Youngtimers: ces vieilles tellement attirantes...

A la frontière entre les classiques et les dernières productions, les youngtimers ont le vent en poupe à l'heure où le marché moto s'épuise…

Produites entre le début des 80's et la fin des années 90, les youngtimers sont à l'opposé de ces déferlantes technologiques actuelles dont le seul but semble être d'étaler une puissance digne de la NASA tout en grappillant le moindre kilo à la façon d'un magazine féminin de juin vantant les derniers régimes à la mode ou… « comment maigrir tout en prenant du plaisir »… tu parles Charles…

Certes la technologie employée force le respect mais que vaut-elle face à une machine de caractère qui arrive à réaliser le tour de force de préserver votre compte en banque ?

DES MOTOS… PAS UNIQUEMENT DE LA COM'

A grand coup de marketing les marques se disputent un gâteau où la passion semble avoir été oubliée au passage.

Fini le coup de pied au cul déboulant après un trou plus ou moins comparable avec le Grand Canyon, les moteurs actuels se doivent d'être lisses, quitte à perdre leur âme. Je le comprends et abonde dans ce sens si l'idée est de s'engager sur une ligne de départ, mais le concept m'échappe quelque peu au quotidien.

Exit les vibrations, aux oubliettes le plaisir de conduite pour ne laisser que de la performance pure et une conso de chameau. Ces machines d'antan, c'est exactement le contraire… et c'est ce qui fait leur charme.

Vous me direz que le cadre semble sortir tout droit d'une usine Hollywood Chewing Gum ou Airwaves et que de Malabar il n'en a que le titre.

Les freins auraient bien besoin d'une cure de vitamines et le diamètre des fourreaux est plus comparable à un Mikado qu'à une fourche digne de ce nom… je vous l'accorde.

Et alors… Le plaisir est-il obligatoirement question de taille ? Des défauts, elles en ont ces youngtimers mais elles sont surtout riches d'un essentiel que les manufacturiers ont banni de leur cahier des charges... quitte à rendre leurs machines insipides! Aller bosser en RG ou au guidon d'un TDR a une autre saveur qu'en Hornet ou en MP3.

RETOUR DE LA BIDOUILLE ET DU PLAISIR DE CHINER

C'est vrai que l'aide au pilotage sonne ici comme un outrage à ces anciennes divas qui peuvent encore aujourd'hui ouvrir leur cœur, leur(s) piston(s) et leur rampe de carbu' sans avoir besoin d'être certifiée 007 et les gadgets qui vont avec. Ça reposera votre découvert d'autant plus qu'elles sont accessibles ces bougresses.

Avec une côte humaine (à l'exception des stars du genre, qu'elles se nommes Suzuki GSX-R RK, Yamaha OW01, Honda RC30 pour ne citer qu'elles) ces machines se livrent sans concession tout comme leur assurance au tarif tellement doux qu'on aurait presque envie de les assurer deux fois. Finies les motos élitistes, on revient à l'essence même du deux-roues, semble-t-il oubliée depuis fort, fort longtemps.

Et la clientèle ne s'y trompe pas à voir leurs ventes exploser sur le web avec un marché ciblant d'un côté les motos et de l'autre le nécessaire pour les restaurer. Si il est possible de trouver l'objet rare en chinant quelque peu, c'est également avec surprise que l'on retrouve encore certaines pièces disponibles en concession. De quoi leur refaire une beauté et jouer à fond la carte vintage en vogue.

LA CULTURE DU RÉTRO

Après la voiture et les secondes jeunesses des 205, GT Turbo ou Golf première génération, ce phénomène de société touche les équipements, les accessoires et la moto, ça tombe bien c'est notre sujet.

Tandis que Bell ne s'y trompe pas avec son intégral néo-rétro Bullitt, Helston's met à la vente depuis septembre une combarde vintage du plus bel effet et Beringer propose une ligne complète de freins à la technologie actuelle capable de se greffer sur ces mamies.

Pied de nez à leur faiblesse ou possibilité d'avoir ce qu'il y a de mieux dans deux époques si proches et pourtant si éloignées, les machines peuvent s'accessoiriser de ce qui se fait de mieux pour gagner en performance encore une fois pour un cout maitrisé. Le rétro est-il uniquement affaire de quadras en mal de jeunesse ?

UNE CLIENTÈLE DE PLUS EN PLUS LARGE

Si on comprend facilement que ceux nés dans les années 70, bavant dans leur jeunesse devant ces machines au grand cœur, casse leur tirelire pour les retrouver aujourd'hui dans leur garage, comment expliquer que les youngtimers séduisent une clientèle plus jeune ?

Effet de mode… sûrement pour certains, base de travail pour d'autres ou simplement l'envie de rouler différent qui prime, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.

Ces fans ont d'ailleurs leurs magazines, avec en tête le bimestriel Youngtimers Moto avec Michel Bidault dans le rôle du rédac' chef… à découvrir sans faute.

SRC

Moto Légende et autres salons homonymes s'intéressent de plus en plus au phénomène mais un rassemblement sort particulièrement du lot : la SRC ou Sunday Ride Classic. Cette manifestation sudiste (au pied du mythique Ricard) donne rendez-vous, tous les premiers dimanches des mois pairs (février, avril, juin… vous avez compris le concept), aux amoureux du genre qui croiseront au détour d'un palmier une XR85 Turbo, pléthore de RDLC, quelques K1 mais aussi des italiennes façon SS family.

Sur place, vous découvriez des mecs et des gonzesses qui roulent au quotidien avec leurs youngtimers. Ils vous raconteront leur histoire d'amour, leurs galères… leur passion en somme.

Alors si vous êtes dans les parages faites-y un tour et tout particulièrement pour la fiesta d'avril qui mettra en scène sur le 5.8 cinquante cinq équipages pour vous faire revivre la folllliiiiiiiiiie de l'Endurance au Ricard.

Steve Baker sera d'ailleurs de la partie. « J'ai des souvenirs extraordinaires sur la piste du Paul Ricard, notamment lors de l'épreuve des 200 Miles, mais aussi avec la 500 Yamaha d'usine » a confié le numéro 32.