Route de nuit - Ah, le bon temps où l’on accessoirisait sa voiture !
Jusqu’au tournant des années 2000, on trouvait beaucoup d’accessoires dans les centres autos pour personnaliser ou améliorer sa voiture, de façon plus ou moins approximative. Ils ne sont plus qu’un lointain souvenir…
Dans les années 90, alors étudiant, je roulais dans une Fiat Uno. Une petite auto que j’appréciais beaucoup. Je me rappelle lui avoir greffé deux accessoires peu visibles, un temporisateur d’éclairage et un thermomètre intérieur m’indiquant la température extérieure. On trouvait alors aisément ces éléments dans les concessions, les centres autos, voire les grandes surfaces.
La nostalgie aidant, j’ai racheté une Uno voici quelques années, même version (SX) que celle que je possédais voici 25 ans. Et j’ai voulu la doter de ces mêmes accessoires. Que je n’ai pas trouvés. Quand j’ai parlé du temporisateur à un jeune vendeur, lui demandant si on pouvait en acheter dans son magasin, il y a ouvert les yeux en grands, se demandant si ça avait un jour existé…
A la fin du 20 siècle, on voyait encore beaucoup de voitures accessoirisées (je ne parle pas de tuning, cet aspect très drôle de l’automobile méritant un dossier à part entière). Bulles apposées sur les portières avant qui empêchaient l’air de tourbillonner dans l’habitacle quand on roulait les fenêtres ouvertes. Baguettes de protection latérales collées à la maison de façon plus ou moins rectiligne. Persiennes sur la lunette arrière (majoritairement sur les GS et CX, pour éviter que leurs passagers arrière ne grillent sous le soleil). Bavettes qu’on fixait derrière les roues pour limiter les projections de boue et de gravillons de façon à retarder l’apparition inéluctable de la rouille. Déflecteurs qu’on clipsait sur les balais d’essuie-glaces pour qu’ils restent plaqués sur le pare-brise à grande vitesse…
Il y avait aussi les appuie-têtes de seconde monte, pour les sièges qui ne pouvaient en recevoir, car dépourvus des fixations ad-hoc, les ventilateurs qu’on vissait sur le tableau de bord, pour se rafraichir l’été, quand la ventilation de la voiture ne suffisait pas, les nappes de billes attachées aux sièges qui, paraît-il, avaient un effet massant…
Par ailleurs, en ce temps-là, le rayon autoradios était autrement plus fourni que maintenant, car les voitures en étaient rarement équipées d’origine, et on trouvait toutes sortes de toits ouvrants à installer soi-même, avant que ce ne soit interdit.
Je pourrais aussi évoquer la moumoute pour recouvrir le volant, la languette qui trainait à l’arrière, sous la voiture, soi-disant pour éliminer l’électricité statique, les avertisseurs « Cucaracha », le bandeau de pare-brise personnalisé, genre « Jean-Claude 82 », les projecteurs additionnels approximativement vissés sur le parechoc, ou encore les monogrammes « turbo » tellement plus valorisants que le « Renault 18 GTL » d’origine…
Pour ma Fiat, j’avais même trouvé un kit d’admission directe K&N, toujours en ma possession, et qui lui donnait une sonorité très rauque, plus que des chevaux supplémentaires…
Tout ceci a été rendu bien inutile par les progrès des voitures. Leur équipement s’est considérablement enrichi, par leur jeu de la concurrence. Songez qu’en 1987, une Peugeot 205 Junior ne disposait ni de montre, ni de totaliseur partiel, ni de bacs de portières, ni de rétroviseur droit, ni d’aérateurs centraux, ni d’allume-cigare remplaçait même ses accoudoirs par des poignées de maintien et ses poignées de maintien par… rien du tout ! Vitres électriques ? Clim ? Direction assistée ? Même pas en rêve ! Des bandes autocollantes sur la carrosserie, des sièges en jean, des enjoliveurs et hop, on avait fait de l’invendable 205 XE un succès commercial. A quoi ça tient…
Comme les temps ont changé ! Toutes les voitures neuves ou presque sont climatisées, donc exit bulles, stores et ventilateurs, elles sont quasi-systématiquement dotées d’une sono d’origine, ce qui limite le choix en seconde monte, alors que les normes antipollution ont rendu les moteurs très difficiles à optimiser pour le simple quidam. La protection anticorrosion a tellement progressé qu’il ne sert à rien de protéger les bas de caisse avec des bavettes
Quant à faire installer un toit ouvrant en après-vente, bon courage ! Plus aucun spécialiste ne propose ce service. Les normes toujours plus contraignantes également ont limité les modifications qu’il est possible d’apporter à son auto, d’autant que l’ajout d’un accessoire peut engendrer un surpoids synonyme d’émissions de CO2 en hausse, et ça, le législateur en a horreur. Du reste, les autos sont devenues si complexes qu’on n’ose plus en ouvrir le capot.
Faut-il le regretter ? Pas forcément. Les bulles s’embuaient souvent, les montages électriques hasardeux provoquaient des incendies, les phares additionnels éblouissaient les autres plus qu’il n’éclairaient, les toits ouvrants fuyaient, les accessoires mal fixés dans l’habitacle devenaient de dangereux projectiles en cas d’accident, l’admission directe K&N faisait dysfonctionner le carbu quand la température tombait sous les 13°C (du vécu !)… En revanche, quelqu’un aurait-il un temporisateur d’éclairage à me céder ?
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