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Route de nuit - Cinema: l'art de la course-poursuite

Dans Loisirs / TV

Pierre-Olivier Marie

Il faut croire que l’automobile a été inventée pour le cinéma. Simple élément de décor ou véritable héroïne, elle est là, partout, tout le temps. Et a donné naissance à un genre à part entière, celui de la course-poursuite. Voici notre Top 10.

Route de nuit - Cinema: l'art de la course-poursuite

Vous vouliez avoir une nouvelle illustration de la « magie » du cinéma ? Découvrez donc la courte séquence mise en ligne par Netflix, qui montre comment a été tournée la scène de poursuite de « Loin du périphérique », film policier de Louis Leterrier avec Omar Sy, Laurent Lafitte et Izïa Higelin,  qui connaît un immense succès international sur la plate-forme vidéo depuis quelques jours.

Route de nuit - Cinema: l'art de la course-poursuite

Route de nuit - Cinema: l'art de la course-poursuite

 

On y découvre comment des murs de leds à 360° permettent de délivrer un rendu ultra-réaliste, même s’il faudrait compléter ceux-ci de ventilateurs qui permettraient d’ébouriffer davantage les comédiens quand ils sortent la tête de leur véhicule à plus de 100 à l’heure… Beau travail malgré tout !

Bullitt, la référence

Au-delà, de l’œuvre de premier plan au « Nanar » le plus improbable, impossible de répertorier avec précision tous les films dans lesquels l’automobile joue un rôle majeur. Elle a en tout cas  permis de créer un genre à part entière, celui de la course-poursuite, qui constitue souvent le clou du spectacle, LA scène dont le spectateur dont se souvient, l’ingrédient qui peut justifier à lui seul de se rendre au cinéma.

Injection d’adrénaline pure qui permet parfois de compenser quelques faiblesses scénaristiques, elle constitue souvent un véritable morceau de bravoure pour le réalisateur qui cherche - presque - toujours à se distinguer de ce qui a été fait avant lui, l’une des références étant bien sûr Bullit qui, dès 1968, fixait des règles d’une étonnante modernité, tant en matière de rythme - ce qui lui vaudra l’Oscar du meilleur montage en 1968 - que de cadrage, alternant plans larges et serrés. 10 minutes et 53 secondes de virtuosité pure, après lesquelles rien n’a plus été comme avant. Mais qui a aussi forcé les autres réalisateurs à faire preuve de toujours plus de créativité.

Voici donc notre Top 10, forcément subjectif, forcément incomplet. N’hésitez pas à compléter celui-ci dans la section réservée aux commentaires.

La plus tendue

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Drive (Nicholas Winding Refn, 2011)

Les forces en présence : Chevrolet Impala vs. hélicoptère et voitures de police (victoire : Chevrolet)

« Si je conduis pour vous, vous me donnez une heure et un lieu. Je vous donne un créneau de 5 minutes. Pendant ces 5 minutes je ne vous lâche pas. Quoiqu'il arrive. Je n'interviens pas pendant le braquage. Je ne porte pas d'arme. Je conduis». Deux poursuites mémorables émaillent le film, mais avouons une préférence pour la première car plus originale. Ici, ni pneus qui crissent ni excès de vitesse, mais une implacable montée du suspense jusqu’au moment où l’Impala grise est repérée sur un pont par l’hélicoptère des forces de l’ordre. Et là…

 

La plus « Bébel »

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Le casse (Henri Verneuil, 1971)

Les forces en présence : Fiat 124 Special T vs. Opel Rekord (victoire : Opel)

Plus de neuf minutes - vraiment - à fond  les rues d’Athènes, avec Jean-Paul Belmondo pris en chasse par Omar Sharif pour une séquence devenue mythique, entre descente d’escaliers, demi-tours sur voie rapide et slalom entre piétons. Surtout, une excellente publicité pour la Fiat 124 conduite par Bébel (un partenariat liait alors l’acteur au constructeur, qui apparaissait dans presque tous ses films) avec des gros plans sur les compteurs qui laissent à croire que l’auto a des reprises fulgurantes (mythique, ce 110-170 km/h en 4 secondes chrono…) La poursuite s’achève dans un cul-de-sac, alors que la malheureuse berline italienne perd tous ses liquides sur la chaussée. S’approche alors Sharif : « Savez-vous à quelle vitesse vous rouliez ? Vous rouliez à 120. »« Mon pied a dû se coincer sur le champignon, d’habitude je suis un très bon conducteur… » Inratable !

 

La plus « danger public »

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La mémoire dans la peau (Doug Liman, 2002)

Les forces en présence : Austin Mini vs. Citroën ZX, Peugeot 306 et motos BMW de police (victoire : Mini)

Certes, ça fait toujours drôle de voir une voiture prendre à droite en bas des Champs Elysées pour surgir au plan suivant en haut de la Butte Montmartre (on exagère à peine) mais il n’en demeure pas moins que cette poursuite est l’une des plus spectaculaires de ces dernières années. Parmi les morceaux de bravoures, distinguons la descente d’escaliers dont on se demande comment la Mini s’est sortie sans se disloquer après trois marches. Haletant !

 

La plus speed

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Quantum of solace (Marc Forster, 2008)

Les forces en présence : Aston Martin DBS, Alfa Romeo 159, Land Rover Defender (victoire : Aston)

Parmi les nombreuses poursuites en voitures ayant émaillé les aventures de James Bond, celle de l’ouverture de Quantum of solace, sur les routes autour du Lac de Garde, est sans conteste  l’une des plus réussies. Et l’une des plus paradoxales, car le héros est à la fois poursuivi par les « méchants », en Alfa 159, et les carabiniers, en Land Rover Defender. Qui tous finissent dans un ravin, tandis que l’Aston Martin mène notre héros à bon port, bien que salement abîmée. Un progrès toutefois par rapport à Casino Royale, où l’Aston était littéralement pulvérisée après seulement quelques secondes de poursuite.

 

La plus mieux (!)

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Bullit (Peter Yates, 1968)

Les forces en présence : Ford Mustang Fastback vs. Dodge Charger (victoire : Ford)

Une scène de poursuite qui a quasiment inventé le genre, et qui innovait alors par des angles de vue audacieux et l’alternance quasi-hypnotique de plans larges et serrés, notamment en caméra subjective pour des plongées vertigineuses dans les rues de San Francisco. Sur le fond, le spectateur est surpris par le renversement des rôles : Bullit se rend compte qu’il est suivi, et de chassé devient chasseur. La séquence s’achève quand la Dodge fonce dans une station-service qu’elle fait exploser. Excellente bande-son signée Lalo Schiffrin, et Oscar du meilleur montage 1969. Plus que mérité.

 

La plus accidentée

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Ronin (John Frankenheimer, 1998)

Les forces en présence : BMW série 5 vs. Peugeot 406 (victoire Peugeot)

Pas un grand film, certes, mais plusieurs minutes de chasse en plein Paris qui sont restées gravées dans les mémoires grâce à un rythme survitaminé. Du tunnel des Halles à fond de train au périphérique à 180, tous les fantasmes des automobilistes parisiens y passent. Quelques trois cents véhicules ont été utilisés, et l’on n’avait jamais vu autant de tôle froissée depuis les Blues Brothers. Originalité du film, la voiture poursuivie (BMW Série 5) est conduite - avec brio - par une femme, l’actrice britannique Natascha McElhone. A voir !

 

La plus jouissive

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Point limite zéro (Richard C. Sarafian, 1971)

Les forces en présence : Dodge Challenger R/T vs. le reste du monde (victoire : reste du monde)

Un véritable concentré de contre-culture que ce road-movie  méconnu mettant en scène un ex-flic et ancien pilote auto lancé dans une course folle entre Denver et San Francisco, cavale sans issue qui s’achève dans un crash mémorable. Le tout sur  fond de produits illicites, de musique soul et des envolées du V8 de la Dodge Challenger R/T au volant de laquelle le héros échappe à plusieurs pièges tendus sur son chemin. Plusieurs scènes d’action émaillent le film, mais mention spéciale pour la maestria avec laquelle le héros se joue des trois voitures de police lancées à ses trousses dans un paysage désertique… Un must.

 

La plus glamour

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L’or se barre (Peter Collinson, 1969)

Les forces en présence : Mini vs. Alfa Romeo Giulia (victoire Mini)

Soit une bande de gangsters britanniques - en Mini - qui veut s’emparer de l’or du constructeur Fiat. Elle trouve sur sa route la mafia et, accessoirement, les forces de l’ordre - en Alfa Romeo. Ce qui constitue le prétexte à une scène de poursuite restée dans les mémoires avec des Mini qui explorent avec une incroyable maestria le moindre recoin de la ville, jusqu’aux tuyaux géants des égouts qu’elles « surfent » littéralement. Une formidable ballade touristique sur fond musical signé Quincy Jones. Et Benny Hill en guest star, ne l’oublions pas !

 

La plus déjantée

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French connection (William Friedkin, 1971)

Les forces en présence : Pontiac Le Mans vs. métro aérien (victoire : Pontiac)

Les spécialistes du cinéma considèrent que le succès - populaire et professionnel, avec 5 Oscars à la clé - du film doit beaucoup à la poursuite dans les rues de Brooklyn. Rappelons que Popeye Doyle (Gene Hackman) « emprunte » une voiture pour prendre en chasse le métro aérien dans lequel a pris place un tueur, et s’ensuit une poursuite pleine d’adrénaline avec rues à contresens, piétons évités de justesse, carambolages en série et tôle froissée. Bref, tout y passe !  William Friedkin a un jour expliqué qu’il s’était inspiré de la poursuite de Bullit, une référence selon lui, mais qu’il lui était impensable d’opérer dans des rues désertes comme à San Francisco. Il a donc tourné une grande partie de la scène sans disposer de toutes les autorisations nécessaires. « Ce que je ne referais plus aujourd’hui », a-t-il un avoué des années plus tard.

 

La plus mythique & la plus mystique

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Duel (Steven Spielberg, 1971)

Les forces en présence : Plymouth Valiant vs. Peterbilt 281 (victoire : Plymouth)

La course-poursuite la plus longue de l’histoire du cinéma, puisqu’elle s’étale sur la quasi-totalité du film. Tourné avec peu de moyens par un Steven Spielberg alors débutant, et au départ destiné à la télévision, Duel met en scène un représentant de commerce pris en chasse dans le désert de Californie par un camion, ceci sans raison apparente et sans que l’on voie jamais le visage du chauffeur, ce qui ajoute bien sûr à l’angoisse, très savamment dosée pendant 90 minutes. Cinquante ans après, un film qui n’a pas pris une ride.

 

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