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Sécurité routière: le point sur les mesures prévues en 2018 (vidéo)

Dans Pratique / Sécurité

Pierre-Olivier Marie

Plusieurs dispositions ont été annoncées à l’issue de la réunion du Comité interministériel de sécurité routière, organisée le mardi 9 janvier à Matignon. Caradisiac revient de façon plus détaillée sur celles qui nous attendent en 2018.

Sécurité routière: le point sur les mesures prévues en 2018 (vidéo)
Sécurité routière: le point sur les mesures prévues en 2018 (vidéo)

Sécurité routière: le point sur les mesures prévues en 2018 (vidéo)

 

« Chaque année, 3 500 personnes meurent dans un accident de la route. Permettez au Normand que je suis de l’illustrer : 3 500 personnes qui meurent dans un accident de la route, c’est l’équivalent d’une ville comme Cabourg ou Forges-les-Eaux qui serait rayée de la carte en une année. Pour la seule période des fêtes dont nous sortons, sur une dizaine de jours, c’est 105 personnes qui ont perdu la vie sur les routes de France. (...)

A ces accidents mortels viennent s'ajouter les personnes blessées : 72 000 chaque année. 72 000, c'est l’équivalent de la ville de La Rochelle chaque année, ou le stade Vélodrome. Sur ces 72 000 blessés, c'est près de 25 000 blessés graves qui subiront tout le reste de leur vie dans leur chair, les séquelles, le handicap. »

Avec un tel incipit, le discours prononcé mardi 9 janvier par Edouard Philippe pour présenter les derniers travaux du Comité interministériel de sécurité routière ne pouvait contenir que des mesures-chocs. Le Premier ministre aura finalement manié la carotte (un peu) en même temps que le bâton (beaucoup), fidèle au précepte macronien du « En même temps… ».

Commençons par les sujets qui fâchent. A partir du 1 juillet 2018, les voies bidirectionnelles sans séparateur central seront donc limitées à 80 km/h. Cette mesure, la plus spectaculaire des 18 annoncées par les pouvoirs publics, concerne près de 400 000 km de chaussée (où se produisent près de la moitié des accidents mortels chaque année) et est censée préserver 350 à 400 vies par an, « soit une vie par jour », détaille le chef du gouvernement. Rendez-vous est d’ores et déjà donné le 1er juillet 2020 pour jauger des effets concrets et chiffrés de cette limitation, même si les probabilités que les autorités annulent celle-ci en cas de non-progrès restent proches du néant.

Dans les premiers mois de l’année sera mise en ligne une carte des radars automatiques sur le site Internet de la sécurité routière. Les autorités assurent que celle-ci fera le lien avec l’accidentalité et les recettes générées, sujet sensible s’il en est pour des automobilistes qui peinent souvent à percevoir les radars autrement que comme des « pompes à fric ».

Plus consensuelles seront les mesures prises pour lutter contre l’alcool et les stupéfiants au volant. Les opérateurs d'applications communautaires type Waze seront ainsi ponctuellement appelé à ne plus « faire redescendre » à leurs utilisateurs la présence de forces de l’ordre opérant des contrôles d’alcoolémie et/ou l’usage de stupéfiants. « C'est un dispositif technique qui pourra également servir pour la lutte contre la criminalité ; il est en cours d'élaboration avec les forces de l'ordre et les opérateurs privés concernés », précise Matignon.

A partir de 2019, il est également question de mettre en fourrière le véhicule d’un conducteur conduisant sous l’emprise de stupéfiants ou au-delà du seuil d'alcoolémie délictuel de 0,8 g/l. Seront également concernés les conducteurs roulant sans permis (600 000 personnes selon les pouvoirs publics). Etrangement, ceux qui circulent sans assurance (dont font de fait partie les conducteurs sans permis) échapperaient à cette sanction.

Toujours en matière d’alcool, notons l’abolition prochaine de l’obligation de détention un éthylotest dans son véhicule, la mesure n’ayant pas fait la preuve de son efficacité. A la place, serait généralisé un système d’éthylotest anti-démarrage, obligatoire en cas de récidive de conduite en état alcoolique. Les autorités veulent aussi donner la possibilité d’autoriser un automobiliste dont le permis a été suspendu à continuer de conduire, mais à condition qu'il installe à ses frais un éthylomètre anti-démarrage. Cette mesure devrait être effective dès cette année.

La Sécurité routière veut aussi mieux protéger les acheteurs de véhicules d’occasion, ce qui n’est pas un mal au vu des pratiques frauduleuses couramment constatées, parfois à très grande échelle. A cet effet, serait mis à disposition de tout acheteur un historique des réparations importantes intervenues sur le modèle convoité. Un moyen d’empêcher la remise en circulation de véhicules gravement accidentés.

La hausse de la mortalité des piétons inquiète aussi les autorités (559 morts en 2016, en hausse de 19% par rapport à 2015). Il est donc prévu de développer la vidéoverbalisation sans interception pour les automobilistes ne respectant pas les règles de priorité accordées aux piétons, avec des sanctions plus lourdes que celles prévues actuellement.

Haro sur le téléphone au volant!

D’autres mesures devraient entrer en vigueur entre 2019 et 2021. Figure parmi elles la répression de l’usage du téléphone au volant, avec la possibilité de confisquer le permis de conduire en cas d’infraction commise avec le portable tenu à la main.

Quant aux personnes contrôlées en excès de vitesse de plus de 40 km/h et faisant à ce titre l’objet d’une suspension de permis, elles devraient pouvoir continuer à conduire à la condition d’équiper leur véhicule d’un contrôleur électronique de vitesse.

Enfin, les automobilistes disposant de 12 points de permis depuis un certain temps doivent s’attendre à une forme de récompense. Au-delà du caractère un peu infantilisant de la mesure, on retiendra qu’une réflexion a été lancée en ce sens, et pourrait par exemple déboucher dès 2019 par l’octroi de points de permis supplémentaires ou de peines de sursis en cas de petites infractions.

« …Seules sont véritablement efficaces les mesures qui modifient en profondeur le comportement des conducteurs. Je pense au port obligatoire de la ceinture de sécurité en 1973 ; je pense à l'abaissement à 50 km/h de la vitesse en agglomération en 1990, au permis à points en 1992 ou encore au déploiement des radars fixes en 2002 », a précisé hier Edouard Philippe dans son discours. « Tous ceux qui se souviennent de la mise en place de ces mesures savent qu’elles n'ont pas exactement suscité l'enthousiasme au moment où elles ont été prises, loin de là mais 10 ans, 20 ans, 30 ans plus tard, que constate-t-on ? D'abord que ces mesures étaient justifiées en ce qu'elles ont permis une diminution réelle, mesurable, manifeste du nombre de morts et ensuite, passé la réaction initiale, le scepticisme, la mauvaise humeur, parfois la colère, ces nouvelles règles se sont progressivement intégrées. » De toutes les façons, avons-nous vraiment le choix?

 

 

 

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