parcours des plus instables. Ballottée entre deux accords avec des grands constructeurs, la marque n'a eu que de rares occasions d'exploiter ses authentiques capacités techniques et commerciales mais conserve un parfum de nostalgie.
Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ? Simca aurait pu faire sienne cette devise, tellement son histoire a connu de rebondissements. Tout commence en Italie, au lendemain de la Première Guerre mondiale, lorsqu'un certain Theodoro Pigozzi fournit à Fiat des matériaux de récupération non ferreux, achetés en France. Quand le sénateur Agnelli, patron de Fiat, décide de s'implanter dans l'Hexagone, il pense tout naturellement à son compatriote, déjà bien introduit dans les milieux industriels français. Dans un premier temps, Pigozzi va se contenter d'importer et de distribuer des Fiat mais, très vite, pour limiter le coût, notamment celui des taxes, il décide d'installer une usine de montage.
D’abord, des Fiat françaises
Deux ans plus tard, les Fiat françaises prennent l'appellation Simca, à la suite de la création de leur propre société, basée à Nanterre. Le succès est très vite au rendez-vous grâce à la Simca 5, réplique de la Fiat Topolino, puis la 8, copie de la berline Fiat 1100. Après la Seconde Guerre mondiale, le succès revient avec les mêmes modèles, qui, bien qu'obsolètes, répondent aux besoins du moment : populaires, économiques, robustes et, surtout, rapidement disponibles dans ce climat de pénurie.
Première Simca : L’Aronde
Forte de cette bonne santé économique, Simca décide de produire sa première “vraie” voiture : l'Aronde. Lancée en 1951, cette production originale, attrayante et déclinée en de multiples versions (une politique commerciale inédite à l'époque), rencontre un succès phénoménal. Simca, le plus jeune des constructeurs français, se hisse aussitôt au second rang national, derrière la Régie Renault et loin devant Peugeot et Citroën.
Toutefois, l'euphorie sera de courte durée. Les deux anciennes marques sont bien plus solides financièrement et possèdent une autre dimension. Simca a réalisé un “bon coup”, certes, mais elle doit impérativement s'étoffer pour prétendre continuer à jouer dans la cour des grands. L'occasion se présente lorsque Ford décide de se séparer de sa filiale française. Un vrai banco. Pigozzi hérite non seulement des usines modernes de Poissy, mais aussi du nouveau modèle haut de gamme destiné à succéder à la Vedette. Rebaptisées Versailles, Trianon, Régence, les belles américaines à moteur V8 complètent avec bonheur la gamme Aronde, et la marque poursuit sa prospérité. Mais cet essor ne durera pas.
En 1958, Chrysler, désireux de s'implanter en Europe, rachète les 15 134514880u capital de Simca détenus par Ford, en rétribution de la cession des usines en 1955. Cinq ans plus tard, le troisième "grand américain" détient une participation majoritaire dans le capital de Simca, si bien qu'après le décès de Pigozzi, en 1964, l'ingérence américaine se fait de plus en plus pressante. Mais, méthodes de production et de gestion du personnel comme choix commerciaux et techniques ne se révèlent pas toujours des plus judicieux ou des mieux adaptés à la France. Simca perd petit à petit son identité, même si elle produit encore quelques véhicules à succès, comme la petite 1000, les berlines 1300/1500 ou encore la remarquable 1100.
La création de Chrysler-France, en 1970 (Chrysler détenant désormais 100 134514880u capital), va accélérer le déclin de la marque, avec en particulier la commercialisation peu heureuse de modèles Chrysler. Redevenue simple marque d'un groupe multinational, Simca va devoir affronter de plein fouet les effets de la crise au début des années soixante-dix. Chrysler tente de se sauver en priorité et n'hésite pas à compresser les budgets et à réduire l'autonomie de ses satellites européens. Sans résultats. En 1978, Chrysler, à l'agonie, vend toutes ses filières européennes au groupe PSA. L'année suivante, par un curieux hasard de l'histoire, Peugeot décide de commercialiser les modèles Simca sous la marque Talbot (une firme en faillite, que Simca avait rachetée en 1955). La production des modèles les plus anciens est alors arrêtée et, à Poissy, on croit encore à l'avenir grâce au lancement de la Solara, puis de la Tagora, une grosse berline à moteur V6 PRV. Mais Peugeot, qui ne tarde pas à avoir de gros soucis pour "digérer" l'achat des filières européennes de Chrysler, oublie bien vite la marque Talbot et les dernières productions originales, au goût Simca. Cette fois, c'en est bien fini de l'aventure.
Le logo
C'est en 1937 que la marque adopte comme emblème une hirondelle, qui symbolise le caractère économique, notamment en carburant, de ses productions. Le logo sera d'ailleurs étroitement lié au slogan : “Simca, un appétit d'oiseau”, qui aura cours pendant près de trois décennies.
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