Wiesmann MF5, la drôle de bestiole collée à la route
Avec un gecko comme logo, ce curieux petit lézard qui se colle au mur, les frères Wiesmann ont créé une lignée de petites autos belles comme des anglaises, et fiables comme des Allemandes, dont la MF5 et son V10 BMW de 507 ch.

Ce sont des enfants de la balle. Martin et Friedhelm Wiesmann ont grandi sous le pont du garage familial de Westphalie, dans le nord de l’Allemagne et les deux frères, à la fin de ces années soixante ne rêvent que d’une chose : l’automobile. Mais ils ne veulent pas les réparer, comme papa, mais les fabriquer.
Mais ils vont continuer de rêver longtemps dans leur coin de Rhénanie, jusqu’à leurs 30 ans ou presque, une fois leurs études d’ingénieurs en poche, et une fois s’être fait la main dans la concession Wiesmann paternel.
L'appel de TVR
Pour sortir de sa zone de confort, il faut un déclencheur. Il se produit en 1985, au salon de l’auto d’Essen. Ils tombent en arrêt devant le stand TVR, et ses autos, plus artisanales qu’industrielles. Telle sera leur voie et leur vie : la conception, et la fabrication d’une auto assemblée à la main et qui mêle le charme anglais à la puissance, et à la robustesse allemande.
Ils se lancent immédiatement. Pour le nom de l’entreprise et des autos, leur patronyme fera l’affaire. Il n’y a guère que pour le logo que les deux frères s’offrent une fantaisie : un gecko, cette drôle de bestiole proche du lézard dont les pattes ventouses se collent au mur. Leurs voitures, elles, se colleront à la route.
Trois ans plus tard, un premier prototype Wiesmann sort des ateliers de la banlieue de Dülmen, toujours en Rhénanie du Nord Westphalie. Sa ligne est proche du rêve des deux frères, celles d'un mélange de TVR et de Jaguar, et si elle va évoluer dans les détails, son dessin, certes intemporel, ne va plus bouger pendant les deux décennies suivantes.

Les deux frères qui n’ont pas les moyens de concevoir un moteur se tournent vers BMW. Pour une fois, les Saxons et les Bavarois vont tomber d’accord. Le Munichois accepte de fournir ses blocs et mieux : en attendant que Wiesmann puisse voler de ses propres ailes, il fabriquera, en sous-traitance, les hard-tops des cabriolets BM.
En 1993, ils sont au point et lancent simultanément deux modèles au design similaire. Les différences sont sous le capot. La MF 25 reprend le 6 en ligne bavarois de 2.5 l, d’où son nom, de 170 ch que l’on retrouve sur la Série 3 E30. La seconde est tout aussi logiquement baptisée MF 35, puisqu’elle reprend le 3,5 l de 211 ch issu de la Série 7 E 32.
C’est un doux euphémisme de qualifier les débuts de Wiesmann de « difficiles ». la première année, seules 4 autos quittent l’atelier de Dülmen et heureusement que les hard-tops bavarois permettent de faire tourner la boutique.
Mais petit à petit, l’acharnement des deux frères va payer, leur méticulosité d’artisans commence à se savoir. Et les moteurs BMW évoluant, ils en profitent également. Entre la première voiture fabriquée à Dülmen, et la dernière de cette première série en 2012, ils en assembleront et en vendront 900.

Mais en parallèle, ils rêvent de mieux et de plus puissant, sans pour autant faire trop évoluer la ligne de leurs autos. En 2008, ils passent la vitesse supérieure et proposent du très lourd au salon de Genève : la MF5.
La ligne empruntée aux Anglais est toujours reconnaissable. Mais les voies sont élargies, des entrées d’air strient la carrosserie qui accueille carrément l’énorme V10 BM, celui que l’on retrouve sous le capot des M5 et M6. Au menu : 507 ch, 650 Nm de couple et plus de 300 km / h de pointe.
Surtout, c’est le tarif qui étonne les visiteurs du salon suisse : 178 000 euros en version coupé. C’est cher, mais étant donné la cavalerie et l’exclusivité de l’affaire, c’est presque donné. Cette MF5 évoluera encore, en adoptant, en 2010, le V8 biturbo des X5 et X6.
Une supercar discount
L’affaire est un succès, mais un succès très relatif : 200 exemplaires de cette supercar à prix discount sont vendus. C’est bien, mais trop peu pour assurer la survie de l’affaire. Alors, en 2012, les deux frères vendent leur marque, et leur nom, un peu plus de vingt ans après leurs débuts. Les repreneurs se succèdent et les faillites aussi. De reprises en reprises, de nouveaux projets sont relancés et jamais vraiment aboutis, jusqu’à une hypothétique électrique, loin du rêve des frères Wiesmann d’une auto anglaise assemblée avec une minutie toute allemande.
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