Vous l’aviez découverte dans nos colonnes, la Ferrari 599 GTO est la réponse du berger de Maranello aux bergères de Sant’Agata, de Stuttgart et d’ailleurs. Et accessoirement, elle est également une belle opération commerciale pour Ferrari qui a ressorti pour l’occasion un sigle chargé d’histoire. Des Gran Turismo Omologato, nous en avions connu 2 jusqu’ici. La première est la plus connue, c’est la 250 GTO de 1962 qui fut la voiture la plus chère du monde durant les années folles ayant suivi la mort d’Enzo Ferrari. La 288 GTO de 1984 fut conçue pour la compétition mais n’ayant jamais couru, elle n’a logiquement pas la même aura que son aïeule sauf pour quelques ados des années 80 qui se souviennent des posters de la bête et du regretté Michele Alboreto qui jouait les essayeurs de luxe de cet engin fantasmatique. J’en suis.

Les virées Caradisiac : Ferrari 599 GTO, supercar ou super GT ?

La 599 GTO est donc la troisième GTO de l’histoire mais elle ne connaîtra officiellement jamais la compétition et a été conçue dans un but unique : faire entrer des devises dans les caisses de « la Ferrari ». Dès lors, les puristes ont vite crié au scandale, à l’usurpation d’identité, une auto pareille mérite-t-elle le sigle mythique GTO ?

Pour relier cette auto a un semblant de compétition, il existe la 599XX, laboratoire subventionné par les clients qui a officiellement permis de concevoir cette GTO qui comme son nom l’indique, est homologuée pour la route. La GTO serait donc une « 599XX Stradale », c’est du moins ce que veulent croire les acheteurs. Sur le strict plan des chiffres et du chronomètre, elle est plus la plus puissante et la plus rapide des Ferrari de route, Enzo comprise. Rien que cela pourrait justifier l’appellation même si la remplaçante de l’Enzo, imminente, va probablement faire voler ces références record. Mais peu importe, d’ici là, les 599 exemplaires seront tous vendus et appartiendront alors au passé. Pour continuer d’intéresser une clientèle de plus en plus volage et de moins en moins « historienne » et puriste, il faut entretenir le mythe de façon régulière, marquante et souvent renouvelée. Les temps ont changé et Ferrari ne construit plus des voitures pour courir mais court pour vendre des voitures. Pour revenir à « notre » 599 GTO, si elle n’est pas encore un mythe, elle est en tout cas le buzz du moment … et qu’est ce qu’un mythe, sinon un buzz qui dure ?

Bref, beaucoup de questions, de discussions, de polémiques qui m’étaient absolument étrangères ce matin là. En approchant de notre lieu de rendez-vous, la seule question qui me hantait était très basique et néanmoins symptomatique de notre époque : ça fait quoi de s’asseoir dans 320.000 euros ?