15 ans de radars automatiques : le bilan
Le 27 octobre 2003, il y a maintenant 15 ans, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, inaugurait sur la N20 à la Ville-du-Bois dans l’Essonne le premier radar automatique fixe. 15 ans plus tard, sont-ils utiles, efficaces? Caradisiac fait le bilan.
Ce jour d’automne 2003, restera une date noire pour les automobilistes qui ont vu la répression prendre une nouvelle forme avec la mise en place de l’automatisation massive des PV pour excès de vitesse. Alors certes, le temps a passé et nous nous sommes habitués à les croiser sur les bords des routes. Certains d’entre vous ont réagi en faisant l’acquisition d’un Coyote ou en utilisant des GPS communautaires du type Waze, mais les radars automatiques n’en finissent pas de cristalliser la contestation comme nous avons pu le voir récemment avec la mise en place des 80 km/h où beaucoup d’entre eux ont été vandalisés ou détruits.
Même si on peut parfois contester leur utilité ou leur emplacement, une chose est sûre, ils ont contribué à la baisse de la mortalité routière. La peur du gendarme a été remplacée par la peur du radar. La Sécurité Routière annonce qu’ « en 10 ans, entre 2003 et 2012, ils ont permis de sauver 23 000 vies ». Une baisse mécanique car moins les autos roulent vite, moins il y a de morts sur les routes. Cette influence se retrouve également au niveau du nombre de blessés qui a chuté de 7,3 %, selon l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Iffstar). Mais tous les experts sont d’accord pour reconnaître que cet effet commence à s’essouffler, comme en atteste notamment la vitesse moyenne sur les routes françaises qui a tendance à remonter. Ainsi, en 2016, par rapport à 2011, le compteur moyen avait grimpé de 6 km/h sur les autoroutes. Certains experts appellent cela « l’effet saut de kangourou : les automobilistes connaissent l’emplacement des radars sur leur trajet quotidien, parce qu’ils sont signalés sur leur téléphone, beaucoup ralentissent dans la zone de contrôle puis foncent après. »
Pas étonnant donc dans ces conditions que l’État ait décidé de moderniser son arsenal. On a ainsi vu apparaître les radars « doubles faces », les radars de feux rouges, de passages à niveau, puis les dispositifs furtifs dans des voitures banalisées. Et c’est loin d’être fini. Aujourd’hui sont en phase de tests des radars tourelles, notamment sur l’A15. Installés à 4 m de haut, ils sont capables de détecter 32 véhicules en même temps, sur huit voies différentes. Ils peuvent également repérer le non-respect des distances de sécurité, le dépassement par la droite, le défaut de port de la ceinture ou encore l’usage du téléphone au volant.
Au-delà de l'aspect sécuritaire, les radars sont également une manne financière très intéressante pour l’État. En 2017, les recettes pour excès de vitesse se sont élevées à 1,013 milliard d’euros alors que 9 343 729 points étaient perdus. Selon le projet de loi de finances, l’État pense empocher 1,23 milliard d’euros en 2019, soit + 56 % en quatre ans ! Et cela ne prend pas en compte le boom des amendes liés au passage au 80 km/h estimé à 26 millions d’euros. Sans surprise, les dix radars les plus « performants » sont tous situés sur des autoroutes. Le champion toutes catégories se trouve en Haute-Savoie, sur l’autoroute A40, dans le sens Chamonix-Mont-Blanc – Mâcon avec 340 flashs par jour. À l’inverse, le moins actif est sur la D 534 au niveau de Lamastre (Ardèche), il n’a fonctionné qu’une seule fois l’an passé.
Ce premier radar automatique fixe posé il y a 15 ans a clairement marqué le début d’une nouvelle ère. Bonne chose pour certains, liberticide pour d’autres, une chose est sûre, l’automobile a changé depuis cette date.
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