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Terrorisme : la fin du rêve automobile ?

Dans Economie / Politique / Social

Jean Savary

Plus besoin d'une Kalachnikov ou d'explosifs pour tuer et mutiler aveuglément : une simple voiture lancée dans la foule fait autant de dégâts. Un changement radical qui aura bien des conséquences sur nos sociétés.

Terrorisme : la fin du rêve automobile ?

Il y a bien longtemps, pour illustrer un article sur la sécurité routière, j'écrivais qu'une voiture lancée à vitesse légale sur route avait une puissance de destruction équivalente à un obus de canon de 75. Le rédacteur en chef de l'époque avait censuré la métaphore, jugée quelque peu excessive : on ne peut pas écrire une chose pareille dans un magazine automobile, c'est culpabiliser le lecteur, un véhicule n'est pas une arme…

Comment empêcher les écraseurs d'écraser ?

Terrorisme : la fin du rêve automobile ?

Qui aurait prophétisé qu'un jour elle deviendrait celle des terroristes, un substitut facilement disponible du fusil d'assaut ou de la ceinture d'explosifs ?

Ce qui est terrifiant dans les derniers attentats, ce qui prend nos sociétés totalement au dépourvu, c'est la simplicité du modus operandi et la banalité de l'objet transformé en "arme par destination".

On avait déjà vu des truands ou des chauffards foncer volontairement sur des policiers ou gendarmes pour franchir un barrage, mais jamais personne n'avait imaginé que des illuminés transformeraient une voiture en bombe "humaine" pour massacrer sur les trottoirs.

Face à ce fait nouveau, nous sommes totalement impuissants. On peut pister et démanteler des réseaux qui stockent des armes, reçoivent des fonds, bricolent des explosifs, repèrent des cibles, organisent des attentats. Mais on ne peut rien faire contre celui qui a décidé de foncer dans la foule, car cela ne requiert ni logistique, ni complices, ni préparation, parce que l'arme est partout à portée de main, les cibles omniprésentes et qu'entre la décision et le passage à l'acte, il peut se passer moins d'une seconde.

On pourra border nos trottoirs et nos places de barrières anti-stationnement, encercler la moindre manifestation publique de blocs de béton, on n'empêchera pas pour autant les écraseurs d'écraser.

Nous sommes désormais tous à leur merci et la défaite militaire de Daech en Syrie et en Irak n'y changera rien. Le champ de bataille est désormais dans nos villes.

Ce qui est étonnant, c'est que cela va de pair avec une tendance récente des statistiques de la Sécurité routière : moins d'automobilistes et de motards tués, mais plus de piétons et de cyclistes. On les a jadis qualifiés "usagers vulnérables" sans savoir à quel point ils le seraient un jour.

Terrorisme : la fin du rêve automobile ?

J'y repensais un soir d'été en repassant devant cette vénérable affiche de la Prévention routière que l'on nous ressort tous les mois d'août depuis des lustres quand il n'y a rien d'autre à mettre sur les panneaux publicitaires.

Incroyable comme cette illustration est désormais à contretemps, à quel point elle semble dater. Aujourd'hui, les œufs traversent dans les clous ou baguenaudent aux terrasses.

La voiture autonome rendue plus désirable

C'est peut-être la fin du rêve automobile que signe cette nouvelle forme d'attentat, promise pour durer aussi longtemps que durera le terrorisme. La voiture que l'on dirige, que l'on maîtrise aura été l'instrument le plus parfait de la liberté d'aller et venir et, par sa dangerosité intrinsèque, une de nos plus belles illustrations du libre arbitre.

Elle devient instrument de mort au moment où doit s'opérer son évolution la plus radicale depuis son origine : son autonomisation.

On est un peu vite passés sur le fait que l'attentat au camion sur le marché de Noël à Berlin l'an passé n'a fait "que" 12 morts alors qu'à Nice, un camion plus petit avait tué 86 personnes. Même si cela n'a pas encore été établi formellement, ce serait le système de freinage automatique anti-collision du Scania qui aurait freiné son élan. En clair, la machine a empêché l'homme de tuer davantage.

Cela me rappelle une discussion avec un ingénieur. Je venais d'essayer sur piste (et sur mannequin) le système de freinage automatique d'un nouveau modèle et je m'étonnais que le simple fait de toucher l'embrayage, ou de freiner légèrement désactive le système : la voiture ne s'arrêtait plus et percutait le mannequin. On m'avait expliqué que ce choix technique résultait de la nécessité de laisser le conducteur maître de son véhicule en toutes circonstances. L'essai avait lieu à Barcelone, là où le 17 août dernier, une camionnette fonçait dans la foule.

Etre "maître de son véhicule", c'est ce à quoi ont aspiré depuis plus d'un siècle des générations de conducteurs. Et c'est ce qui fait peur désormais, ce qu'il faudra empêcher par la technologie.

Le terrorisme n'accélérera sans doute pas l'avènement de la voiture autonome, mais il la rendra plus désirable. Et avec elle disparaîtra une de nos libertés les plus triviales, mais aussi une des plus essentielles, celle de disposer de nos vies.

 

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