Avoir sa propre voiture neuve, entourée d’affection et qui donne l’adoubement statutaire, est un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Du moins apparemment. Et ils s’en portent très bien. Car la voiture, ils n’en ont plus cure. Une tendance que les constructeurs ont bien comprise sans cependant pouvoir encore la contrecarrer. Le monde numérique est passé par là et notamment la téléphonie, aux produits et aux abonnements qui taillent dans le budget du primo-accédant à la consommation. Ce dernier n’épate plus la galerie avec son automobile mais bien par son dernier portable qui lui assure la connexion au monde.
"Autrefois symbole d'émancipation qu'il fallait exhiber pour être dans le coup, la voiture n'est plus un must absolu", reconnaît d’ailleurs Henner Lehne, analyste chez IHS Automotive. "Les jeunes se disent : mon téléphone, je m'en sers tous les jours, mais pourquoi dépenser des sous pour une voiture que j'utiliserai au final très peu ?" Car il y aussi les habitudes qui ont corrodé les relations entre la nouvelle génération et l’automobile. Cette dernière, on aime à présent la partager, comme un réseau, notion bien ancrée dans les mentalités tout aussi aguerries aux transports en commun qui se mettent à la page.
Le curseur sans doute le plus significatif de cet intérêt à présent relatif à la chose automobile nous vient des Etats-Unis. Selon une étude menée dans plusieurs pays par l'Institut de recherche sur les transports de l'université américaine du Michigan, le taux de détention du permis a fortement diminué chez les plus jeunes. Aux Etats-Unis, où l'automobile est pourtant reine, il est passé de 87,3 % en 1983 à 69,5 % en 2010 dans la catégorie des 19 ans. Signe qui ne trompe pas : ce taux est d'autant plus faible que la proportion d'internautes est élevée. "Aujourd'hui vous n'avez plus besoin de votre voiture pour échapper à vos parents et retrouver vos amis, vous pouvez le faire dans votre chambre tout simplement via internet", fait remarquer Hans Greimel, d'Automotive News.
Quelles solutions, dès lors, restent au monde automobile pour ne pas se voir englouti par la lente sédimentation des générations se succédant ? Jouer sur le même registre de la connexion avec les voitures autonomes, développer les concepts d’autopartage et appuyer sur des finitions ludiques qui ramènent souvent à ce confort de salon qu’a exacerbé l’installation du jeu vidéo. Le reste, genre poids-puissance ou mécaniques rutilantes, entre dans la tradition soumise à la sensation d’irréductibles ou de nostalgiques. Pour peu, on parlerait de folklore tandis que les pays émergents aux infrastructures moins abouties restent encore une réserve pour l’automobile. Mais ce temps semble compté.
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