Un plateau exceptionnel
Les forces en présence entre les deux prétendants sont nettement plus équilibrées que l'année précédente. Ford aligne quatre Mk IV pour Gurney - Foyt, McLaren - Donohue, Andretti - L. Bianchi et Hulme - Ruby, secondées par trois Mk IIB pour Schlesser - Ligier, Bucknum - Hawkins et Gardner - McCluskey. Ferrari de son côté engage également sept voitures : trois P4 pour Amon - Vaccarella, Parkes - Scarfiotti et Mairesse - "Beurlys" et trois P3/4 "semi officielles" pour Guichet - Müller, Attwood - Courage et Rodriguez - Baghetti. Derrière les deux grands, Chaparral fait figure d'outsider et de grande attraction avec ses 2 F reconnaissables à leur grand aileron pour P. Hill - Spence et Jennings - Johnson. La tâche sera plus difficile pour les deux Lola T 70 à moteur Aston Martin pour Surtees - Hobbs et Irwin - de Klerk, rapides mais peu fiables et pour les deux Mirage de Ickx - Muir et Piper - Thompson barrées en puissance par leur "petit" moteur Ford 5 litres. Porsche avec deux nouvelles 907 profilées pour Siffert - Herrmann et Mitter - Rindt ainsi que deux 910 pour Stommelen - Neerspach et Schutz - Buzzetta est largement favori en catégorie deux litres face aux deux Matra 630 à moteur BRM de Beltoise - Servoz Gavin et de Jaussaud - Pescarolo, mais aussi en catégorie Sport avec ses deux 906. Comme de coutume, forte présence française dans les petites cylindrées avec pas moins de huit Alpine Renault et deux CD Peugeot. Elles devront faire face à l'habituelle opposition britannique (Lotus, Marcos, Austin Healey, Costin).
La course du lièvre...
Aux essais, Ford donne le ton. Bruce McLaren s'empare de la pole en battant de plus de 6 secondes le record de 1966 et devance de 3/10 de secondes la Chaparral de Phil Hill alors que la première Ferrari, celle de Pakes-Scarfiotti n'est que 7e à plus de quatre secondes. Dès le départ donné devant une foule considérable, la Mk IIB de Hawkins se rue en tête devant la meute compacte des autres Ford. A l'issue des premiers ravitaillements, la Chaparral de Spence s'empare brièvement du commandement, mais les Ford intraitable reprennent vite leur bien. Après deux heures de course, c'est la Mk IV de Gurney-Foyt qui imprime un rythme plus que soutenu en tête alors que les Ferrari moins rapides mais plus sobres gardent le contact. Peu avant 20 heures, Hulme d'abord, puis Andretti portent leur record du tour à plus de 238 km/h de moyenne, ce qui compte tenu du traffic, en dit long sur l'allure infernale à laquelle est menée la course. Ford n'est pourtant à l'abri et l'équipe américaine frise la catastrophe à 3 heures du matin lorsque Andretti, Schlesser et McCluskey sont éliminés dans le même carambolage. Un malheur ne vient jamais seul et c'est maintenant la voiture de McLaren - Donohue qui perd beaucoup de temps sur des ennuis d'embrayage. Les Ferrari ne sont pas épargnées, mais misant sur l'usure des "lièvres", elles attendent leur heure pour porter l'estocade.
Contre toute attente, la Mk IV de Gurney-Foyt ne baisse pas la cadence et tourne comme une horloge et possède cinq tours d'avance sur la P4 de Parkes - Scarfiotti lorsque au petit matin Franco Lini, le directeur sportif de Ferrari décide de sonner la charge, il est déjà trop tard. Parkes reprend bien un tour, mais Scarfiotti en petite forme en perd deux lors de son relais et la remontée de la Ferrari devient vite sans espoir. Gurney-Foyt, toujours aussi sereins, peuvent se permettre de lever le pied, mais ils tournent toujours à plus de 215 km/h de moyenne et franchissent triomphalement la ligne d'arrivée. En prenant la 2e place à quatre tours des vainqueurs, Ferrari est battu mais pas défait et en offrant cette belle résistance, elle valorise la victoire et fait oublier la triste débâcle de 1966.
Au cours de cette édition tous les records sont tombés. Les vainqueurs ont largement dépassé le cap des 5000 km parcourus en 24 heures et même, la Porsche 907 de Siffert-Herrmann, victorieuse en 2 litres a bouclé le parcours à 201 km/h de moyenne !
Des chiffres qui étourdissent et font peur aux officiels et oubliant le fabuleux spectacle, ils vont s'empresser de limiter la cylindrée des prototypes à 3 litres pour la saison suivante. Deux ans plus tard, les records seront à nouveau battus, mais un certain âge d'or des 24 Heures du Mans avait vécu.
24 HEURES DU MANS 1967
CLASSEMENT FINAL
1. Gurney - Foyt (Ford Mk IV)
388 tours soit 5232,900 km à 218,038 km/h
2. Parkes - Scarfiotti (Ferrari P4) à 4 tours
3. Mairesse - "Beurlys" (Ferrari P4) à 11 tours
4. McLaren - Donohue (Ford Mk IV) à 29 tours
5. Siffert - Herrmann (Porsche 907) à 30 tours
6. Stommelen - Neerspach (Porsche 910) à 37 tours
7. Elford - Ben Pon (Porsche 906) à 61 tours
8. Koch - Poirot (Porsche 906) à 67 tours
9. Grandsire - Rosinski (Alpine Renault A 210) à 67 tours
10. De Cortanze - Le Guellec (Alpine Renault A 210) à 70 tours
16 voitures classées, 54 partants
Record du tour : Denis Hulme et Mario Andretti (Ford Mk IV), les 13,461 km en 3'23''6 soit 238,014 km/h
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