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Une voiture électrique d'occasion : le vrai bon plan ?

Dans Guide fiabilité / Actu occasion

Manuel Cailliot

Elles sont chères, très chères en neuf, malgré les aides à l'achat. On peut alors espérer faire de meilleures affaires sur le marché de l'occasion. Mais est-ce le cas sur le terrain ? Et qu'en est-il niveau fiabilité, coûts à l'usage ? En somme, acheter une voiture électrique en occasion est-il un bon plan ? Caradisiac répond à cette question, qui va se poser de plus en plus...

Une voiture électrique d'occasion : le vrai bon plan ?

Pendant longtemps, le marché du véhicule électrique (VE) s'est cantonné à quelques pouillèmes de %. Mais ça, c'était avant. Depuis quelques années, les VE sont en plein boom, et depuis le début de l'année, 16 % des voitures neuves vendues chez nous sont 100 % électriques.

Sur le marché de la seconde main, bien sûr, on n'en est pas là. Il a forcément, et logiquement, quelques années de retard sur le marché du neuf. Mais, on observe tout de même une nette tendance à l'augmentation des transactions de VE de seconde main. En 2022, le marché du VE électrique à progressé de plus de 22 % par rapport à 2021. Et il est évident que la progression va s'accélérer dans les prochaines années, par effet tout simplement mécanique : les premiers propriétaires vont se séparer de leur auto, et les loueurs longue durée vont mettre sur le marché les retours de leasing.

Dans les conversations, en famille, au travail, on ne peut aussi que constater que tout le monde veulent se renseigner sur ces nouveaux véhicules. Les questions sont nombreuses, sur l'autonomie, la recharge, les usages, les prises, les bornes. Est-ce qu'il faut basculer à l'électrique. Et ces questions sont les mêmes pour les acheteurs en seconde main, avec en plus des inquiétudes sur le vieillissement des batteries, sur la fiabilité globale, sur les cotes, sur les aides.

 

Le marché de l'occasion électrique émerge timidement

Nous l'avons évoqué, qui dit marché du neuf qui prend de l'importance, dit aussi marché de la seconde main qui apparaît, et se développe. Encore timidement certes, mais cela va immanquablement décoller dans les années à venir.

Les premiers modèles commercialisés avec des volumes "visibles" arrivent en effet au terme de leur "première vie". Renault Zoé 1 et 2, Nissan Leaf 1 et 2, ou Tesla Model 3 et Model Y ont maintenant quelques années et kilomètres au compteur. Egalement déjà, les Peugeot e-208, e-2008 et Opel Corsa-e font aussi leur apparition sur le marché de l'occasion.

Chez Spoticar, le label occasion de Stellantis, un bilan de l'état de santé de la batterie est fourni à tout acheteur d'une occasion électrique.
Chez Spoticar, le label occasion de Stellantis, un bilan de l'état de santé de la batterie est fourni à tout acheteur d'une occasion électrique.

Chez Renault, un label spécifique est dédié aux occasions électrique, baptisé "renew électrique".

Chez Stellantis, le label occasion Spoticar qui couvre Peugeot, Citroën, Opel, Fiat, Jeep, et Abarth, s'adapte aux électrique en proposant l'installation d'une borne de recharge à domicile par un installateur agréé, mais aussi la remise d'un certificat de santé de la batterie à chaque acheteur. Une bonne chose.

Les Tesla bénéficient du reliquat de garantie constructeur sur le moteur et la batterie, et de 4 ans ou 2 ans de garantie selon leur âge au moment de la vente en occasion.

Et ceci est déclinable chez les autres constructeurs qui proposent des modèles électriques.

 

Un volume d'annonces en hausse constante

Une voiture électrique d'occasion : le vrai bon plan ?

Pour donner un ordre d'idée, il y a en ce moment même sur La Centrale un peu plus  de 15 600 annonces de voitures électriques, c'était moins de 10 500 il y a 2 ans, moins de 7 000 il y a 3 ans. Sur le bon coin, c'est 22 700 annonces VE à date, contre 14 000 annonces il y a 2 ans. Encore une fois cela peut paraître peu (5 % des annonces totales sur la Centrale, 3,2 % sur le bon coin), comparé aux autres carburant, mais ça progresse vite (c'était 1,9 % il y a 2 ans). Je ne peux pas donner de chiffres exacts, mais j'ai souvenir d'avoir fait une recherche sur les VE il y a environ 5 ans, et on était à 900 annonces sur La Centrale.

Le marché s'étoffe donc rapidement.

Mais l'électrique, ce n'est pas le thermique. Et le marché de la seconde main pour ces véhicules est forcément différent. Les décotes ne sont pas les mêmes, les points à vérifier lors d'un achat d'occasion sont spécifiques, l'offre de modèles, encore atypique. Alors est-ce un bon plan ?Financièrement, d'abord, mais aussi sur les aspects de la longévité, de la fiabilité…

 


La décote : lièvre ou tortue ?

Une voiture, sauf exception, ça décote… Et pas qu'un peu. En règle générale, les véhicules de marque généraliste perdent 25 % de leur valeur la première année, 18 % la deuxième, 15 % la troisième et 12 % la quatrième (puis ensuite 10 % tous les ans). Le marché de l'occasion étant un peu fou en ce moment, ces chiffres ne sont plus en ce moment d'actualité, mais c'est conjoncturel. On observe plutôt aujourd'hui 15 à 20 % la première année, 15 % la deuxième, 12 % la troisième, etc.

Les électriques décotent peu. Cette Tesla Model 3 de 4 et déjà128 000 km n'a perdu qu'un quart de sa valeur. C'est très peu.
Les électriques décotent peu. Cette Tesla Model 3 de 4 et déjà128 000 km n'a perdu qu'un quart de sa valeur. C'est très peu.

Est-ce que cette règle s'applique aux VE ? Eh bien, globalement : non. Dans la grande majorité des cas, ils décotent moins vite. En fait, ils décotent très vite au début, puisque les prix en occasion répercutent les aides à l'achat (en grande partie et sauf exception). Donc les prix des occasions récentes font apparaître une décote rapide par rapport au prix neuf, mais c'est logique et normal.

Ensuite, les décotes sont plus lentes. En gros, si l'on calcule la décote à partir du prix de vente "bonus déduit", les VE perdent lentement leur valeur, sauf exception.

Concrètement, qu'observons-nous sur le marché ? L'étude des annonces publiées sur les sites spécialisés est instructive.

Ainsi, une Renault Zoé, de 2019, qui devrait décoter en moyenne de 47 % pour 4 années, et qui se vendait (bonus déduit) entre 27 500 € et 34 600 € en achat intégral avec batterie, devrait se trouver aux environ de 14 600 € à 18 300 €. Si c'est bien ce qui est observé pour les autos les moins chères, les "meilleures offres" comme nous les appelons, la moyenne des prix est bien plus élevée ! Les Zoé de 2019 en achat intégral se trouvent surtout entre 17 000 et 24 000 €, soit une décote moyenne de 31 % à 39 %.

Nous prendrons la Model 3 en autre exemple. Les modèles 2019 se vendent en moyenne entre 29 000 € et 50 000 € (version Performance), quand leur prix aide déduite était compris entre 37 000 et 66 000 €. Là encore la décote est très faible (- 26 % à - 29 %). Les prix devraient tourner plutôt entre de 20 000 € et 35 000 €.

Et les exemples se répètent. Le pire c'est chez Tesla, avec des voitures qui gardent une cote d'enfer ! Mais avec les autres marques, c'est pareil. Bien sûr, ces prix élevés s'expliquent "aussi" par les faibles kilométrages parcourus par les modèles en vente. mais la tendance est là. Le VE n'est pas abordable en occasion. Il est plutôt cher. Et plus onéreux en moyenne que les thermiques.

 


Les VE éligibles à un bonus et à la prime à la conversion

Les prix en occasion sont chers. Oui, mais...

Mais depuis le 3 août 2020, les VE d'occasion sont éligibles à la prime à la conversion, qui peut monter jusqu'à 6 000 €. Une aubaine, pour ceux qui ont un vieux véhicule à mener à la casse. Il faut toutefois remplir certaines conditions, dont un revenu fiscal de référence par part inférieur ou égal à 22 993 €.

Une voiture électrique d'occasion : le vrai bon plan ?

Le véhicule mis au rebut doit être un modèle diesel d'avant le 1er janvier 2011, et d'avant le premier janvier 2006 pour un essence. Il doit avoir été immatriculé à votre nom pendant 1 an. 

Si vous remplissez ces conditions (et quelques autres, pour une information complète, cliquez ici), le montant de la prime est de 2 500 €. Ce montant est porté à 6 000 € si votre Revenu Fiscal de Référence par Part est inférieur ou égal à 6 358 €, ou si vous parcourez plus de 30 km pour vous rendre sur votre lieu de travail, ou si vous parcourez plus de 12 000 km par an pour raisons professionnelles et que votre revenu fiscal de référence est inférieur ou égal à 14 089 €.

Cette prime devrait perdurer encore quelques années.

Mais il y a aussi depuis le 8 décembre 2020 un bonus à l'achat d'un VE d'occasion. Son montant est de 1 000 € et il est attribué sans conditions de revenus. Le VE acheté doit lui respecter certains critères, que vous retrouverez également ici.

Cela peut permettre de faire baisser le prix des modèles en vente. Mais si on n'a pas de vieux véhicule à faire détruire, ça ne permet pas de rendre un achat directement rentable face à un thermique.

 


La fiabilité : bonne ou mauvaise ? Que vérifier ?

Globalement, et sauf exception ou soucis bien identifiés, la fiabilité des voitures électriques est aujourd'hui excellente. Et ce n'est pas une surprise. Comment connaître plus de soucis qu'avec des voitures thermiques, en ayant un moteur électrique, dont les industriels ont fiabilisé le fonctionnement il y a des siècles ? Et avec bien moins de pièces en mouvement ? Sans turbo, sans injecteurs, sans embrayage, sans boîte de vitesses, sans système de lubrification, sans système de dépollution (oui, la liste est longue...), il est logique que les aléas soient plus rares.

Un souci de batterie hors garantie sera le seul événement pouvant mettre à mal l'intérêt économique d'un VE.
Un souci de batterie hors garantie sera le seul événement pouvant mettre à mal l'intérêt économique d'un VE.

Les batteries sont le seul point faible, ainsi que leur électronique de contrôle. Mais d'après les retours que nous avons à la rédaction, et les témoignages de propriétaires sur le web, les soucis (qui existent, il faut le reconnaître), sont rares. Et la longévité des batteries, finalement moins problématique que ce que l'on aurait pu craindre. Les Tesla sont particulièrement douées dans ce domaine, avec des exemplaires qui ont atteint ou dépassé les 300 000 km largement. Et même certaines Leaf ou Zoé affichent des kilométrages respectables, sans souci majeur et en ayant perdu "normalement" leur capacité initiale.

 


Que vérifier ?

L'achat d'un véhicule électrique d'occasion va répondre à une mécanique légèrement différente que pour un véhicule thermique.

Pour commencer, tout ce qui n'a pas trait au moteur doit bénéficier des mêmes vérifications à l'achat que pour un véhicule thermique.

Mais bien sûr, la motorisation électrique, les batteries et leur système de recharge doivent faire l'objet de vérifications spécifiques.

Tout d'abord, la pièce maîtresse, la batterie. Elle perd automatiquement de la capacité avec le temps. Et donc l'autonomie se réduit d'autant. Tous les ateliers des différentes marques sont capables, lors d'un passage à la "valise", de vous dire quel est l'état de santé de la batterie. Certains modèles l'affichent même au tableau de bord (Leaf) sous forme de barres.

Pour les modèles avec location de batterie, tout souci sera pris en charge par la marque, c'est une tranquillité. Pour les autres, attention, hors période de garantie (elles sont longues sur les batteries, en moyenne 8 ans et 160 000 km), le coût de remplacement sera très élevé (de 9 000 € à plus de 20 000 €).

Mais de fait, les propriétaires qui ont dû faire remplacer leur batterie pour dysfonctionnement ou perte de charge trop importante se comptent sur les doigts de la main. La technologie est manifestement maîtrisée.

Autres points à vérifier, les prises et câbles de recharge. Ils ne doivent pas être abîmés. Ce serait source de souci vu l'intensité du courant qui y passe, surtout sur les bornes de recharge rapide. Donc les prises (sur le véhicule et au niveau des câbles) doivent être vierges de toute entaille, coupure, traces de torsion et évidemment non dénudés. Et cela concerne TOUS les câbles quand il y en a plusieurs types.

Pour finir, côté moteur, normalement aucun souci, puisque ces éléments électriques sont d'une fiabilité sans faille, et peuvent tourner pendant des centaines de milliers de kilomètres sans usure ou presque.

 

Un avantage sur l'entretien et le coût à l'usage

Une voiture électrique d'occasion : le vrai bon plan ?


Notons ici un dernier avantage, financier, de la voiture électrique : son entretien. Il est réduit (pas de vidange, pas de courroies) et les consommables s'usent moins vite (plaquettes, disques) grâce à la récupération d'énergie au freinage, qui les économise.

Les constructeurs communiquent tous sur cet avantage, et certains le chiffrent, entre 20 et 35 % d'économie sur l'entretien courant.

Peugeot chiffre les économies à l'usage, et c'est presque 27 % de gagné la première année entre un 2008 thermique et un e-2008.
Peugeot chiffre les économies à l'usage, et c'est presque 27 % de gagné la première année entre un 2008 thermique et un e-2008.

Et bien sûr, impossible de passer sous silence l'avantage quand on fait le plein. Un VE d'occasion, comme un VE neuf, bénéficie du prix encore bas de l'électricité. Et le coût aux 100 kilomètres est divisé par trois ou quatre, selon le modèle, entre le VE et son équivalent thermique. Soit grosso modo, pour vous donner un ordre de grandeur, un passage de 12 € pour 100 km à entre 3 et 4 €.

Il n'y a que sur les bornes de recharge rapides, type superchargeurs Tesla, Ionity, Fastened, que l'on utilise seulement lors des grands trajets (week-end, départs en vacances), que le coût du plein peut égaler, voire excéder celui d'un plein d'essence pour parcourir le même nombre de kilomètres. Mais selon Enedis, 89 % des utilisateurs font leur recharge à domicile.

Le bilan financier à l'utilisation est donc largement positif, entre le coût kilométrique de l'électricité qui est imbattable, et les révisions économiques. Cela contrebalance le prix d'achat, nous l'avons vu, élevé en occasion.

 


LE BILAN

Acheter une électrique d'occasion, un bon plan... ou pas ? Pour répondre à la question du titre, il faut tenir compte de tous les aspects ici étudiés.

Oui, l'utilisation d'une électrique est économique, voire très économique si l'on roule beaucoup avec. Faire le plein d'électrons est bien moins coûteux aujourd'hui que de faire celui de carburant fossile. Oui, la fiabilité est globalement très bonne, ce qui évite des frais de réparation que l'on peut subir avec les thermiques. Oui l'entretien est moins onéreux, et il y a moins de pièces d'usure à remplacer.

Par contre, les tarifs, sauf exception, sont encore plus stratosphériques que ceux des thermiques en ce moment. Et c'est là que le bémol sur le terme "bon plan" se trouve... Car payer son électrique d'occasion 3 000 € ou 4 000 € plus cher qu'une thermique équivalente, cela peut remettre en cause d'office la rentabilité de l'achat. Sauf si vous pouvez bénéficier de la prime à la conversion, qui permet de retrouver des prix équivalents aux voitures thermiques. Tout le monde n'est pas dans ce cas, mais pour ceux qui le sont, c'est une aubaine. Le risque est par contre que les vendeurs vendent encore plus cher un VE...

De même, le moindre souci de batterie de traction hors garantie, et c'est un nauffrage financier qui se profile. Cela reste très rare, heureusement.

RDV dans quelques années encore en tout cas, pour voir ce qu'il en est de ce marché naissant appelé à croître encore.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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