The Best Spot : La Corse
Depuis que je suis motard, je ne cesse d'entendre parler de la découverte de l'île de Beauté à moto. La Corse, ce lieu qui semble contenir tous les trésors, des plages aux montagnes, les gens ont l'habitude d'en revenir en disant qu'ils ne voulaient plus partir... Bref, il était grand temps que j'aille me faire ma propre opinion et ce long week-end de quatre jours en était l'occasion rêvée.
Les billets sont réservés, nous partirons donc mercredi soir de Toulon. La Corse a vraiment bonne réputation auprès des motards car nous sommes loin d'être les seuls à avoir planifié ce week-end. Pas moins d'une centaine de motos nous entourent dans l'attente de l'ouverture des portes. Nous sommes à bord et le ferry voguera la nuit durant pour regagner Bastia au petit matin. La nuit fut courte mais peu importe, nous arrivons à bon port, et dès que nos pas foulent le sol Corse, le choc est instantané. Habitant la Côte d'Azur, j'aurais pu penser être blasé de ce genre de paysage méditerranéen mais ici, c'est différent. Difficile à décrire, c'est tout simplement magnifique. Un côté naturel, sauvage, paisible donne son charme à cette ville du nord-est de la Corse. Une petite visite s'impose et il faut vraiment être difficile pour ne pas être comblé par tant de grâce. Et le voyage ne fait que commencer !
Le SV redémarre et l'on commence à suivre la route qui traverse la Corse du Nors-Est au Sud-Ouest. Cette petite île de 8600 km2 est recouverte aux deux tiers d'une forêt magnifique, très verdoyante à cette période de l'année, et donne aux reliefs une robe d'émeraude. J'avais été prévenu des dangers des routes Corse, où l'on n'est pas à l'abri de croiser la route d'une vache ou d'un sanglier, mais personnellement, le plus gros danger était de perdre sa concentration en se laissant envoûter par ces paysages enivrants.
Allez allez, on regarde la route maintenant, et quelle route ! Le bitume est en parfait état, bien lisse et accrocheur. On dit des Corses qu'ils sont fainéants, c'est faux. Leurs géomètres en sont l'illustration. Pas d'autoroute, pas de tunnel pour des routes rectilignes, ils ont préféré étudier les meilleures courbes pour préserver la nature, et ce n'est pas pour nous déplaire.
La moto use avec extase chacun des côtés des pneus, alternativement le droit puis le gauche, et ainsi de suite, encore et encore. C'est tout simplement génial. Et les autres motards ont l'air d'apprécier aussi, salués avec des V de la main, la mentalité solidaire qui définit ce groupe est ici à son apogée. On peut même lire leur large sourire qu'ils cachent sous leur casque.
Le poids des sacs nous incite à faire une pause à Corte, situé en plein centre de l'île. Un petit rafraîchissement et nous reprenons les routes sinueuses pour arriver à Ajaccio. Voici la vue que nous avons découvert quand nous avons relevé le volet coulissant :
Est-ce utile de dire qu'Ajaccio est une ville magnifique ? Quand on voit la couleur de l'eau qui berce les bateaux du port, nul besoin de sirène pour avoir envie d'y plonger. Elle est turquoise, limpide, emplie d'une foule de très jolis poissons qui se prélassent entre les voiliers. Je n'ai jamais vu un tel spectacle.
Une petite balade en bateau nous emmènera sur les Iles Sanguinaires, leur nom provient de la couleur que leur offre le soleil quand il vient se coucher dans les draps tièdes de la méditerranée. Là encore, les paysages sont saisissants. Je vous laisse seul juge...
Remis tant bien que mal de ces émotions qui nous perchent sur un nuage, tout la haut dans le ciel, nous reprenons la route le sourire aux lèvres pour descendre vers Bonifacio. Un œil sur les panneaux qui indiquent que 132 km séparent les deux villes. Dans mon esprit de "pinsut" (appellation locale qualifiant ceux du continent), je me dis qu'en roulant correctement, on serait là bas dans 2h. Quelle naïveté... 132 km de virages serrés, ça prend du temps ! Mais alors quel pied ! Nous traversons à nouveau les reliefs Corse en plein cœur de cette forêt variée, d'un vert éclatant, qui nous souffle ses parfums juste sous la visière. Hmmmmm...
De l'ascension d'un col où l'on peut presque toucher la neige, nous redescendons vers la rivière qui coule calmement dans la vallée où la température de saison est à 30°C à l'ombre...
Les pauses sont d'autant plus fréquentes que l'envie d'immortaliser ces paysages est intenable. L'envie égoïste de capturer tout ce que l'on peut admirer est trop forte, les gens ne nous croiront pas quand nous leur raconterons, il nous faut des preuves ! Le seul fait de revoir ce panache de couleurs, cette nature si sublime me donne envie d'y retourner.
La route n'en fait toujours qu'à sa tête et continue à nous emmener à droite puis à gauche, en montant puis en descendant. Elle borde les falaises, repart vers les terres, escalade une colline, nous offre un panorama splendide avant de replonger dans la vallée. Un véritable serpent d'une taille démesurée que l'on parcourt sans jamais en voir la tête.
Peu importe nos impressions, tout est faussé. Les virages s'enchaînent et l'odomètre ne semble pas refléter la réalité de la distance parcourue, comme si lui aussi avait décidé de prendre quelques vacances et de profiter de la vue.
Après 3 heures de route, nous arrivons enfin à Bonifacio. Son port nous accueille et précède la citadelle juchée sur les falaises du sud de la Corse.
Nous la visiterons plus tard, nous avons bien mérité de nous détendre un moment sur une des plages désertiques à quelques minutes de la ville.
Une fois reposés, nous remontons la colline pour apprécier la vue de la citadelle de Bonifacio. Elle statue au bord des falaises de calcaire blanc, sculptées minutieusement par le vent marin et ses embruns...
...
Que l'on tourne la tête à gauche ou à droite, on ne peut que contempler le spectacle.
La pointe sud de la Corse, au-delà, seul l'horizon vient s'installer entre le ciel et la mer.
La Méditerranée, jalouse de l'île, en arrache des blocs pour les ramener à elle. C'est cruel mais on la comprend...
On pourrait y rester des jours encore mais il est l'heure de rebrousser chemin. Ce sera par la même route mais les couleurs de la fin de journée donnent l'impression de découvrir d'autres paysages.
Nous avons l'impression d'être arrivés hier et le séjour touche déjà à sa fin. Le ferry arrive dans le port d'Ajaccio et marque la fin du séjour. Tous les motards, les yeux pétillants de leur séjour, viennent attendre l'heure fatidique du départ.
Et voilà que le bateau s'éloigne, nous offrant une dernière vue de la cité impériale...
Si vous n'avez pas eu l'occasion de poser vos pneus sur l'île de Beauté, je ne saurais que trop vous le conseiller. Il suffit de se demander tout ce qu'aime un motard : des belles routes sinueuses, des grandes courbes rapides, des montées de col, au milieu de la forêt, près de la plage... Prenez tout ces rêves, mélangez bien, et vous obtenez la Corse. Peter Jackson n'avait pas besoin d'aller jusqu'en Nouvelle Zélande pour tourner ses films, il disposait de paysages tout aussi époustouflants sur une île au sud de la France. Peut être que ce lieu semblait si paradisiaque car je l'ai découvert en dehors de la lourde période estivale... mais je persiste à penser que même la foule ne peut gâcher un tel bonheur. Merci aux corses pour leur accueil et pour avoir aussi bien préservé leur île, merci à ma passagère qui a privilégié le contact avec la nature qu'offre la moto au confort d'une boîte à roues, et surtout merci à Barbara...
Photos (18)
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération